À Mouthiers-sur-Boëme, au sud d'Angoulême (Charente), un couple de trufficulteurs a porté plainte. Son exploitation a été saccagée par des voleurs.
De la terre grattée au pied des chênes et des trous. Beaucoup de trous. "Ils ont tapé au hasard avec une pioche, un peu partout. Et tout ça, pour quoi ? Pas grand chose." Serge et Anne-Marie Gros en ont gros sur le cœur. Leur truffière autrefois si soignée à Mouthiers-sur-Boëme (Charente) a été saccagée. Méticuleusement.
Au pied de presque chacun des 300 arbres, les voleurs ont laissé des traces de leur passage. "Ils sont venus avec des outils, c'est sûr" se désole Serge, "j'ai retrouvé un cultivateur à trois griffes, ça leur a sans doute servi à trier." Dans leur précipitation, ils ont parfois abimé ce qu'ils étaient venus chercher. "On a retrouvé des morceaux, ça veut dire que les truffes sont invendables, ou alors moitié prix."
Le couple a découvert le carnage dimanche, et depuis il ne décolère pas. "C'est notre passion depuis une vingtaine d'années" explique Anne-Marie, la voix pleine d'émotion. "On les a plantés ces arbres, on aime les voir pousser, on les taille, et voilà le résultat."
Car le ou les voleurs ne se sont pas contentés de se servir, ils ont aussi fait des dégâts sur les arbres. Certains sont irrémédiables, comme lorsque la racine où pousse le précieux diamant noir a été coupée. "Là, y aura plus de truffe, elle est morte" peste Serge, "c'est catastrophique". Il espère sauver les moins gravement atteints.
Petit pactole
Son épouse et lui ont déposé plainte auprès de la gendarmerie de Blanzac. L'enquête est en cours mais ils ont peu d'espoir. Les braconniers ont agi de nuit. Leur butin ? "Un ou deux kilos maximum" assure Serge Gros. Au cours actuel de revente, entre 700 et 1.000 euros le kilo suivant la qualité, cela fait tout de même un joli petit pactole.
Les fêtes sont la période de tous les dangers pour les producteurs. Les vols ne sont pas rares, même si en Charente, "cela s'est nettement calmé depuis 3 ans" tempère Damien Martineau, de l'Association interprofessionnelle de la trufficulture en Nouvelle-Aquitaine (AITNA). "Notre président Régis Mesnier a demandé à la gendarmerie de faire le ménage. Il y a eu pas mal d'interpellations et aujourd'hui, il n'y a plus de vols à notre connaissance." Plus de vols déclarés en tout cas.
Car la truffe est un monde assez secret. Beaucoup de producteurs préfèrent rester discrets sur leur activité et le lieu où ils l'exercent pour se protéger des larcins. Certains appliquent la même réserve lorsqu'ils sont victimes d'un pillage. "Déclarer un vol cela veut dire faire venir la gendarmerie, expertiser la truffière et s'expliquer sur les revenus qu'elle génère" analyse Damien Martineau.
Aux quelque 250 trufficulteurs charentais, l'AITNA recommande d'être particulièrement vigilants à l'approche de Noël. Elle préconise de clôturer les parcelles voire de mettre en place de la vidéo-surveillance.