Des agriculteurs en colère "kidnappent" un radar : "On veut empêcher l’État d’appliquer ses lois routières tant que la loi Egalim n'est pas appliquée"

Dans la continuité du mouvement agricole, les Jeunes Agriculteurs et la FDSEA ont mené ce vendredi 20 décembre une action symbolique en Corrèze. Les manifestants ont enlevé un radar de chantier, près de Malemort, pour le déposer devant le centre commercial Carrefour, pour transmettre le message suivant : "il faut surveiller l'origine des produits et les marges de la grande distribution".

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"Pas de PV tant que la loi Egalim n'est pas respectée". C’est ce que ce "kidnapping" de radar insinue. Mais pour faire passer le message, les agriculteurs des deux syndicats ont dû procéder à cette opération délicate sur la D1089 à la sortie de Malemort, en direction de Tulle... Car il a fallu enlever ce radar avec douceur.

 

Il faut se caler sous le châssis dessous, ça va aller, ça va bien se passer

Antoine Brousse

Président des Jeunes Agriculteurs 19

En cas de dégradation de cet outil de contrôle routier, ces agriculteurs encourent 75 000 euros d’amende et cinq ans d'emprisonnement.

Pour certains, la peine n’est pas dissuasive.

 

Ils savent qu’on a raison de le faire, donc ils ne viendront pas nous chercher.

Antoine Brousse

Président des Jeunes Agriculteurs 19

 

 

Un enlèvement symbolique 

Car cet enlèvement se veut avant tout symbolique : "On veut empêcher l’État d’appliquer leurs lois routières tant que la nôtre, qui nous permettrait d’être rémunérés, n’est justement pas appliquée." 

Escorté par les forces de l'ordre à travers le centre-ville de Brive, le radar est finalement déposé juste devant l'entrée du centre commercial Carrefour sous les yeux des clients. Tous ne voient pas l’opération symbolique des agriculteurs du même œil…

 

Au moins, celui-là ne me mettra pas une amende. Je les soutiens, oui.

Marie-France Tudziarz

Cliente du centre commercial

 

Si moi j’avais volé un radar, je ne pense pas que la Police m’aurait accompagné jusque-là… Qu’ils manifestent tant qu’ils veulent, du moment qu’ils ne démolissent pas tout…

Guy

Client du centre commercial

 

La grande distribution sous surveillance

L’origine des produits et les marges de la grande distribution sont dans le viseur des agriculteurs. Mais ils ont également peu apprécié les déclarations du PDG de cette enseigne, Alexandre Bompard. "L’idée, c’est de mettre Carrefour sous surveillance, vis-à-vis du respect de nos coûts de production, et aussi des produits importés, notamment du Mercosur", détaille Pierre Cazes, un éleveur bovin.

Dans les rayons du supermarché, l’un des agriculteurs scrute l’étiquette d’un morceau de viande sous vide : "Parfois, c’est marqué ‘Français’ devant, et quand on regarde derrière, on se rend compte que ce n’est pas du tout le cas."

Ce coup de force mené par la FDSEA et les Jeunes Agriculteurs de la Corrèze s'est achevé sans réel dialogue avec les responsables de l'enseigne. 

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