Deuxième journée aux assises de la Haute-Vienne du procès en appel du meurtre d'Alexis Bernady à Domeyrot, en Creuse, en 2018. En première instance, en janvier dernier, le père de la victime, et un ami de celui-ci, avaient été condamnés à 22 ans de réclusion criminelle.
Zones d'ombre, hypothèses, omerta, divergences dans les versions... Voici ce qui entoure la mort d'Alexis Bernady dans la nuit du 27 au 28 août 2018.
Alors la Cour et les avocats attendaient beaucoup des médecins légistes, car l'autopsie a révélé une liste glaçante d'hématomes et de contusions à la tête. Pas moins de 8 impacts avec traumatisme crânien et thoracique et une mort intervenue par asphyxie. Mais là aussi, difficile d'élaborer le scénario de ce qui s'est réellement passé.
"On peut fermer des portes et c'est déjà pas mal. Après, on fait l'élimination de ce qui reste pour voir quelle est la solution la plus plausible par rapport aux faits, aux constatations, aux déclarations des uns et des autres" explique Virginie Turpin, avocate de la mère d’Alexis.
"Les experts nous permettent d'avoir un peu une idée de la façon dont les choses se sont déroulées. Si on compte sur les accusés, ça risque d'être un peu plus difficile, puisqu'ils sont chacun dans une posture. Mais je ne suis pas sûre qu'on connaisse, ni de l'un ni de l'autre, le déroulé précis et exact de cette soirée." estime Emilie Bonnin, avocate des deux frères d’Alexis.
Une seule certitude dans ce dossier, le doute justement.
"On est dans un procès pénal, les hypothèses, on peut tous en avoir, ce qui compte c'est la preuve de la culpabilité que doit rapporter l'avocat général. On ne condamne pas quelqu'un sur une hypothèse ou sur des doutes" confie Guillaume Viennois, avocat de Roland Michaud, un des deux accusés.
Reste l'intime conviction que vont devoir se forger les neuf jurés de ce procès d'appel. En attendant, le président de la Cour d'Assises de la Haute-Vienne ne renonce pas, dans son interrogatoire des accusés sur les faits, à provoquer un retournement de situation.
Rappel des faits
Le 28 août 2018, entre 1h et 2h du matin, la vie d'Alexis s'est arrêtée nette, face contre terre, devant une maison d’un petit hameau au lieu-dit Beaufaix de la commune de Domeyrot en Creuse. Une maison dans laquelle il avait passé la soirée avec son père et un vieil ami de la famille, au cours de laquelle une bouteille de whisky de 2,5l a été vidée à trois. Alexis a succombé à des lésions telles que leur gravité a provoqué son agonie puis sa mort, avant d'être découvert cinq heures plus tard au petit matin par les éboueurs de la commune sur la voie publique.
En septembre 2018, le père d'Alexis est mis en examen pour meurtre. Mise en examen pour meurtre également pour l'ami du père Roland Michaud, un homme déjà condamné à 12 ans de prison pour le meurtre de l'une de ses voisines.
En janvier 2022, Frédéric Bernady, est accusé du meurtre de son fils et Roland Michaud, est accusé d'avoir récidivé 10 mois après sa libération de sa précédente condamnation pour homicide. Le verdict de la Cour d'Assises de la Creuse pour les deux accusés est de 22 ans de réclusion criminelle.