Dans le cadre de notre série "Paroles d'ancien", Jean-Paul Escande, célèbre dermatologue originaire de Corrèze, revient sur sa longue carrière, qu'il refuse d'achever. Le médecin a récemment repris du service à Brive.
Après avoir exercé pendant 37 ans à l'hôpital Cochin à Paris, Jean-Paul Escande est de retour à Brive, la ville où il est né, il y a 83 ans.
Ce célèbre dermatologue est connu notamment pour avoir été le premier médecin confronté à un cas de Sida en France. C'était en 1981. "Fin septembre, début octobre, on a vu arriver un jeune malade qui venait de Djibouti. Il était cuisinier, avait des plaques rouges sur le visage et des infections. A cette époque, on ne demandait pas comme ça si le patient était homosexuel. On s'en est aperçu petit à petit", raconte-t-il.
Un dermatologue très médiatique
Jean-Paul Escande est alors aux premières loges de l’épidémie. Entre 1983 et 1995, le Sida tue 30.000 personnes en France. Le dermatologue voit la paranoïa gagner la société française. Il est régulièrement invité à la télévision pour faire de la prévention et démystifier cette maladie encore méconnue : "Jusqu’à ce qu’on ait la trithérapie, tout le monde mourrait, c’était affreux. Mais les malades étaient courageux… Depuis, il y a des plaisanteries que je supporte plus", avoue-t-il.
Le médecin se souvient d'avoir dû faire de la pédagogie par l'image à la télévision : "J'ai pris un tube de sang qu'on venait de prélever à un malade infecté et je l'ai versé sur ma main. J'ai dit : Vous voyez, je n'ai pas de plaie, je ne risque rien. N'ayez pas peur !"
Surtout pas de politique !
Très médiatisé dans les années 1980, Jean-Paul Escande a été plusieurs fois sollicité pour une carrière politique, qu'il a toujours refusée : "Le seul poste que je regrette, c'est quand Simone Veil m'a demandé d'être à son cabinet. Mais mon grand-père a été maire de Brive, et mon père m'a toujours dit de ne pas me mêler de ces choses-là..."
Jean-Paul Escande est donc resté fidèle à la médecine toute sa vie. Et même aujourd'hui, il exerce encore. En 2019, à l'âge de 80 ans, il a repris du service en ouvrant une consultation de dermatologie dans une clinique de Brive, la ville où il est né. La retraite, ce n'était pas pour lui... "Il n'y a rien de plus emmerdant ! J'étais bien président de deux associations, mais ça ne remplissait pas ma vie !"