VIDEO. Classe à 9 niveaux en projet à Chéniers : le risque de sacrifier les élèves, selon ses enseignants

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La carte scolaire refondée devrait fermer l'une des deux classes de l'école de Chéniers en Creuse alors que le quotidien avec des classes multi-niveaux est déjà difficile. ©France TV

Ils se disent désœuvrés mais pas vaincus. En raison du projet de carte scolaire pour l’année 2023/2024, 9 niveaux vont cohabiter dans une seule et même classe, de la très petite section au CM2, à Chéniers en Creuse. Avec un enseignant pour deux aujourd'hui : un non-sens pour les parents, le corps enseignant, les élus... et même les Bodin's

Une vingtaine d'élèves de la  très petite section – à partir de 2 ans – au CM2 dans une seule classe pour un seul professeur. Incroyable mais vrai. Faire cohabiter 9 niveaux, en intégrant les tout-petits, c'est la conséquence de la nouvelle carte scolaire. Cette configuration sera l'effet de la suppression d’un poste de professeur dans l’école de Chéniers en Creuse. L'une des deux classes devrait fermer en septembre.

Voici un exemple du projet de carte scolaire 2023-2024 qui fait beaucoup réagir en Creuse ces derniers jours. 

Des bouleversements à prévoir, un apprentissage en danger

Dans le village, enseignants, parents d'élèves et élus sont mobilisés pour conserver leur deuxième classe. Coûte que coûte.

Je regrette qu’on ne prenne pas en considération la réalité du terrain. Le comptage des élèves par classe est totalement inaproprié, on n’est pas sur du matériel, mais sur de l’humain.

Marie-Charlotte Allart, représentante des parents d’élèves

Les fondamenteux et apprentissages obligatoires seraient en danger, selon le corps enseignant et la directrice de l’école. « Prenons le savoir-nager par exemple. Cela va être difficile de l’assurer. On ne sait pas comment on va faire pour emmener des enfants de cycles différents », s’inquiète Lucie Besset-Sinais - directrice école de Chéniers.

On court, on se disperse. Les enfants doivent comprendre tout de suite et être très autonome. Ce fonctionnement est au détriment de ceux qui ont besoin de nous. On ne peut pas se diviser en 9 enseignants donc ils sont nombreux à travailler tout seuls.

Cédric Biélarz, professeur des écoles

Le maire Gilles Gaudon soutient la mobilisation, convoque des réunions. Il est circonspect : "Il n’y a pas de logique à fermer un poste. C’est incompréhensible, car on n’a pas d’effectif en baisse, mais un effectif en hausse. Nous ne pouvons pas avoir 25 élèves avec un seul enseignant, on ne peut pas !"  

Un quotidien déjà difficile

Cette situation extrême inquiète alors que le quotidien est déjà délicat avec 2 enseignants pour 20 enfants, avec des niveaux allant de la maternelle au CM2. « Normalement, je dois être dans l’autre groupe, mais je ne peux pas, les CP ont besoin de moi pour apprendre à écrire, mais je ne peux pas le voir », déplore Cédric Biélarz. Il aimerait pouvoir se démultiplier, prenant tour à tour la main des enfants pour les aider à écrire de jolies boucles sur leurs cahiers.

Malgré son expérience, Cédric fait comme il peut pour jongler entre les niveaux et entre les activités. Une gymnastique mentale. Que de frustration pour cet enseignant qui a démarré il y a 28 ans, qui aimerait tant bien faire, aider chaque enfant. Mais n’a d’autre choix que de faire des choix, des sacrifices.

Les Bodin's en soutien

Dans cette bataille contre la future carte scolaire, la petite école creusoise a reçu un soutien de poids : celui du duo comique des Bodin's. Symbole de la vie d'antan, de la campagne et du bon sens paysan qui va avec. Un bon sens que parents, enseignants et élus aimeraient voir appliquer au sort de leur école.

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