Le documentaire de Sébastien Lifshitz suit pendant cinq ans deux brivistes, Anaïs et Emma, des amies inséparables, de leurs 13 ans à leur majorité.
Le documentaire a fait mouche auprès du jury présidé par Gilles Jacob. "Le film est une merveille de justesse et de sensibilité par un des plus grands documentaristes contemporains. Sébastien Lifshitz a montré aujourd'hui les territoires français comme peu de gens l'ont montré. Il rejoint Raymond Depardon ou Nicolas Philibert qui sont des grands documentaristes français aussi."
C’est en Corrèze, à Brive-la-Gaillarde que le réalisateur a suivi pendant cinq ans, l’adolescence d’Anaïs et Emma. Il s’est immiscé dans la vie de ces deux jeunes filles, de la 4ième à l’entrée dans l’âge adulte, montrant tous les moments de leur vie quotidienne, avec leurs amis, leurs parents et les instants les plus forts : leurs anniversaires, les résultats d'examens. "Sébastien venait à peu près 30 jours par an, avec 2 ou 3 jours tous les mois ou tous les deux mois, détaille Anaïs. Parfois, ce n'était pas du tout prévu qu'il vienne, mais il se passait un truc particulier dans nos vies, du coup il disait 'Bon, demain je suis à Brive'."
Deux brivistes dans l’intimité
Les caméras de Sébastien Lifshitz se sont invitées dans l'intimité d'Emma et Anaïs, au point qu'elles n'y faisaient presque plus attention. Dans ce documentaire, on les voit se disputer entre elles ou avec leurs parents, mais aussi parler de leurs corps qui changent, de leurs premières fois... Des choses qu'on ne partage pas sur grand écran habituellement.
Avec ce film, Sébastien Lifshitz parle des adolescents de notre époque. Ceux qui ont toujours connus les smartphones et les réseaux sociaux et ceux qui ont vécu les attentats de 2015 à un très jeune âge.
A présent, Emma est en fac de cinéma - "Je ne me vois pas faire autre chose", confie-t-elle - et Anaïs s'apprête à terminer sa formation d'aide-soignante. Elles souhaitent faire passer un message aux adolescents d'aujourd'hui, un conseil pour traverser cette période pas toujours simple : "Il ne faut pas avoir peur d'affirmer ce que l'on veut ce que l'on ressent auprès de sa famille, et surtout auprès de ses parents."
Le prix Louis-Delluc, l’équivalent du Goncourt pour le cinéma
Le Prix Louis-Delluc, du nom d'un réalisateur et critique du début du XXe siècle, récompense le meilleur film français de l'année. L'an dernier, il avait été attribué à "Jeanne" de Bruno Dumont, revisitant la figure de Jeanne d'Arc, avec Lise Leplat Prudhomme et Fabrice Luchini.
Cette année, composé d'une vingtaine de critiques et de personnalités, sous la présidence de l'ancien président du Festival de Cannes, le jury a récompensé deux films : "Josep", du dessinateur de presse Aurel, un film d'animation sur un combattant anti-franquiste et "Adolescentes".
Sébastien Lifshitz, le réalisateur de ce dernier juge ce prix "très honorifique"pour un documentaire "placé ainsi au même titre qu'une fiction dans le Panthéon du cinéma». Il explique que ce tournage qui a duré plusieurs années représente « un bout de sa vie, une aventure humaine".