Une suite pour "L'Arabe du futur", prix du meilleur album à Angoulême en 2015

Riad Sattouf revient sur son enfance syrienne dans les années 80 dans un deuxième tome de sa BD "L'Arabe du futur" encensée par la critique et primée à Angoulême.

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Une institutrice portant hijab et jupe serrée très courte, chaussée de talons aiguilles, faisant régner la terreur dans sa classe: ce fut la première vision que Riad Sattouf, auteur de "L'Arabe du futur", eut de l'école en Syrie au milieu des années 80.
"A l'époque, ça me semblait normal et d'ailleurs, avant que les gens réagissent en découvrant mon histoire, je trouvais ça à peu près normal", raconte le dessinateur et scénariste.

Le deuxième tome de "L'Arabe du futur" (Allary Editions) où il raconte avec candeur son enfance syrienne vient de sortir en librairie. Le premier opus a connu un succès "incroyable": 200.000 exemplaires vendus, prix du meilleur album au festival de BD d'Angoulême l'an dernier, traduit dans 14 langues.

L'idée de raconter cette enfance en Syrie sous le règne de Hafez al-Assad remonte au début de la guerre civile dans ce pays. "Au commencement de la guerre civile en Syrie, en 2011, j'ai aidé une partie de ma famille à quitter la ville de Homs pour venir en France. Ce fut très facile d'obtenir les papiers nécessaires pour quitter le pays mais en France, ce fut vraiment très, très compliqué", se souvient Riad Sattouf, attablé dans un café parisien non loin de son domicile.

"Ceux qui disent qu'on entre trop facilement en France, c'est faux!", insiste-t-il. "Pour raconter cette chose-là, il fallait que je raconte l'histoire dès le début", c'est-à-dire cette enfance en Libye puis en Syrie, pays d'origine de son père, intellectuel laïc obsédé par le panarabisme, marié à une Bretonne.

Auteur de nombreuses séries comme la "Vie secrète des jeunes" ou encore "Pascal Brutal", acteur, scénariste et réalisateur de films comme "Les beaux gosses" ou "Jacky au royaume des filles", Riad Sattouf, le visage pâle mangé par une fine barbe brune, reconnaît avoir eu quelques difficultés à s'emparer de son sujet.

"Je me suis demandé comment raconter l'histoire de ma famille sans blesser personne. J'ai cherché le bon ton et le bon angle pour aborder le sujet", dit-il.

Enfant aux boucles blondes

Dans le premier tome de cette saga familiale, Riad Sattouf, 37 ans, racontait la rencontre à Paris entre ses parents, leur départ dans la Libye du colonel Mouammar Kadhafi puis l'arrivée en Syrie. Dans le second tome, le jeune Riad, boucles blondes comme sa mère, a 6 ans et s'apprête à rentrer à l'école.

La rigueur du système éducatif syrien, racontée à hauteur d'enfant, constitue un choc. L'institutrice cruelle qui frappe les élèves étourdis avec son lourd bâton sera remplacé par un maître taiseux et tout aussi sévère qui frappe les écoliers dans le dos par surprise, les soulève par les cheveux avant de les jeter sur leur banc. "Ce type nous effrayait vraiment", se souvient Sattouf.

L'apprentissage de l'arabe -une des seules joies du jeune élève- n'efface pas la misère du quotidien. Les enfants n'ont aucun sanitaire à leur disposition et sont contraints de se soulager dans la cour. Ceux qui s'oublient sont évidemment punis.

Riad Sattouf promet deux autres volumes pour compléter la série mais refuse catégoriquement d'en dévoiler la trame. "Je ne veux pas spoiler", dit-il dans un sourire éclairant son visage. Tout juste consent-il à dire que sa mère, très effacée dans l'histoire en cours et sans doute la plus affectée par la pénurie généralisée qui frappait alors la Syrie, va être "davantage présente" dans la suite.

Ce volume évoque également Palmyre, la cité antique au nord-est de Damas, qui a été récemment conquise par le groupe Etat islamique (EI) et où, enfant, Riad Sattouf a passé Noël. On le voit ramasser, au grand dam de son père, des morceaux de poteries gisant sur le sol.

Du conflit d'aujourd'hui, il ne tient pas à parler mais ne peut s'empêcher de s'étonner que "le sort des vieilles pierres émeuve plus que le sort des gens qui se font tuer".
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