Les trois prévenus, le maître-nageur ainsi que la commune de Liginiac viennent d’être relaxés par le Tribunal judiciaire de Tulle à l’issue du procès de la noyade survenue dans la commune de Liginiac en Corrèze, provoquant la colère de la famille qui fait appel.
Ému aux larmes, le père de la jeune de la jeune fille noyée à Liginiac en juillet 2015, a quitté la salle d’audience au moment de l’énoncé de la relaxe. Il ne comprend pas qu’aucune responsabilité n’ait été établie après les trois longues heures de délibération. Sa fille (Jessica Lawson) avec ses 24 camarades partent se baigner le jour du drame dans le lac quand une plateforme sur laquelle ils sont se renverse. Tout le monde tombe, à l’eau, tout va très vite, mais la jeune fille ne remontra pas. Le problème, c’est que le tribunal a été incapable d’établir les circonstances de la noyade, et surtout il n’est pas parvenu à répondre à une question essentielle : quand Jessica Lawson est-elle morte ? Cette zone de baignade est surveillée ce jour-là, un drapeau vert est bien visible, 3 maîtres-nageurs sont sur place, ils interviennent vite, rappelle leur avocat à l’audience. Oui, mais voilà, pour la famille « ils ont manqué de vigilance ».
Le tribunal a estimé que pour qu’il y ait homicide involontaire, il faut qu’il y ait une faute caractérisée, là en l’espèce, « il y a trop d’incertitudes ». Tout le procès n’a pas réussi à établir la faute caractérisée. On ne sait pas quel est le lien entre la mort et le renversement de la plateforme. Le tribunal considère que les encadrantes du voyage scolaire, présentes à l’audience, ont fait les vérifications nécessaires et elles ne pouvaient pas penser que le ponton était potentiellement dangereux. La juge a estimé qu’aucune faute caractérisée n’avait été commise par les 4 personnes en charge de la surveillance, et qu’aucun lien de causalité directe n’avait été établi entre le retournement de la plateforme et la noyade de la petite fille.
Tous les prévenus ont donc été relaxés, surtout, plusieurs enfants survivants de l’accident ont témoigné avoir vu la jeune fille vivante après le renversement du ponton. Le maître-nageur a vite réagi selon les témoignages donc le concernant, il n’y a pas de faute caractérisée, dira le tribunal.
S’agissant de la commune de Liginiac, lieu du drame, le tribunal considère que la commune a agi avec légèreté condamnable, concernant l’installation, l’entretien et l’utilisation de la plateforme. Mais, comme on ne connait pas les circonstances exactes de la mort de la jeune fille, la commune est également relaxée.
La famille interjette appel au civil. Elle maintient qu’il y a eu un défaut de vigilance de la part des encadrants et du maître-nageur, un Corrézien originaire de la commune. Il avait 22 ans au moment des faits, c’était le 21 juillet 2015. Le père, la mère et la sœur de la victime, ainsi que la tante étaient présents à l’audience ce 5 octobre devant le Tribunal de Tulle. Ils sont originaires de la ville Hull en Angleterre.
Des parents en sanglot, tout à l’heure à la barre. Ils ont dressé le portrait d’une petite fille, sociable, joyeuse, altruiste, au point qu’elle écrivait dans son journal intime qu’elle rêvait de devenir infirmière, pour aider des gens toute sa vie. Une petite fille qui était également très bonne nageuse, et passionnée par les jeux aquatiques en tous genres. Pour la famille, l’ironie du sort est terriblement cruelle. Autant de souvenir encore insoutenable pour la sœur de la victime qui a préféré quitter la salle d’audience pour ne pas s’effondrer. Une fois les auditions terminées, la procureure de la république a pu procéder aux réquisitions. Considérant que les prévenus partageaient une part de la responsabilité de ce dramatique accident, elle avait requis 3 ans de prison avec sursis à l’encontre des encadrants britanniques. Trois de sursis également requis et une interdiction définitive d’exercer la fonction de sauveteur, à l’encontre du maître-nageur, et 45.000 euros d’amende à l’encontre de la commune de Liginiac. Tous étaient jugés pour homicide involontaire, par violation manifestement délibérée d’une obligation de sécurité.
Selon Me Léo Chan, « la famille a l’intention d’interjeter appel sur les intérêts civils. Je ne désespère pas de convaincre le ministère public de me suivre dans cette voie. La famille estime qu’elle a le droit au moins à un deuxième regard, sur cette affaire. Elle estime que tout n’a pas été dit ».
Restait à savoir si le ministère public allait, ou non, faire appel. La procureure de la république a 10 jours pour prendre sa décision. Vendredi 7 octobre, le ministère public a finalement décidé également de faire appel de cette décision.