Depuis 1998, au festival de la BD d’Angoulême, des jurés se réunissent pour choisir la meilleure planche de dessins réalisée par des personnes en situation de Handicap. Le concours Hippocampe existe depuis 26 ans.
Présent et fier de faire partie du jury, il y a Tim. À 23 ans, il a été victime d’un cancer du cerveau et en a gardé des séquelles. Ce jeune auteur a intégré une résidence d’auteurs à Lyon. La résidence Lourmel crée cette année. Elle lui permet d’évoluer dans son travail.
“J’ai fait des rencontres professionnelles et puis, j’ai eu des conseils sur mon travail, en particulier sur mes techniques sur la couleur pour être plus efficace”.
Un concours à la renommée internationale
Mireille Malot crée le concours Hippocampe en 1998. Chaque année, ce sont toujours plus de dessins à départager. Cette année,1890 planches de dessins, soit 931 bandes dessinées venues de France et de quelques pays européens, passent entre les mains d’un jury. Le concours est ouvert à tous les types de handicap. Les polyhandicaps, les troubles psychiques, l’autisme, les troubles envahissants du développement, les déficiences sensorielles, intellectuels et moteurs.
En 2006, elle souhaite aller encore plus loin dans la démarche. Avec l’aide de l’Adapei de Charente, elle crée un Esat (Établissement et service d'accompagnement par le travail) d'Arts graphiques à Angoulême.
“Ces jeunes sont passionnés de dessin. Il y avait Fred, il nous a quittés depuis, il travaillait dans un Esat de menuiserie, il faisait du dessin le matin, le midi, le soir, le week-end dès qu’il avait un peu de temps et donc j’ai eu l’idée, un peu folle, de créer un Esat hors les murs”.
Actuellement, six membres de l'ESAT travaillent à l’atelier du Marquis. Un atelier d’auteurs de bandes dessinées à Angoulême. Ces personnes en situation de handicap collaborent avec ces professionnels de la BD. “Est-ce que ça va leur permettre de faire une carrière, je n’en suis pas sûr, mais c’est comme tout un chacun, les auteurs de BD, c’est compliqué, on donne juste un petit coup de pouce” rajoute Mireille Malot.
Des auteurs talentueux
Jonathan Kostenko est l’une des dernières recrues de l’atelier. Il travaille actuellement sur une bande dessinée commandée par l’association Phyto-victimes. Il mesure la chance d’avoir été pris au sein de l’atelier du Marquis. “Il y a des choses que je ne connaissais pas et que j’ai apprises avec le temps. Comme je n’ai pas fait d’études dans le dessin, j’ai dû me débrouiller sur le tas et développer mon style et mes techniques avec le temps, donc je suis arrivé avec quand même pas mal d’expérience, mais je n’avais pas toutes les connaissances pour vraiment comprendre le monde de la bande dessinée”.
Au sein de l’atelier, Marco Giudice joue le rôle de coordinateur de l'ESAT d'Arts graphique d'Angoulême. L’intégration de ces auteurs porteurs de handicap passe d’abord par un stage pour évaluer les capacités d’adaptation et d’interactions des personnes en situation de handicap avec les autres auteurs.
Marco Giudice veille aussi à ce que le travail soit bien compris et correctement réalisé. Il s’agit d’un travail professionnel qui répond à des commandes de clients. Et depuis 20 ans que l’inclusion existe au sein de l’atelier, le bilan est positif : “Tout le monde est réparti dans les pièces, il n’y a pas de différences entre les uns et les autres, les rapports d’ego, il n’y a pas entre nous. Ça fait partie de nos priorités de voir qu’il y a une interaction entre tous et qu’il n’y a pas de différences. Les concernant, ils sont davantage à leur place et ils sont mieux positionnés au niveau créatif”.
Depuis plus de 20 ans, le concours Hippocampe fait bouger les lignes dans le monde du handicap. La créativité est du domaine des artistes, handicapés ou pas. La création doit être rendue plus accessible aux personnes porteuses d’un handicap.