Affaire du "bébé du coffre" - 2e jour d’audience : Qui est la mère de la petite Séréna ?

La deuxième journée de débats dans l’affaire Séréna, la petite fille retrouvée en 2013 dans le coffre d’une voiture se tient ce mardi 13 novembre 2018 à la Cour d’Assises de Tulle. L’après-midi est consacré à l’examen psychiatrique de la mère.
 

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Dans quelle mesure Maria Rosa Da Cruz, la mère de la petite Séréna était-elle consciente de ce qu’elle a fait subir à son enfant ? C’est là, un enjeu majeur de ce procès : déni de grossesse puis déni d’enfant ou maltraitances volontaires ? Maria Rosa Da Cruz est poursuivie pour violences suivies de mutilation ou infirmité permanente sur mineur de 15 ans par ascendant, privation de soins ou d'aliments compromettant la santé d'un enfant par ascendant, et dissimulation ayant entraîné atteinte à l'état-civil d'un enfant. 

En 2016, alors que Séréna a 4 ans, un rapport des médecins concluent à une infirmité permanente de la petite fille. Un élément qui a participé à renvoyer ce procès en Cour d’Assises de Corrèze. Maria Rosa Da Cruz risque 20 ans de prison.
 

Cette même nuit [la 1ere nuit de Séréna passée à l’hôpital de Brive en 2013], les frères et sœurs de Séréna nous ont été amenés : G., A., et E. ; nous avons été stupéfaits car ils étaient bien élevés et polis. On voyait une bonne qualité de travail en tant que maman et on ne comprenait pas pourquoi Serena avait échappé à cette prise en charge de qualité”.

Témoignage de la pédiatre qui a examiné la petite Séréna pour la première fois à Brive, quelques heures après sa découverte dans le coffre d’une voiture.

Une "bonne mère" pour ses 3 autres enfants


Séréna a deux frères et une sœur ainés. Aucun de ces enfants de Maria Rosa Da Cruz n’a subi un sort similaire à la petite fille.

“On peut considérer que Madame Da Cruz a parfaitement élevé ses trois autres enfants. Il y a un gouffre entre l’évolution de Serena et celle de ses 3 frères et sœurs “ a déclaré le Président de la Cour d’Assises.

 


Dès le 1er jour de son procès, Maria-Rosa Da Cruz a confié à la Cour son regret. En larmes, elle déclarait  :"Je regrette énormément le mal que j'ai fait à Séréna". 
 
 

Un déni de grossesse suivi d’un déni d’enfant ?


Du jour de sa naissance jusqu’à sa découverte dans le coffre d’une voiture, 23 mois plus tard, l’existence de Séréna a été dissimulée par sa mère.

Le Président prévient la Cour et le jury qu’ils ont pour mission de "distinguer ce qui relève de la commission intentionnelle d’une infraction et ce qu’il relève d’une pathologie ou d’une souffrance". Avant d’ajouter : "Nous ne sommes pas dans le cas d'un déni de grossesse qui se ne prolonge pas par un néo-naticide mais sur un déni qui se prolonge pendant 2 ans avec des soins à minima auprès de l’enfant."

L’expert confirme dans son rapport le déni de grossesse de Maria Rosa Da Cruz. Dans son cas, même après l’accouchement, elle ne reconnaît pas l’enfant. Le déni de grossesse est un phénomène mal défini selon le Président de la Cour d’Assises. Il ne rentre pas dans les classifications de pathologies psychiatriques et concerne 1 naissance sur 500 avec une possibilité de récidives dans 3 à 11% des cas.

 
Maria Rosa Da Cruz a fait un déni de grossesse pour chacun de ses trois premiers enfants.

Concernant le déroulement de la naissance de Séréna, un juge rappelle le scénario probable de l’accouchement : "Ça se passe dans une  pièce au sous-sol, elle l’emmaillote [Séréna] et lui donne un premier biberon de lait de vache".

Maria Rosa Da Cruz ne souffre d’aucun trouble schizophrénique ou manifestation psychotique. C’est la conclusion de l’expert en charge de l’examen de la personnalité de la mère de la petite Séréna. Son témoignage est plus prudent en ce qui concerne son état de conscience lors de sa grossesse et son accouchement.

 

L’ignorance du père de Séréna


Domingos Sampaio Alves, le père de Séréna se présente à la barre en fauteuil roulant : il s’est cassé la jambe en chutant à son domicile quelques jours plus tôt et vient témoigner alors qu’il est actuellement hospitalisé à l’Hôpital de Brive pour une plaie ouverte.

C’est en tant que témoin qu’il est entendu. En 2016, il bénéficie d’un non-lieu sous prétexte de l’absence d’éléments probants sur sa connaissance de l’existence même de l’enfant.


A l’aide d’un interprète portugais il exprime à nouveau son ignorance : "Je ne savais rien, je ne l’ai su que quand ça été découvert". Il raconte 14 ans de vie commune à Brignac avec Maria Rosa Da Cruz qui fait les courses et s’occupe de tout à la maison, lui qui part au travail... La surprise des premières grossesses : celle de leur deuxième fils A. que Domingos Sampaio Alves a découvert au moment de l'accouchement. "Il est né à la maison. C’était un dimanche dans la maison des parents de Rosa au moment du déjeuner. (…) Quand elle m’a dit que c’était mon fils je l’ai pris avec bonheur et elle aussi." Puis celle de E., leur troisième enfant née dans la salle de bain pendant qu’il dormait sur le canapé : "J’ai vu et j’ai appelé les secours".

Quand il est interrogé sur l’odeur nauséabonde dans la voiture familiale, Domingos Sampaio Alves répond qu’il pensait qu’elle venait des tapis et de la moisissure.
 

Aujourd’hui, Domingos Sampaio Alves affirme devant la Cour avoir pardonné à sa compagne : "C’est une bonne mère elle s’occupe bien des enfants. Je ne sais pas pourquoi elle a fait ça, mais si c’était une mauvaise mère je ne serais pas resté avec elle".  Il va même jusqu'à dire que leur couple serait plus heureux maintenant s'ils récupéraient Séréna. 


 



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