Tempête de 99 en Limousin : la gare bois de Bugeat-Viam n'a toujours pas servi

Suite à la tempête de décembre 1999, l'idée de construire une gare bois à Bugeat-Viam a vu le jour. Son but ? Evacuer le bois au-délà du Limousin. Vu au départ comme un accélérateur économique, le bilan est tout autre vingt ans plus tard. Fruit d'un projet semé d'embûches, la gare n'a jamais servi.

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A l’origine, le projet était ambitieux. Au lendemain des tempêtes Lothar et Martin qui ont détruit des millions d'arbres en France en décembre 1999, l’Etat, la SNCF et la région trouvent un accord pour évacuer hors du Limousin près de 3 millions de m3 de bois sur trois ans. Coût total des travaux ? 2 millions d'euros.

Un projet qui touchait du bois

Le rythme s’annonçait intense : une dizaine de trains chaque semaine et 1 000 tonnes de bois par train. Ce chantier considérable était un objet de mobilisation locale dans le domaine de l’exploitation et du sciage, mais pas seulement.

D’autres intérêts, plus internationaux se sont rapidement manifestés avec des pays frontaliers tels que la Belgique, l’Italie ou encore l’Asie. La construction de la gare bois de Bugeat avait un intérêt logistique premier dans l’évacuation des bois au-delà des frontières limousines.

Les trains devaient desservir les ports de Sète et de La Rochelle afin que les divers stockages de bois soient exploitables à l’étranger.

Le vecteur Ussel, Meymac, Bugeat et Eymoutiers répondait dès janvier 2000 au nom de la « ligne du bois » et comptait bon nombres de partenaires, en tête de liste, la région Limousin, l’Etat, la SNCF et multiples entreprises du bois.

Cela faisait deux ans, que le projet était dans les tiroirs. La tempête de décembre 1999 était une occasion pressée de rendre cette suggestion réelle : une gare pérenne, solide et rapide pour exploiter les 15 millions de m3 de bois décimés par la tempête. La gare de Bugeat-Viam est la première à avoir été construite de toutes pièces à la suite des intempéries. Avec un léger retard sur ce qui était initialement prévu.

  

Il trouve aujourd’hui bois de porte

Le 11 octobre 2001, les officiels sont tous présents pour inaugurer la gare bois de Bugeat. Si elle apparaissait comme un véritable espoir pour la région et ses partenaires, il semblerait que deux ans après la tempête de 1999, les choses aient quelque peu changé.

Plus de bois, plus de train. Depuis son inauguration et encore aujourd’hui, la gare est vide.

L’échec est lié essentiellement au délai de mise en service de l’installation. La mise en œuvre est intervenue deux ans après la tempête […]. L’urgence ayant été concentrée dans la première année ayant suivi la tempête, bien évidemment, les volumes et les conditions d’exploitation ont été bien différent  deux ans plus tard. Jean-Patrick Puygrenier, président des syndicats des forestiers privés en Limousin.


Le délai trop long a desservi la possibilité d'évacuer des bois inexistants, deux ans après la tempête. Vingt ans après les faits, la recherche des causes et coupables continue.

Pour Jean-Patrick Puygrenier, il s’agirait d’abord d’un problème de respect des délais. Enfin, la SNCF qui « s’est trouvée en concurrence avec la route, pour des raisons économiques et tarifaires, aurait modifié sa politique de gestion de fret ». A plusieurs reprises, nous avons contacté la SNCF qui n'a pas souhaité répondre à nos sollicitations.
 

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Les exploitants forestiers préférant la route aux rails sont mis en cause, au même titre que les élus locaux. Ces derniers, qui ont vu en cette gare un outil de développement économique. En parallèle, 800 000 euros sont investis au même moment dans l'aménagement d'une zone artisanale pour transformer des tonnes de caoutchouc.

Le porteur de projet à l'époque avait justement pour projet d'extraire le plastique, la ferraille et le caoutchouc pour pouvoir faire un composite, pour ensuite faire un revêtement. Christophe Petit, Conseiller départemental du Canton Plateau de millevaches (LR)

Depuis, la société a fait banqueroute. Cette immense étendue est encore à dépolluer à ce jour. Son coût d'élève à 500 000 euros.

 



Ce scénario rappelle le cas de l'usine de pellets de Viam, qui trois ans après le lancement du projet, peine à voir le jour. Il essuie successivement les désistements de ses partenaires et divise élus, habitants, opposants et certains artisans et commerçants. Pourtant de nouveaux projets apparaissent en dépit de ces échecs successifs.
 


Un projet qui peut renaître de ses cendres ?

Ce fiasco coûteux ne décourage pas certains élus de Haute-Corrèze qui croient dur comme fer en la faisabilié du projet. Christophe Arfeuillère, maire d'Ussel (LR) vient de signer un bail avec un investisseur dans l'espoir de faire renaître de ses cendres la gare de Bugeat, encore inexploitée à ce jour.

Dans un premier temps, peut-être en contrat d'utilisation et voir peut-petre vendu car ce sera le seul utilisateur de cette gare bois.


Retour sur l'histoire de la gare bois de Bugeat à l'occasion des 20 ans de la tempête de 1999.

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