En ce 8 mai, qui commémore la victoire des Alliés contre l’Allemagne nazie en 1945, il y a des noms qu’il est bon de rappeler. Celui de Thérèse Menot en fait partie. Cette Corrézienne, survivante du camp de concentration de Ravensbrück, n’a eu de cesse de lutter contre l’oubli et le négationnisme.
C’était en mai 2009, quelques mois avant sa mort, Thérèse Menot recevait une équipe de journalistes de France 3. Dans ses mains, elle tenait la « robe » rayée, caractéristique des déportées, qu’elle avait portée pendant 17 mois au camp de Ravensbrück, en Allemagne. Cette tenue, aujourd’hui exposée au musée de la Résistance de Limoges, Thérèse Menot en connaissait encore par cœur le matricule : « Il fallait savoir dire son numéro en allemand. Je peux vous dire que nos camarades n’étaient pas très douées pour l’allemand et quand elles ne comprenaient pas, elles recevaient des coups ».
Prisonnière à Ravensbrück
Thérèse Menot était née en 1923 à Cosnac, en Corrèze. Lors de l’occupation, alors qu’elle n’a qu’une vingtaine d’années, elle entre en résistance aux côtés de son père. Elle participe à des petits actes de sabotage et de renseignement. Mais en janvier 1944, elle est dénoncée. Arrêtée, elle est déportée à Ravensbrück. Dans le camp de concentration, les femmes sont condamnées à travailler dans des conditions effroyables.
Il y avait un commando de vieilles femmes qui tricotaient toute la journée, de nuit, de jour. Et quand elles étaient épuisées, elles allaient directement à la chambre à gaz et au four crématoire.
Thérèse Menot
Les autres prisonnières plus jeunes, comme Thérèse Menot, se retrouvent à effectuer des travaux de terrassement, à l’aide de pelles et de pioches. « Il y avait tout : le travail épuisant, le froid, la faim. C’était vraiment terrible. Les appels interminables, les corvées du camp qu’il fallait faire en plus et ces SS qui avaient été élevés comme des brutes».
Combattante infatigable du négationnisme
Libérée en 1945, Thérèse Menot mettra plus de trente ans avant de pouvoir raconter l’enfer qu’elle avait vécu en Allemagne.
Quand j’ai vu les négationnistes et qu’il y avait des Nazis qui relevaient la tête en Allemagne, tous ces gens qui disaient que ça n’avait pas existé. Alors là, on s’est mis au boulot.
Thérèse Menot
Dès lors, pendant des décennies et jusqu’à la fin de sa vie, Thérèse Menot n’a eu de cesse de raconter l’Histoire. Notamment auprès des jeunes, dans les collèges et les lycées. Témoin infatigable, elle est même retournée plusieurs fois à Ravensbruck.
Lorsqu’on a un témoin dans un lieu qui ne dit plus forcément grand-chose, parce que tous les lieux de mémoire évoluent y compris les lieux de la déportation, et bien ce témoignage est irremplaçable.
Pascal PlasHistorien spécialiste de la Seconde Guerre mondiale
Thérèse Menot est décédée en 2009. Aujourd’hui, plusieurs de lieux portent le nom de cette Corrézienne. Mais c’est bien sa voix, enregistrée à plusieurs reprises, qui marque la mémoire lorsqu’elle raconte : « Nous les survivantes, on l’a promis à nos camarades lorsqu’il y avait la sélection et qu’elles partaient pour la chambre à gaz et le four crématoire. Elles nous criaient toujours « tu leur diras, tu leur diras. Il faudra le dire et il faudra que ça se sache!».