"On veut de l'aide, on veut des médecins" : manifestation aux urgences de l'hôpital d'Ussel contre les trois nuits de fermeture

Les urgences du centre hospitalier d'Ussel, en Corrèze, ferment ce jeudi à 13 heures, pour rouvrir le lendemain à 8 heures et demie… Et fermer de nouveau les deux nuits de ce weekend. La raison : le manque de médecins.

Du jeudi 06 avril à 13 heures au vendredi 07 avril à 8 heures et demie, puis du samedi 08 avril à 13 heures au dimanche 09 avril à 8 heures et demie, et du dimanche 09 avril à 13 heures au lundi 10 avril à 8 heures et demie, le service des urgences de l'hôpital d'Ussel sera fermé. 

"Il faudra que nos patients soient orientés ailleurs... Ailleurs, c'est 60 km, 90 km…

"C'est intolérable, inadmissible", clame un membre de l'intersyndicale devant les portes des urgences. De nombreux soignants rejoints par des habitants d'Ussel sont rassemblés pour dire leur indignation. Choqués par cette décision, et inquiets pour l'avenir de ce service public, et pour leur santé.

Une ancienne patiente arbore cette pancarte : "le 26 août 2016, les urgences du CH d'Ussel m'ont sauvé la vie. Merci. (que se passera-t-il si elles ferment ?)"

Les soignants aussi sont inquiets. Cette fermeture ponctuelle, c'est une première. Mais n'annonce-t-elle pas un avenir plus sombre ? 

Le problème de fond, c'est le manque de médecins, compensé par le recours à l'intérim, expliquent des soignants qui prennent la parole. Pour faire face quand ces intérimaires ne répondent pas à l'appel, les médecins ont donc multiplié les heures supplémentaires, mais aujourd'hui, ils sont à bout et ne peuvent plus enchaîner les gardes. Ainsi raconte Karine Venanci, infirmière aux urgences à Ussel et élue CGT et représentante du personnel : 

"On a appris la fermeture de notre service à partir de 13h hier (mercredi) et il faudra que nos patients soient orientés ailleurs... Ailleurs, c'est 60 km, 90 km… pour avoir des soins en urgence, donc fermer un service d'urgence, c'est quand même dramatique. On tenait par le courage de nos médecins qui sont très volontaires. Ça fait plus d'un an qu'ils maintiennent cette situation à bout de bras, ils sont épuisés, mais ils ne nous lâcheront pas, ils l'ont assuré. (...) On veut de l'aide, on veut des médecins." 

"Aujourd'hui, nous n'avons pas de candidature de médecins souhaitant respecter les plafonds de rémunérations"

De son côté, l'ARS, l'agence régionale de santé de Nouvelle-Aquitaine, explique ces fermetures à travers un communiqué et parle de réorganisation du service "Les tensions de recrutement en personnel médical au service des urgences du Centre Hospitalier de Haute-Corrèze à Ussel sont telles que les leviers utilisés habituellement, tels que le recrutement de médecins contractuels, l’intérim, l’entraide de médecins libéraux et la réorganisation interne des services, ne suffisent pas à soulager les équipes en place."

Interrogé par notre équipe, le directeur de l'hôpital Yoann Balestrat explique : "Aujourd'hui, il y a une démographie médicale très compliquée au niveau national, en particulier dans la spécialité urgences. L'hôpital d'Ussel se situe dans un territoire rural, avec une attractivité compliquée et donc, ces doubles effets conjugués nous ont contraints à devoir fermer temporairement sur des créneaux précis l'accès aux urgences. (...) Il n'y a pas de raison financière à l'absence de candidature de médecin au sein du centre hospitalier, nous sommes ouverts à toutes les propositions de médecins qui souhaiteraient travailler dans l'établissement, moyennant le fait de respecter les plafonds en vigueur concernant la rémunération".

Le chef d'établissement précise, par ailleurs, que le plafonnement des rémunérations des intérimaires médicaux est appliqué dans cet établissement depuis le 1er janvier 2022. "Aujourd'hui, nous n'avons pas de candidature de médecins souhaitant respecter les plafonds de rémunérations."

Pour palier ce manque, l'hôpital corrézien explique qu'il travaille au quotidien en collaboration avec des praticiens libéraux qui viennent aider aux urgences, qu'il tente également de mutualiser les ressources médicales avec les centres hospitaliers environnants et a également sollicité des agences d'intérim, sans succès, pour les prochains jours concernés par la fermeture provisoire. 

L'idéal serait effectivement de pouvoir recruter : "dans le service des urgences, il nous faudrait 4 praticiens supplémentaires, nous mettons tout en œuvre pour essayer de recruter et aujourd'hui, nos efforts n'ont pas abouti, on espère avoir prochainement des candidatures, mais le contexte national ne nous est pas favorables."

Que faire en cas d'urgence ?

Pour toute urgence, l'ARS, l'agence régionale de santé de Nouvelle-Aquitaine, demande aux usagers de contacter le 15, autrement dit le SAMU, qui lui fonctionne. Ce service orientera les patients "vers la solution de prise en charge la plus adaptée", indique l'ARS dans un communiqué, en précisant "un travail sur les parcours de soins des patients et leur orientation lorsqu’ils doivent être hospitalisés a été mené avec l’appui du Centre Hospitalier de Tulle."




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