Les campagnols terrestres ou rats taupiers font régulièrement parler d'eux en Corrèze. Ces petits rongeurs ont la fâcheuse habitude de grignoter les racines des fruitiers, occasionnant de gros dégâts chez les arboriculteurs. L'ESAT d'Objat a mis au point un piège qui permet une capture efficace et évite l'utilisation du traditionnel poison trop impactant pour l'environnement. Une invention remarquée par le concours Lépine
Le rat taupier ou campagnol terrestre aime les légumes, mais aussi les racines des fruitiers. En outre, il creuse des galeries, y compris dans les prairies, ce qui peut occasionner des dégâts sur le matériel agricole.
Le campagnol terrestre a un cycle de reproduction particulier qui s'étale sur 6 ans (même si la période tend à se raccourcir). Durant 2 à 3 ans, sa densité reste basse, puis elle explose, occasionnant une pullulation de l'espèce dans des zones concentrées. Elle redescend ensuite doucement pour se stabiliser à un niveau bas avant de reprendre sa montée en flèche.
Il y a donc des "années à rats taupiers", au cours desquelles les arboriculteurs mènent une lutte acharnée.
Quels moyens de lutte ?
L'une des solutions les plus courantes pour s'en débarrasser est l'utilisation, réglementée, mais tout à fait autorisée, de bromadiolone, la fameuse mort-aux-rats, un anticoagulant. Ce poison, mélangé à du blé, est ingéré par le rongeur, qui ne meurt pas immédiatement, sort généralement affaibli de sa galerie et se fait manger par un prédateur, un renard, un mustélidé, un chat forestier, un rapace, mais aussi, pourquoi pas, un chien ou un chat... qui mourra alors à son tour... Sans compter que ledit poison peut aussi être directement ingéré par n'importe quel autre animal, sauvage ou domestique.
Or l'ESAT (Établissement et Service d'Aide par le Travail) d'Objat, qui travaille avec des personnes en situation de handicap en Corrèze, a trouvé une solution beaucoup moins agressive.
Un piège présélectionné par le concours Lépine
Un piège trappe qui permet la capture du campagnol. Et qui a l'avantage de disposer d'un couvercle à bascule, facilement utilisable par un renard par exemple, pour venir y croquer le petit rongeur.
"Il passe par-dessus la grille qui se referme derrière lui et il ne peut plus en ressortir, le couvercle peut ensuite être basculé par un prédateur" explique Vincent Durot le directeur de l'ESAT Ateliers Nature d'Objat
Cette invention vient même d'être présélectionnée par le concours Lépine.
David Henocq, pomiculteur à Allassac est adepte des méthodes naturelles, il a opté pour ces fameux pièges : "on a commencé par installer un grillage tout autour du verger. On a repéré les galeries et posé des pièges. On a aussi tenté les huiles essentielles d'eucalyptus."
Et si on laissait faire la nature ?
Favoriser la présence des prédateurs naturels permettrait de limiter naturellement la prolifération de ces campagnols terrestres : l'installation de mammifères aux alentours des parcelles cultivées serait facilitée par la présence de haies variées, trop souvent arrachées pour agrandir les parcelles. Installer des perchoirs permettrait également d'attirer les rapaces. La création de tas de roches faciliterait enfin le retour des belettes et fouines.
Dans une logique beaucoup plus large, on pourrait par ailleurs imaginer rétablir l'équilibre proies-prédateurs, mais pour cela, il faudrait alors que renards et mustélidés ne fassent plus partie des animaux dits "nuisibles" et ne soient donc plus chassés et piégés. Enfin, limiter l'utilisation de bromadiolone permettrait d'éviter, par effet d'escalier, de tuer également les prédateurs naturels de rats taupiers.