On entend la parole de Gisèle Halimi, à travers la comédienne Marie Ragu, dans la pièce de théâtre "Gisèle Halimi, défendre !". Un monologue qui résume les combats de l'avocate. Les lycéens d'Edmond Perrier à Tulle ont assisté à sa représentation, ce 23 novembre. Une façon de les inciter à s'engager, encore aujourd'hui, et de les sensibiliser aux violences sexuelles et sexistes.
Mener des combats décisifs, avec la seule force des mots, « seule arme, mais arme absolue », disait Gisèle Halimi, décédée en 2020. Une citation de la célèbre avocate, que l'on peut entendre dans la pièce intitulée "Gisèle Halimi, défendre !", créée par la compagnie de théâtre L'Ouvrage. Ce jeudi 23 novembre, une centaine de lycéens et d'étudiants tullistes ont assisté à sa représentation, qui a été suivie d'un débat.
De son enfance en Tunisie à des extraits de plaidoirie
Un monologue d'une heure, dans lequel Marie Ragu incarne Gisèle Halimi. La comédienne entremêle des séquences et des paroles qui surgissent et s’entrecoupent de façon complémentaire, à propos de son enfance dans une Tunisie patriarcale, sa vision du métier d'avocat, des extraits de plaidoirie ou d'interviews.
« Au départ, je suis venu avec beaucoup de préjugés. Je pensais que j'allais m'ennuyer. Au final, j'étais captivé », confie Lucas, étudiant en BTS support à l'action managériale (SAM) au lycée Edmond Perrier.
Avant de voir la pièce, ces jeunes ont travaillé sur le parcours de cette avocate, qui a consacré sa vie à défendre la cause des femmes. Figure féministe et politique, elle a notamment contribué à dépénaliser l'avortement, avec le procès de Bobigny en 1972 et le Manifeste des 343, et à condamner le viol comme un crime, et non plus comme un délit, avec le procès d'Aix-en-Provence en 1978. Proche de François Mitterrand, elle est élue députée en 1981.
« Grâce à elle, le serment est trop bien »
C'est également grâce à elle que le serment des avocats a été modifié, permettant davantage de liberté dans l'expression de la défense. Elle a en effet obtenu, en 1982, que soient supprimées dans le serment les notions de « respect des autorités publiques », de « relation aux bonnes mœurs » et de « sûreté de l’État et à la paix publique », comme l'explique un article de la revue Dalloz avocats en 2020.
« Grâce à elle, le serment est trop bien. C'est le truc que j'ai retenu le plus. Elle a fait changer un serment, je ne sais pas si vous visualisez, mais ce n'est pas quelque chose qui se fait comme ça ! », s'exclame Inès, également en BTS SAM.
« Même s'ils n'ont pas l'histoire juridique, même s'ils n'en mesurent peut-être pas l'importance symbolique cinquante ans après, en tout cas cela les nourrit dans leur construction de futur adulte », estime Virginie Daudin, directrice du Centre régional résistance et liberté, qui a contribué à la création de la pièce.
Dans le public, outre les étudiants et les lycéens, des magistrats et des associations de défense des droits des femmes sont également présents pour participer au débat. « L'idée de cet après-midi est de montrer aux plus jeunes que l'engagement, qui est à la base de la vie de Gisèle Halimi, peut faire partie de nos vies encore aujourd'hui », souligne Marie Renard, déléguée au droit des femmes de la Corrèze.
Une pièce qui permettra aussi de sensibiliser les plus jeunes aux violences sexuelles et sexistes.