Sur le plateau de Millevaches, de nouveaux arrivants construisent des habitats légers sans aucune autorisation, en dehors de toutes règles d'urbanisme. La préfecture de la Creuse a envoyé une lettre aux maires, les rappelant à leurs obligations.
L’occupant de la petite maison en bois de 20 m², rencontré par notre équipe de reportage, ne souhaite pas être reconnu. Et pour cause, son habitation au milieu de la forêt n'est pas déclarée. Il explique vivre en communion avec la nature, avec l'accord du propriétaire du terrain.
"La politique actuellement mise en place n'est pas favorable au développement des habitats légers, dénonce-t-il. Ces cabanes sont accessibles économiquement, et déplaçables. Les habitants sont plus difficiles à contrôler. Dans cette société, on veut savoir ce que font les gens, les fliquer, les ficher."
L'homme affirme ne manquer de rien, et prône l'habitat léger comme une opposition aux logiques économiques et marchandes contemporaines.
" La maison que j'ai choisie de construire répond à des exigences écologiques et environnementales, déclare-t-il. Le mot sobriété, on l'emploie beaucoup, mais on ne sait pas ce qu'il veut dire."
Un potentiel problème de sécurité
Les cabanes ou yourtes se développent sur le plateau de Millevaches. Elles sont très souvent installées en pleine forêt et donc invisibles.
Les habitants de longue date du plateau s’inquiètent notamment à propos de la sécurité. C'est le cas de Marcel Ronteix, éleveur et ancien pompier : "Un jour, les propriétaires d'une maison légère avaient appelé pour signaler un départ de feu, se souvient-il. Mais avec nos cartes, impossible de savoir où étaient les flammes. Et face aux feux de forêt, la stratégie ne va peut-être pas être la bonne parce qu'on ne saura pas qu'une maison était à tel endroit."
La réponse étatique
La préfète de la Creuse a envoyé une lettre aux maires, les rappelant à leurs obligations en matière d’urbanisme. " Vous êtes les premiers garants du respect des règles de droit […] En cas de carence dans l’exercice de votre pouvoir, je peux être amenée à me substituer à votre intervention".
La préfecture rappelle également dans son courrier ;
Est qualifiable d'illégale au titre du code de l'urbanisme, toute construction dès lors qu'elle a été réalisée sans l'autorisation d'urbanisme applicable (permis de construire, permis d'aménager, déclaration préalable...) ou en contravention avec les dispositions de cette autorisation.
Préfecture de la CreuseCourrier confié à France 3 Limousin
"A titre d'exemple, une caravane installée sur le terrain d'implantation de la résidence principale du propriétaire plus de trois mois consécutifs est considérée comme une construction et doit faire l'objet d'une déclaration préalable."
Le maire de Gentioux-Pigerolles s'explique : "On a des actions vigilantes sur des dossiers, et on essaye d'accompagner les personnes pour qu'elles puissent conduire leurs projets d'urbanismes, dans les limites du droit."
La municipalité rappelle qu’elle compte beaucoup de nouveaux habitants ayant des difficultés à se loger. 36 maisons sont inoccupées depuis bien longtemps.
"Ce sont des maisons classiques, grandes, avec jardin. Elles pourraient se vendre sans difficulté, déplore Stéphane Grasser, conseiller municipal. Pourtant, rien. Peut-être un problème d'indivision, ou une non-volonté de vendre le bien. Toujours est-il que cette maison est fermée, alors qu'elle pourrait accueillir une famille."
Le nombre des habitats légers illégaux est très difficile à déterminer autour de Gentioux-Pigerolles et Faux-la-Montagne. On en compterait plusieurs dizaines.