Les crues décennales de la Corrèze s'avèrent de plus en plus fréquentes. La rivière a connu trois montées des eaux au cours des cinq dernières années. Avec le dérèglement climatique, une crue centennale, semblable à celle, brutale, de 1960, est-elle envisageable ? La préfecture s'y est déjà préparée. Un protocole est prévu en cas de catastrophe.
C'est un phénomène qui s'est accéléré. Malgré son apparente tranquillité, la Corrèze ne cesse de quitter son lit. En seulement cinq ans, la rivière a connu trois crues décennales. Cette fréquence s'avère six fois plus importante qu'auparavant. D'après la géographie Magali Reghezza, spécialiste des inondations, ce constat trouve son origine dans les pluies plus abondantes, elles-mêmes dues au réchauffement climatique. "Avec le climat qui change, l'air devient plus chaud, et un air plus chaud peut contenir plus d'humidité", détaille-t-elle.
Certains événements qui n'étaient pas possibles il y a encore un siècle deviennent aujourd'hui probables.
Magali Reghezza, géographe
Mais alors, si ce dérèglement provoque une multiplication des crues décennales, des catastrophes plus graves sont-elles à prévoir ? Une crue centennale, semblable à celle de 1960, est-elle envisageable ? "Si on continue comme cela, les événements sont vraiment dopés, boostés. Ce sont des événements qui ne pourraient même pas se produire avec un climat non réchauffé par l'Homme, avertit Magali Reghezza. Il faut bien se rendre compte que certains événements qui n'étaient pas possibles il y a encore un siècle deviennent aujourd'hui probables. Demain, la question ne sera pas de savoir s'ils se produiront, mais quand ils se produiront."
Il y a soixante-quatre ans, des pluies intenses avaient gonflé la Corrèze jusqu'à cinq mètres par endroits, causant des dégâts qui ont profondément marqué la mémoire des Tullistes et des Brivistes. Menés entre 2013 et 2016, des travaux de renaturation ont engendré une nette diminution des inondations. En revanche, face à l'ampleur d'une crue centennale, les infrastructures se révéleraient impuissantes.
Alerter les habitants directement via leurs téléphones
Confrontés à l'hypothèse d'une exceptionnelle montée des eaux, les pouvoirs publics prennent leurs dispositions. "Tout le monde est organisé autour de cette problématique, assure Marion le Savouroux, directrice de cabinet à la préfecture de Corrèze. C'est une problématique particulièrement identifiée sur laquelle on échange régulièrement et sur laquelle on est organisé. On saura faire face quand le moment arrivera."
Si une catastrophe apparaissait imminente, les services de l'État avertiraient la population par téléphone. "Si jamais il y a des éléments objectifs qui nous démontrent qu'une crise peut arriver, on va alerter. On va alerter les élus, la population, par les réseaux sociaux, les médias." Concrètement, la communication s'effectuerait via le programme "FR-Alert". Déployé en 2022, utilisé notamment en cas d'attentat, ce service permet de prévenir en temps réel toute personne détentrice d’un smartphone de sa présence dans une zone de danger. Les administrés reçoivent une notification, accompagnée d'un signal sonore spécifique, afin d'être informés sur les comportements à adopter pour se protéger.
Pour tester ce dispositif d'alerte, la préfecture organisera l'an prochain un exercice grandeur nature.