Gaza. L'inquiètude d'une association de soutien aux Palestiniens qui essaie de maintenir le lien sur place

Les nouvelles sont chaque semaine plus alarmantes lorsqu'elle les reçoit. À Angoulême, l'association Charente Palestine a noué des liens avec des habitants de Gaza depuis de nombreuses années et l'inquiétude grandit.

"Le drame qu'on vit en ce moment est le pire de tous ceux que l'on a vécus" raconte Isabelle Fouquay, secrétaire de Charente Palestine.

Jeudi dernier, le 29 février, l'armée israélienne a ouvert le feu sur la foule rassemblée pour une distribution d'aide humanitaire  à Gaza, une fusillade qui a coûté la vie à plus de 110 Palestiniens selon le Hamas. Des hommes, des femmes et des enfants affamés par le blocus de Gaza depuis bientôt cinq mois.

Ces enfants vont grandir et n'auront jamais confiance en personne puisque personne n'intervient.

Isabelle Fouquay

secrétaire de Charente Palestine

Ce nouvel épisode sanglant dans la guerre menée par Israël contre le Hamas, depuis le massacre perpétré le 7 octobre dernier, ne fait qu'accroître l'inquiétude d'Isabelle Fouquay : "Qu'est-ce qui un jour va réparer ça ? On ampute des enfants sans anesthésie, à même le sol. Ces enfants vont grandir et n'auront jamais confiance en personne, puisque personne n'intervient. Je suis extrêmement inquiète pour Gaza aujourd'hui, et pour les 20 prochaines années. Que vont faire ces enfants quand ils deviendront des adultes ? Ils vont chercher la vengeance à leur tour" déplore-t-elle.

À Angoulême, l'association Charente Palestine, qui existe depuis 2005, organise des actions de sensibilisation une à deux fois par semaine depuis le mois d'octobre. Ils étaient une centaine à défiler ce 2 mars. "L'association compte aujourd'hui presque 500 sympathisants. La situation actuelle a généré un grand élan de solidarité" constate Isabelle Fouquay.

Des nouvelles de Gaza toutes les semaines

Isabelle Fouquay s'est rendue pour la première fois en Cisjordanie en 1983, et de nombreuses fois depuis."On y a des amis, on a tissé des liens très forts, on devait y retourner en octobre" raconte-t-elle.

Parmi ces amis, le poète et professeur de français à l'université de Gaza nord Ziad Medoukh. "On l'avait reçu en 2014. Il est toujours à Gaza, on est en contact avec lui, il nous envoie des synthèses de la situation toutes les semaines. Il a perdu cinq membres de sa famille dans les bombardements israéliens au mois de novembre."

Ziad Medoukh est le seul palestinien francophone qui a publié 13 livres et recueils de poésie en français. Il est aussi fondateur du Centre de la paix de l'université Al-Aqsa de Gaza.

Sur les dernières photos, on le reconnaît à peine. Il a énormément maigri, son visage a vieilli. On voit tout ce qu'il a vécu.

Isabelle Fouquay

secrétaire de Charente Palestine

Croyez-moi : ma détermination, mon courage, ma résilience, ma patience, et mon optimisme n’arrivent pas à dépasser ma détresse totale.

Ziad Medoukh

Poète et professeur de français à l'université de Gaza

"Je n'ai pas de haine", écrit Ziad Medoukh. Chacun de ses messages est un cri d'amour à Gaza, et un appel à l'aide qu'il signe : "Amitiés palestiniennes de Gaza qui n’est plus Gaza. Et de Ziad qui n’est plus Ziad.". Un message de paix, relayé par l'union juive française pour la paix.

Les juifs anticolonialistes malmenés en Israël

"Il y a des personnes de bonne volonté dans les deux camps" rappelle Isabelle Fouquay, membre à la fois de Charente Palestine et de l'union juive française pour la paix. Régulièrement en contact avec des juifs israéliens anticolonialistes, elle dénonce "la vie exécrable qui est réservée à ceux qui réclament le cessez-le-feu".
Selon les témoignages qu'elle a recueillis, aujourd'hui en Israël, poster un message "assez d'enfants morts" peut suffire à se voir appliquer le système de détention administrative jusque-là réservé aux Palestiniens : un maintien en détention sans inculpation ni jugement, pour une durée inconnue et renouvelable indéfiniment.

L'aide à la population n'arrive pas suffisamment, ce qui inquiète les associations mobilisées. Infatigablement, à Poitiers aussi, comme chaque samedi, Sylvette Rougier et les sympathisants de Poitiers Palestine se sont rassemblés sur la place d'Armes à en ce 2 mars : "On est là pour dire notre soutien à la Palestine, et pour demander au gouvernement d'intervenir pour obtenir un cessez-le-feu. L'aide humanitaire ne pourra jamais être distribuée tant que les combats se poursuivent" déclare-t-elle.

Le maigre espoir qui demeure aujourd'hui à Gaza réside dans les négociations en cours pour une trêve pendant la période du ramadan, qui commence dans une semaine.

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