En grande difficulté financière, le club de Soyaux, seul club 100% féminin de l'Élite, lance un appel aux dons pour éviter de déposer le bilan. Déjà rétrogradé en deuxième division, il n'a pour l'instant pas les moyens de présenter un budget pour la prochaine saison.
Sur le site de la cagnotte, le compte à rebours est lancé, et l'enjeu est considérable pour l'ASJ Soyaux. Après des années de difficultés financières, il explique n'avoir pas suffisamment de fonds pour présenter un budget pour la prochaine saison.
Après avoir été reléguées en D2 faute de résultats, les féminines de Soyaux risquent désormais une rétrogradation administrative au niveau régional, soit trois divisions plus bas que l'élite où elles évoluaient depuis 2013.
Pour le directeur du club, Renaud Fabre, contacté par téléphone, si cette rétrogradation était actée, cela marquerait la fin du club. Dans ce cas, trente-deux personnes, parmi lesquelles vingt joueuses, perdraient leur emploi.
Des difficultés financières de longue date
Renaud Fabre estime que les problèmes financiers ont débuté il y a plus de cinq ans, et se sont cumulés. Directeur du club depuis l'automne dernier, il déplore également "une gestion peut-être pas assez rigoureuse." S'il estime que cela a pu changer ces derniers temps, cela ne suffit pas à redresser les finances du club.
On est dans une situation très compliquée, on est au bord de la disparition.
Renaud FabreDirecteur de l'ASJ Soyaux
Le président du club, Benoît Le Tapissier, a décidé de se désengager à la fin de cette saison, et le club cherche toujours un repreneur, mais aussi des sponsors et des aides des collectivités locales.
"La billetterie ne rapporte pas assez", constate Renaud Fabre, alors que le stade accueille entre 500 et 1 200 personnes à chaque match. "On n'a pas assez travaillé pour remplir notre stade. Il faudrait plus de public, plus de partenaires, plus de sponsors."
Dans ce contexte, l'ASJ Soyaux lance un appel aux dons, dont l'échéance est le trois juillet prochain. À partir de là, en fonction de la somme récoltée, le club pourra tenter de constituer un budget à présenter à la Direction nationale du contrôle de gestion (DNCG) qui contrôle les comptes des clubs, et attaquer la prochaine saison en tant qu'équipe professionnelle.
En 2023, on devrait avoir une égalité parfaite, on en est loin.
Renaud FabreDirecteur de l'ASJ Soyaux
Sauver le dernier club 100 % féminin de l'élite
Outre les difficultés structurelles de son club, Renaud Fabre fustige les inégalités qui perdurent entre les clubs féminins et masculins. L'ASJ Soyaux est le dernier club 100% féminin de l'élite, et de fait, contrairement à la plupart des équipes qui évoluent en première division, il ne peut s'appuyer sur un effectif masculin, traditionnellement plus rentable : "On ne peut pas s'appuyer sur une section garçons, on n'en a pas, il faut qu'on fasse tout tout seul."
Alors que le club charentais est très investi dans une quête d'égalité entre les hommes et les femmes, et dans l'émancipation par le sport, Renaud Fabre se désole des inégalités de traitement qui perdurent dans le football. "Comme tous les clubs 100 % féminins, on est sans arrêt en train d'en faire deux, trois, dix fois plus que les clubs masculins."