"Tous les jours, quand je revenais de garder le bétail, je prenais le panier et je leur portais. Pour traverser la route, je regardais bien de chaque côté, s'il n'y avait rien. Même s'il n'y avait pas beaucoup de voitures à l'époque, on ne savait jamais" se souvient-elle.
Dans le maquis, on lui donne un appareil photo."Il appartenait à un collaborateur", confie-t-elle avec beaucoup d'amusement. La jeune fille commence à photographier ses frères d'armes, et immortaliser l'engagement dans la Résistance.
L'ombre d'Oradour-sur-Glane
Un jour, la situation se gâte : une lettre anonyme dénonce l'activité du camp. Grâce à un facteur résistant, le courrier n'arrivera jamais entre les mains de la Kommandantur. Les Allemands font de même une descente : les hommes sont arrêtés et les villageois regroupés devant l'église. Le maire négocie avec l'ennemi.
"Cela a pris un moment", se remémore Lisette. "Et puis ils remontent dans leurs camions et ils foutent le camp. S'ils avaient trouvé quelque chose...Oradour, c'était le lendemain, ou la veille. On y passait dans l'église".
→ Regardez l'entretien avec Lisette Prancher :
Lisette Pranchère, maquisarde photographe de Saint-Merd-de-Lapleau, en Corrèze
À la fin de la guerre, Lisette reprendra ses activités à la ferme, sans rien demander.
Résistante dans l'ombre, elle sera décorée de la croix du combattant volontaire, en 1989, près de cinquante ans après ses périlleux aller-retours quotidiens vers le camp de maquisards.