Paul Roche, le premier secrétaire fédéral PS de Corrèze, a annoncé dans un article du journal Le Monde qu’il refusait de prêter de l’argent pour la campagne d’Anne Hidalgo.
Y a-t-il un malaise au sein du Parti Socialiste ? La candidate Anne Hidalgo, créditée de 3% au premier tour des élections présidentielles dans le dernier sondage sondage Ipsos - Sopra Steria, ferait-elle de moins en moins l’unanimité ?
En tous cas, la fédération PS de Corrèze semble prendre ses distances.
Dans un article publié dans Le Monde le 4 février, Paul Roche, le premier secrétaire de la fédération départementale, déclare : « Nous avons refusé de prêter de l’argent à la campagne d’Anne Hidalgo. Nous estimons que c’est le PS national qui doit prendre la responsabilité d’établir le budget de la campagne ».
Selon le quotidien, le parti socialiste aurait emprunté 800 000 euros auprès du Crédit coopératif, soit le montant remboursé par l’Etat pour les candidats sous la barre des 5%, et compte sur l’autofinancement pour le reste.
Un autofinancement qui, au-delà du parti national, doit mettre à contribution les fédérations locales. Mais visiblement, tous ne l’entendent pas de cette oreille.
"La responsabilité revient à la direction nationale pour le financement de la campagne présidentielle et pour établir le budget", nous réaffirme Paul Roche, "Nous considérons que les fédérations doivent financer les campagnes au niveau local et mener des actions en soutien à notre candidate Anne Hidalgo".
S'impliquer dans la campagne oui, mais pas financièrement.
Quid de la Haute-Vienne et la Creuse ?
Cette déclaration dans un grand quotidien national n’est pas passée inaperçue et n'est pas sans créer quelques tensions au sein du parti.
Gülsen Yildirim, secrétaire fédérale du PS en Haute-Vienne, regrette pour sa part que ces questions de financement s’étalent sur la place publique : "Cela concerne le fonctionnement interne des fédérations et n’a pas à être abordé à l’extérieur. Pour ma part, je ne dirai pas si nous participerons ou pas à la campagne d’Anne Hidalgo", affirme celle qui est toutefois très engagée auprès de la candidate officielle du PS.
Le secrétaire fédéral de Creuse, Yves Giron, fait moins de détours : "Oui, j’ai dit que nous serons dans le dispositif. Si on peut dégager un peu d’argent pour que ça serve au plan national, il faut le faire. Nous attendons de voir les modalités, mais la somme de 50 000€ est envisageable".
Finances exsangues en Corrèze ?
La décision de la fédération PS de Corrèze serait-elle davantage liée à des difficultés financières qu’à une prise de distance vis-à-vis de la candidate Hidalgo ?
L’hypothèse est plausible, car le parti socialiste n’est plus que peau de chagrin au niveau départemental, notamment depuis le départ du maire de Tulle, Bernard Combes.
Les fédérations départementales sont financées par les contributions des grands élus (sénateurs et députés) et des élus locaux (conseillers départementaux et régionaux, maires et conseillers municipaux) s’ils le souhaitent. Or les élus socialistes sont de moins en moins nombreux en Corrèze, et les finances de la fédération s'en ressentent nécessairement.
Mais Paul Roche réfute la raison financière : "Les fédérations solides et bien gérées depuis des années comme la Corrèze ont été sollicitées pour faire un prêt".
Il n'empêche que la portée de la décision prend forcément une ampleur très symbolique dans le département de l’ex-secrétaire national du parti, et ancien Président de la République, François Hollande. D'autant plus que celui-ci laisse planer le doute sur une éventuelle candidature en Corrèze pour les législatives de juin 2022.