La Cour d'Assises de Corrèze juge Maria Rosa Da Cruz, la mère de Séréna. L'enfant avait été retrouvée en 2013 dans le coffre d'une voiture dans un état déplorable. La deuxième journée des débats revient sur le rapport entre la mère et la petite fille.
La deuxième journée du procès de Maria Rosa Da Cruz se tient ce mardi 13 novembre 2018 à la Cour d’Assises de Tulle. Elle est consacré à l'expertise de l'état de la petite fille et l'examen psychiatrique de la mère. Récit.
Comment va la petite Séréna ?
"Vous ne la verrez jamais, son lieu d’hébergement est tenu secret afin de donner à cette petite fille le cadre le plus tranquille possible" explique Me Isabelle Faure Roche, l’avocate du service de l’aide sociale à l’enfance du Conseil départemental de la Corrèze, qui défend les intérêts de la petite Séréna.Ce matin, l’avocate de Séréna a été appelée à la barre en qualité de témoin pour parler de ses entretiens avec Séréna. Me Isabelle Faure Roche raconte une petite fille habillée en rose qui mange sa compote, tient constamment la main de la mère de sa famille d’accueil.
"Cette petite fille ne peut vous être montrée car elle ne parle pas. Elle a son vocabulaire. Un babillage avec sa famille d’accueil. Elle ne nous regarde jamais dans les yeux".
A ces mots de l’avocate de Séréna, Maria Rosa Da Cruz, sa mère, pleure silencieusement, les yeux dans un mouchoir.
La veille, des vidéos de la petite Séréna ont été montrées à la Cour à l’abri des regards du public et des journalistes.
Aujourd'hui, Séréna a 7 ans. Elle souffre d'un grave retard psychomoteur. Son handicap est lourd, évalué à 80% selon les derniers rapports des experts.
Dans un état déplorable mais pas en danger de mort
En octobre 2013, la petite fille est retrouvée dans le coffre d’une voiture, dans un garage à Terrasson. Elle était nue, suffocante, au milieu de sacs plastiques et d’excréments. Sauvée, Séréna est emmenée au service de pédiatrie de Brive, où elle reste 3 semaines.
La pédiatre de garde de l’hopital de Brive qui a découvert et examiné l’enfant pour la première fois raconte : "Elle [Séréna] m’avait été annoncée comme une enfant de 23 mois. Pourtant, j’ai face à moi une petite fille qui a le poids et la taille d’un bébé de 6 ou 7 mois".
A presque 2 ans, Séréna accusait déjà un grave retard de développement.
"Elle ne tenait pas la tête, ne tenait pas assise. Elle émettait des petits cris et tenait dans ses mains un biberon. Elle était très sale".
L’enfant et le couffin retrouvés dans le coffre de la voiture étaient couverts d’insectes. A l’époque, les garagistes parlaient d’une odeur insoutenable.
Quand elle a été récupérée la petite Séréna a été nettoyée à quatre reprises "pas parce qu’il fallait la récurer mais pour l’habituer aux soins" explique la pédiatre de Brive à la barre.
Séréna n'est pas "un bébé secoué"
"Séréna n’était pas dans une situation létale imminente quand elle a été découverte" déclare un autre médecin qui a examiné l’enfant, aujourd’hui à la retraite. "Elle n’était pas constamment dans le coffre sinon elle n’aurait pas survécu."Les examens médicaux de l’enfant ont révélé des carences importantes en fer et en vitamine D, mais pas déshydratation. Des radios ont montré que la petite fille avait une fracture de l’avant-bras en cours de cicatrisation. "Il suffit qu’elle se soit cognée pour provoquer cette fracture", explique ce second expert : "il est impossible que cette blessure soit passée inaperçue".
Le pédiatre retraité affirme que Séréna n'est pas un bébé secoué ni battu. Elle est restée dans une position statique très longtemps. Il décrit une enfant sauvage avec "un comportement animalier".
#Serena "J’ai pris des photos tellement je n’avais jamais vu ça", dit-il: "Lorsqu’on met le biberon sur elle, elle le prend à hauteur des pieds avec un mvt réflexe rapide et elle le porte aux mains ou a la bouche"
— Catherine Fournier (@cathfournier) 13 novembre 2018