"Plus de Corrèze dans les assiettes des collégiens". Le slogan de la chambre d'agriculture répond aux attentes des agriculteurs, et aux préconisations de la loi Egalim encore peu appliquée. Des négociations sont en cours avec le département pour signer des conventions avec des producteurs locaux. Au collège Eugène Freyssinet d'Objat, le chef cuisinier a pris de l'avance.
"Le bœuf vient de la ferme du Roseix à quelques kilomètres d'ici, c'est Madame Delbos qui nous l'a livré mardi. Les oignons et les pommes de terre viennent de chez David à Saint-Cyr-la-Roche. Les oranges, les citrons et les avocats, malheureusement, on est obligé d'aller les chercher un petit peu plus loin." Fils d'agriculteur, le chef de cuisine du collège Eugène Freyssinet d'Objat se fournit autant que possible auprès de producteurs locaux.
Pour la saveur et la qualité des produits, par souci d'écologie aussi : "La tomate elle a quand même un autre goût quand elle vient de chez les voisins ! Et puis il y a un impact carbone, elle ne vient pas en avion" souligne-t-il.
Grâce à l'engagement de Jean-Michel Margerit, le collège d'Objat propose à ses élèves des repas composés de 35% de produits locaux. C'est de très loin la proportion la plus importante par rapport aux autres établissements du département. Le chef, lui, aimerait faire encore mieux, mais il reste soumis à une contrainte financière : "Je ne suis pas magicien, j'ai une moyenne de 2€10 par repas, alors je suis obligé d'en prendre ici, mais je suis aussi obligé d'en prendre ailleurs qui ne coûte pas cher"explique-t-il.
Une forme d'éducation
Chaque année, Marie-Noëlle Delbos vend la viande de deux ou trois de ses vaches à la restauration collective. Pour le bœuf bourguignon des collégiens d'Objat par exemple. "C'est une forme d'éducation pour moi. Mes enfants maintenant, ils me disent : merci, tu nous as appris à bien manger. Pourquoi pas faire pareil avec les petits des diverses écoles de la région", se réjouit-elle.
Pour l'éleveuse, la restauration collective est un marché intéressant pour l'économie de sa ferme, à condition d'optimiser ses coûts, car les prix sont serrés. "Le collège d'Objat, il n'est pas loin, les grosses quantités c'est bien, mais pour les petites cantines, j'essaie de grouper mes livraisons pour limiter les frais", explique-t-elle.
Un modèle en développement
Pour mettre en lien restauration collective et producteurs corréziens et passer commande, la chambre d'agriculture a créé le site Mangeons 19.
Et pour développer ce modèle à grande échelle, des négociations sont en cours avec le conseil départemental (à qui incombe la gestion de la restauration scolaire des collèges publics). Viandes, légumes, fruits, les producteurs locaux se disent prêts à fournir les volumes nécessaires aux 21 établissements, mais pour démarrer les cultures, il leur faut l'assurance de commandes fermes.
"Aujourd'hui, on peut lancer la production en disant, on fait dix ha de pommes de terre, mais ce qui nous bloque, c'est qui va acheter ces 10 ha de pommes de terre. Donc le pari c'est de dire, on a des collectivités qui s'engagent, qui formalisent leurs engagements, et nous, chambre d'agriculture, on va accompagner ces producteurs", précise Agnès Bertrand-Lafeuille, responsable du pôle restauration collective à la Chambre d'agriculture de la Corrèze.
Le reportage de Julie Radenac et Tania Gomès :
L'idéal serait que ces négociations se concrétisent assez vite pour que les collégiens de Corrèze puissent tous se régaler de bœuf, de pommes de terre et de pommes corréziens dès la rentrée prochaine.