Taux d’incidence, taux de positivité, eaux usées à Limoges… Tous les indicateurs montrent une nouvelle progression du virus. Le département le plus touché est la Corrèze, où le taux d’incidence dépasse le niveau du 28 octobre, date du second confinement.
Ce lundi 29 mars, Laurent Filleul, épidémiologiste à Santé Publique France, enchaîne les conversations avec les journalistes.
C’est peut-être un indice supplémentaire de la reprise épidémique, même si ses observations sont suffisamment claires : "Tous les indicateurs montrent une augmentation de la circulation du virus. On assiste à un début de vague épidémique au niveau régional."
Nouvelle Aquitaine : forte augmentation du nombre de cas
En Nouvelle Aquitaine, on est passé au début du mois de 6 500 nouveaux cas en une semaine à 11 000 la semaine dernière. Cette dernière donnée n’est pas encore "consolidée" par les épidémiologistes, mais c’est tout de même près du double.
Le taux d’incidence augmente constamment depuis le début du mois de mars, et toutes les tranches d’âges sont touchées. Seule point positif selon Laurent Filleul : "L’augmentation est moins rapide chez les plus de 65 ans, ce qui montre une efficacité de la vaccination."
La Corrèze très touchée
En Limousin, la situation est contrastée.
En Corrèze, le taux d’incidence est de 243, contre 198 il y a une semaine, soit une augmentation de 23%.
On est en dessous du pic de la deuxième vague (333), mais au dessus du 28 octobre, date de l’annonce du deuxième confinement (240).
Pour Sophie Girard, directrice départementale de l'ARS, "il n'y a pas d'explication unique pour ce phénomène. On n'a pas de cluster de grand rassemblement, plutôt des contaminations dans un cadre familial ou amical."
Mais comme au niveau national, un autre phénomène inquiète : "Il y a une augmentation des entrées en réanimation". Confirmation avec la direction de l'hôpital de Brive : on est passé dans le week-end de 24 à 30 patients hospitalisés pour des formes graves de Covid. Pour la directrice de l'ARS, "il faut éviter tout relâchement à l'approche du week-end de Pâques".
Limoges : augmentation dans les effluents
En Haute-Vienne, le taux d’incidence est de 200, contre 164 il y a une semaine soit une augmentation de 22%.
La surveillance des eaux usées de Limoges confirme la tendance : la présence du virus a encore augmenté cette semaine dans la station d’épuration principale, avec un chiffre de 5 à 6 logs. Cela représente 1 million de copies du génome par litre d’effluent.
C’est à nouveau le secteur de la rue Jean le Bail qui se démarque avec 7 logs, un taux jamais vu depuis le début des mesures.
Seule bonne nouvelle : on ne retrouve plus de virus dans les eaux usées des Ehpads.
Tensions hospitalières en Creuse
En Creuse, le taux d’incidence est de 58, c’est le plus bas de France. Le chiffre est stable sur une semaine.
Dans ce département, une donnée inquiète néanmoins : c’est la tension hospitalière qui serait, selon le site Covidtracker, de 100%. Vérification faite à l’hôpital de Guéret, ce chiffre n’est pas seulement lié à l’épidémie de Covid, il s’explique surtout par une forte activité dans tous les services liée à un manque de personnel, malheureusement récurent.
Il n’y a qu’un seul patient Covid en réanimation, qui devrait sortir dans les prochains jours. Mais le chef du service explique aujourd’hui qu’il s’attend à « un mois d’avril tendu ».
Relâchement des comportements ?
La présence du variant dit "britannique", largement majoritaire dans les trois départements, explique bien sûr en partie cette augmentation des cas de Covid. Mais selon Laurent Filleul, un autre facteur est préoccupant : le relâchement des mesures barrières.
Il se base sur deux observations :
- Le 23 mars, Santé Publique France a lancé CoviPrev, "pour suivre l’évolution des comportements (gestes barrières, confinement, consommation d’alcool et de tabac, alimentation et activité physique) et de la santé mentale (bien-être, troubles)". Selon les premières remontées, on constate au niveau national une diminution du respect des gestes barrière.
- La région est touchée actuellement par une épidémie de bronchiolite, causée par un virus qui se transmet par le toucher. Ce phénomène pourrait s’expliquer par un relâchement dans le lavage des mains : l’année dernière, il n’y avait pas eu de telle épidémie.
A l’heure où des vies sont en jeu et où la politique du gouvernement est impossible à décrypter, on peut encore et toujours agir individuellement pour se protéger et protéger les autres.