Depuis le début de l'année 2024, la Coopérative Forestière Bourgogne Limousin utilise l’Intelligence Artificielle, lors de ses recensements de parcelles d’arbres malades. Une IA qui, à terme, doit permettre de gagner en rapidité et en efficacité, sans pour autant remplacer l’expérience du terrain des conseillers forestiers. Illustration en Corrèze.
L’IA est aujourd’hui partout, et même dans la forêt ! Depuis le début 2024, la Coopérative Forestière Bourgogne Limousin (CFBL), dont le siège social est à Ussel, en Corrèze, s’en sert pour traiter les images de parcelles qu’elle capte avec ses drones, utilisés eux depuis trois, quatre ans.
La CFBL est née en 2003, de la fusion de plusieurs coopératives, dont celle fondée en 1973 par des propriétaires forestiers Corréziens et Creusois. Leader français du marché du Douglas rond, sa zone d’agrément s’étend sur près d’une trentaine de départements, entre le centre et l’est de la France, dont la Dordogne et la Charente en Nouvelle-Aquitaine, et sur nos trois départements du Limousin.
Tout commence par les drones
Finie l’époque où il fallait marcher des heures en forêt. Désormais, lorsqu’un conseiller forestier veut faire un recensement d’un peuplement d’arbres, c’est avec un drone qu’il effectue sa mission.
"On utilise cet outil depuis déjà trois, quatre ans", nous apprend Anthony Lecour, responsable de l'atelier cartographique à la CFBL. "On a investi dans un type de drones légers et polyvalents. On essaye d’équiper de plus en plus les conseillers forestiers, et de les former au pilotage, pour qu’ils soient autonomes lors de leurs inventaires".
Constater l’état, et de la composition des peuplements, à hauteur de canopée, c’est déjà une évolution spectaculaire."
En survolant un peuplement en train de dépérir, on peut avoir un inventaire vraiment précis, et du peuplement, et de son état sanitaire."
Et selon son collègue Vincent Violot, cartographe à la CFBL, la prochaine étape est déjà prévue. "À plus ou moins long terme, on espère envoyer nos drones sous couvert, c’est-à-dire sous la canopée, pour qu’ils puissent slalomer entre les arbres. Cela permettrait de donner encore plus d’indications, comme sur les diamètres, sur la hauteur. Cela pourrait permettre aussi la reconnaissance des essences. Tout cela affinera encore plus la gestion forestière."
Une fois les images prises, place à l’IA
Une fois le survol de la parcelle effectué, place à l’Intelligence Artificielle, grâce à des programmes spécifiques créés par la CFBL.
"L’IA arrive dans un second temps, au bureau, lorsque l’on traite les données collectées", explique Anthony Lecour. Avec nos petits drones, on produit des orthophotos, autrement dit une image composée de plusieurs centaines d’images, ce qui permet de couvrir de vastes surfaces. Avec nos logiciels de cartographie, on agrège ensuite l’orthophoto, en la superposant avec nos couches d’informations, comme celles du cadastre, du peuplement, des infrastructures."
"On a ainsi une image très précise des arbres qui dépérissent sur un peuplement", renchérit Vincent Violot. "Ensuite, on transfère les données dans un GPS, ce qui permet de cibler les interventions, et donc de gagner en rapidité, en efficacité, et en précision opérationnelle."
Une IA pour aider, pas pour remplacer
Comme à chaque fois qu’intervient l’IA se pose la question : va-t-elle remplacer l’homme ?
Non, répond Anthony Lecour. "L’IA ne remplacera pas le conseiller forestier, dont le sens aigu de l’observation et l’expertise du terrain restent irremplaçables. Elle permet d’aller plus vite, d’être plus précis, et donc de pouvoir ensuite intervenir de manière plus ciblée. C’est un outil supplémentaire que l’on a dans notre panoplie."
Même son de cloche chez Vincent Violot. "Confronter nos données aux données de terrain permet de diagnostiquer de manière fiable le dépérissement, savoir la cause, et le traitement que l’on peut appliquer. L’IA, c’est vraiment gagner en expertise, c’est affiner la gestion, et c’est proposer des services plus pointus. Mais il y aura toujours besoin de la confrontation des données de l’IA à celles du terrain, réalisées par les conseillers. Donc, elle ne peut pas les remplacer."
À voir avec les évolutions. Mais comme tant d’autres secteurs, l’IA s’est taillé sa place dans nos forêts. Mais elle sans barbe, ni chemise canadienne !