Malgré un investissement de 300 000 euros et neuf mois de travaux, le vivier de l'abbaye d'Aubazine n'est toujours pas étanche. Une quinzaine de fuites ont été détectées. C'est la consternation auprès des membres de l'association pour la sauvegarde de l'abbaye, classée monument historique, qui ont passé deux ans à collecter les fonds.
310 000 euros de factures et neuf mois de travaux pour presque rien. C'est la consternation auprès des membres de l'association pour la sauvegarde de l'abbaye d'Aubazine (ASABBAU), créée en 2020 pour aider à financer les travaux de rénovation du vivier de l'abbaye, qui tombait en ruine.
Pendant deux ans, ils avaient mené un travail de longue haleine pour collecter les fonds nécessaires à la restauration du vivier. Fondation du patrimoine, mission Stéphane Bern, subventions nationales, régionales, départementales... Au total, 310 000 euros avaient été rassemblés et les travaux avaient commencé en avril 2022, pour s'achever en décembre 2022.
Neuf mois de travaux n'ont pas suffi à étanchéifier l'ouvrage
Mais alors que l'eau du canal des moines se déverse en abondance, les bénévoles remarquent que l'ouvrage datant du XIIe siècle ne se remplit pas suffisamment. Force est de constater que les travaux d'étanchéité sont un fiasco.
« Il manque un bon tiers d'eau, je pense. Je n'ai pas de mots assez forts pour exprimer notre tristesse. On a obtenu des subventions importantes de l'Etat, de la région, du département, on était lauréat de la mission Bern, ce qui n'est pas rien. Et tout ça, pour faire plouf ! Tout l'argent qui nous a été versé est épuisé puisqu'il nous a fallu payer les factures. Si on doit refaire quelque chose, on ne peut pas, on ne sait pas comment faire », explique Christine Guittonneau, présidente de l'association.
Pour Sœur Christophora, mère supérieure du couvent et unique habitante de l'abbaye, qui relève de l'Eglise grecque melkite catholique, c'est la déception : « Je m'étonne un peu que, dans notre XXIᵉ siècle, on ne peut pas faire, au moins, autant que ce que nos moines ont su faire au XIIème siècle. On devait, il me semble, même pouvoir faire mieux. »
Une quinzaine de fuites détectées
Pourtant, plus de 56 tonnes d'argile avaient été déversées pour tenter d'imperméabiliser l'ouvrage, sans compter les joints restaurés avec un mortier à la chaux aérienne, une recette antique héritée des Romains. Las, les bénévoles ont fait appel à un spécialiste de la détection de fuite.
« Là où il y a la flèche blanche, il s'est arrêté. Moi j'étais à côté et j'entendais le glou-glou de l'eau, alors que je n'avais pas de casque, contrairement à lui. Donc le débit était assez fort. Puis il continuait son chemin, et puis tout d'un coup, il s'arrêtait brutalement et de nouveau on entendait beaucoup le bruit de l'eau. Et il a fait ça plus d'une quinzaine de fois donc cela signifie qu'il y a au moins une quinzaine de fuites ! », raconte Mme Guittonneau.
Que faire ? Les regards se tournent désormais vers l'architecte des monuments historiques, le maître d'œuvre de ce chantier, qui n'a pas répondu à nos sollicitations.
Fondée en 1142 et affiliée à l’ordre cistercien en 1147, l'abbaye d'Aubazine est classée monument historique depuis 1988. Le vivier avait été édifié au XIIᵉ siècle, en même temps que le canal des moines pour l'alimenter. Comme les moines devaient vivre de leur travail, ils se nourrissaient des poissons qu'ils élevaient dans le vivier.