La partie sud du département de la Corrèze est toujours classée en état de crise sécheresse en ce début septembre 2023. Des mesures de restriction d'eau renforcées continuent à être en vigueur, obligeant certains maraîchers à demander une dérogation pour continuer leur activité. Les jardiniers amateurs, eux, s'adaptent.
Les fortes chaleurs et l'absence de pluie accentuent l'état de sécheresse des cours d'eau en Corrèze, où la partie sud du département est classée en état de crise par la préfecture. Des mesures de restriction d'eau renforcées ont été prises dans cette zone dès le 25 août 2023 et elles sont toujours en vigueur début septembre, susceptibles d'évoluer chaque semaine en fonction de la situation météorologique.
Ces mesures obligent certains maraîchers à demander une dérogation pour continuer leur activité, c'est le cas de Thierry Massalve, qui cultive des fraises à Puy d'Arnac. Dans le local technique de sa serre, il peut maintenir ouvert son système d’irrigation : "J’ai reçu une dérogation de la DDT [Direction Départementale des Territoires] qui me permet d'irriguer malgré l'arrêté avec des volumes limités", explique-t-il. Cela lui permet d'arroser ses 15 000 pieds de fraises Charlotte et Mariguette, une pratique indispensable alors que le thermomètre indique 40°C sous serre.
Je vais sauver entre 5 et 10% de ma récolte, grosso modo, et c’est important de la sauver parce qu'on est en fin de saison. Nos plants sont plus ou moins amortis et le revenu ne se fait pas le jour où on plante le fraisier : c'est à la fin de la saison qu'on compte.
Thierry Massalve, maraîcher en Corrèze
Mais les situations varient en fonction des productions. Dans la noyeraie de son voisin, les fruits seront mûrs dans moins d’un mois mais les restrictions d’eau vont détruire une partie des récoltes. "On ne peut pas irriguer malgré le régime des dérogations, détaille Thierry Massalve, car les vergers de plus de trois ans ne sont pas soumis à ce régime-là : ça va provoquer sûrement une perte de rendement, sur la qualité du fruit et donc du revenu de l’agriculteur"
Les particuliers s'adaptent en fonction des situations
Pour les particuliers, la situation dépend du lieu de résidence. En effet, les jardiniers amateurs vivant dans la zone en rouge sur la carte ne sont pas concernés par les restrictions d'eau s'ils vivent dans les 38 communes qui bénéficient d'un système particulier de pompage de l'eau dans la Dordogne. Installée à Nonards, l'usine est gérée par Bellovic, le syndicat des eaux du sud de la Corrèze, un vrai particularisme dans le département.
Pour ceux qui ne vivent pas dans cette zone, c'est-à-dire une bonne partie de la Corrèze, les restrictions s'imposent : interdiction de laver la voiture, de remplir la piscine ou d'arroser les plantes en journée. C'est le cas de Marie-Josée Lafond, 74 ans, née et vivant toujours à Monceaux-sur-Dordogne : elle se souvient d'étés secs, mais jamais ils n'ont été aussi longs. Pour sauver son jardin, elle a donc adopté le système D, avec des parasols pour protéger les poireaux, par exemple.
On a des rosiers qui sont morts, les cerisiers qui meurent aussi : je crois que la végétation va être obligée de changer, ça ne sera plus possible...
Marie-Josée Lafond, jardinière amateur à Monceaux-sur-Dordogne