Née en 1926, Elise Pranchère, dite Lisette n'a jamais quitté sa Corrèze natale. Aujourd'hui, elle vit en maison de retraite à Marcillac-la-Croisille, où elle nous reçoit, pour évoquer ses souvenirs du maquis.
"Ne rien dire et éviter les commères" .Tel était le leitmotiv de Lisette, pendant la Seconde Guerre Mondiale, alors qu'elle était chargée d'apporter les repas préparés par sa mère aux maquisards cachés dans les forêts autour de Saint-Merd-de-Lapleau."Tous les jours, quand je revenais de garder le bétail, je prenais le panier et je leur portais. Pour traverser la route, je regardais bien de chaque côté, s'il n'y avait rien. Même s'il n'y avait pas beaucoup de voitures à l'époque, on ne savait jamais" se souvient-elle.
Dans le maquis, on lui donne un appareil photo."Il appartenait à un collaborateur", confie-t-elle avec beaucoup d'amusement. La jeune fille commence à photographier ses frères d'armes, et immortaliser l'engagement dans la Résistance.
L'ombre d'Oradour-sur-Glane
Un jour, la situation se gâte : une lettre anonyme dénonce l'activité du camp. Grâce à un facteur résistant, le courrier n'arrivera jamais entre les mains de la Kommandantur. Les Allemands font de même une descente : les hommes sont arrêtés et les villageois regroupés devant l'église. Le maire négocie avec l'ennemi.
"Cela a pris un moment", se remémore Lisette. "Et puis ils remontent dans leurs camions et ils foutent le camp. S'ils avaient trouvé quelque chose...Oradour, c'était le lendemain, ou la veille. On y passait dans l'église".
→ Regardez l'entretien avec Lisette Prancher :
À la fin de la guerre, Lisette reprendra ses activités à la ferme, sans rien demander.
Résistante dans l'ombre, elle sera décorée de la croix du combattant volontaire, en 1989, près de cinquante ans après ses périlleux aller-retours quotidiens vers le camp de maquisards.