Éducation. Creuse : la forte mobilisation des parents et des élus contre la carte scolaire

C’est une situation inédite : en Creuse, 19 fermetures de classes et deux fermetures d'école sont prévues pour la rentrée 2023. L'annonce faite ce jeudi 23 février par Dominique Terrien, le DASEN (directeur académique des services de l’éducation nationale) fait vivement réagir parents d’élèves, élus et enseignants.

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19 écoles concernées dans 14 communes du département 

« Il ne faudrait pas que ça dure trop longtemps, sinon on risque de prendre du poids », rit Nadège Andrieux, élue des parents d’élèves à Fursac, alors qu’une nouvelle fournée de cookies sort du four. Depuis ce vendredi 24 février, elle et d’autres parents d’élèves (plus d’une trentaine chaque jour, selon elle) occupent le bureau de la directrice de l’école de Fursac. Ils protestent contre la fermeture annoncée de l’une des cinq classes. Une situation d’autant plus incompréhensible que, selon eux, les chiffres des effectifs pour la rentrée 2023 ne permettent pas cette fermeture de classe : « Il y aura 89 inscrits en septembre, or l’Académie s’est engagée à ne pas dépasser 22 enfants par classe ici. Si on divise, cela fait plus de 22, donc 5 classes devraient être conservées. On a beaucoup de mal à comprendre. Ils ont fait leur petite sauce, ils ont enlevé un élève par-ci, un élève par là, mais nous n’aurions jamais dû être sur cette liste » détaille Nadège Andrieux.

Le maire de Fursac, Olivier Mouveroux, confirme ce désaccord sur les chiffres des effectifs et espère que le DASEN reconnaîtra qu’il ne peut pas fermer de classe à l’école Félix Chevrier. Sans retour en arrière, les parents d’élèves, eux, durciront le mouvement.

 

« On est plus que déterminés, on lâchera pas. Si on doit occuper pendant des semaines, on occupera. »

Nadège Andrieux, élue des parents d'élèves de Fursac

Route coupée à Crocq

Cette volonté d’agir se retrouve quasiment dans tous les établissements concernés par cette nouvelle carte scolaire : occupation des écoles avec obstruction pédagogique ou non, rassemblements ou encore des pétitions, comme à Saint-Sulpice-le-Guérétois qui comptabilise près de 300 signatures.

À Aubusson, les parents ont prévu une « soirée-pyjamas » ce mardi soir et occuperont donc les locaux toute la nuit.

Aux limites du Puy-de-Dôme, à Crocq, les parents d’élèves y vont un peu plus fort : en début d'après-midi ce mardi, ils ont bloqué totalement la circulation de la D996, la route d’accès à la commune, information confirmée par la gendarmerie. Des parents d'élèves qui nous précisent qu'ils occupent l’école jour et nuit depuis le début de semaine.

 

Deux écoles pourraient fermer

Deux écoles sont, quant à elles, tout bonnement menacées de fermeture, ce que le rectorat avait dit exclure lors de sa conférence de presse sur la rentée 2023 qui s'est tenue le 23 janvier dernier.

À Saint-Silvain-le-Bas, la proposition de fermer l’une des deux classes du RPI (regroupement pédagogique intercommunal) vient cependant de l’intercommunalité, qui souhaitait regrouper tous les enfants à Boussac. Mais le maire de cette petite commune reste amer : « Avec le conseil municipal, nous nous opposons à cette fermeture. Et quoiqu’il en soit, c’est le DASEN qui a le dernier mot », soupire Patrick Franchaisse.

À Lussat, le rectorat justifie cette fermeture potentielle par une baisse d’effectifs : la petite école passerait de 11 à 9, voire 5 élèves en 2023. Mais l’édile de la commune n’a pas les mêmes estimations : selon Daniel Malleret, ils seraient 13 élèves à la rentrée de septembre. Le maire doit donc rencontrer Dominique Terrien, le directeur académique ce mardi en fin de journée, pour éclaircir la situation.

Jointe par téléphone, la rectrice d’académie, Carole Drucker-Godart assure : « Quand nous travaillons sur la carte scolaire en ruralité, nous sommes guidés par des principes déterminants : on préserve le maillage du territoire, le bien-être des enfants et la qualité pédagogique. Quand il n’y a plus que 5 ou 10 élèves dans une école, on perd le sens pédagogique de l’émulation collective et certains parents n’ont pas envie de mettre leurs enfants dans une école où ils seront très peu nombreux. » La rectrice rappelle également que le travail effectué par le Dasen sur la carte scolaire n’en est qu’à ses débuts.

 

Les élus "remontés"

Partout, les élus sont vent debout contre ces fermetures de classes annoncées « à un niveau qui n’a jamais connu une telle ampleur », selon Eric Bodeau, le maire de Saint-Sulpice-le-Guérétois. Dans sa commune, l’école maternelle pourrait perdre l’une de ses trois classes, alors que la municipalité vient d’investir 600 000 euros dans la réhabilitation du bâtiment pour offrir de meilleures conditions aux petits et aux équipes pédagogiques. 

« C’est l’assassinat en règle de la communauté éducative de notre département, régi par une vision purement comptable. »

Eric Bodeau, maire de Saint-Sulpice-le-Guérétois

L’ensemble des maires des 14 communes concernées, et même certains élus d’autres municipalités creusoises se rencontraient ce mardi en fin de journée au sein de l’AMAC, Association des Maires et Adjoints de Creuse, afin de décider de la poursuite à donner au mouvement.

Une assemblée générale extraordinaire est prévue le 11 mars à Guéret. Réunion qui donnera lieu à un courrier remis en préfecture à destination du ministère. Objectif : demander l'annulation de toutes les suppressions et la création de 23 postes. 

Les élus, ce mardi soir, nous ont précisé qu'ils n'excluaient pas de refuser de voter les budgets administratifs si la situation demeure en l'état. 

 

C’est donc soudés que, parents d’élèves, élus et enseignants souhaitent continuer d’exprimer leur incompréhension et leur colère. Plusieurs rendez-vous sont prévus : ce mercredi 1er mars, l’intersyndicale enseignante (SNUipp-FSU 23, snudi-FO 23, SE-Unsa 23, CGT 23) appelle à un rassemblement à 17 h 30 devant les locaux départementaux de la Direction académique, place Varillas à Guéret.

Jeudi 2 mars, la mobilisation aura lieu à 14h au moment où le Comité social d’administration spécial départemental se tiendra au sein de ces mêmes locaux.

Et enfin, samedi 4 mars, à 10 h 30, une grande manifestation départementale est prévue.

Le Comité départemental de l’éducation nationale, CDEN, lui, se réunira lundi 6 mars à Guéret.

La liste des établissements concernés :

Crocq maternelle, Aubusson : maternelle Villeneuve, Aubusson : élémentaire Clé des champs, Bourganeuf maternelle, Rifaterre, RPI Bellegarde-Saint-Silvain, Saint-Sulpice-le-Guérétois, La Souterraine : élémentaire Jules-Ferry, Chéniers, Genouillac, Bonnat élémentaire, Fursac, Sainte-Feyre élémentaire, Lussat, Saint-Silvain-Bas-le-Roc, Guéret élémentaire Jean-Macé, maternelle Jacques-Prévert, élémentaire Prévert, élémentaire Cerclier-Guéry, élémentaire Langevin.

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