Le président de la République Emmanuel Macron se rendra en Creuse lundi 24 janvier. Accompagné du ministre de la santé Olivier Véran, il visitera notamment une maison de santé pluridisciplinaire. En 2017, un plan de lutte contre les déserts médicaux avait déjà été annoncé en Limousin, mais la situation semble encore se dégrader.
Ce sera l’évènement politique de la semaine prochaine : la visite du président de la République Emmanuel Macron en Creuse et en Haute-Vienne. Il sera accompagné du ministre des Solidarités et la Santé, Olivier Véran.
Les déserts médicaux au programme
Selon son programme officiel, Emmanuel Macron rencontrera lundi à Bourganeuf "des professionnels du milieu médical réunis dans une Maison de santé pluridisciplinaire, sur la problématique de la désertification médicale."
Pour le député LREM Jean-Baptiste Moreau, ce sera l’une des thématiques importantes de ce déplacement, avec peut-être des annonces pour faire face à une situation jugée par l’élu de plus en plus critique.
Il s’exprime ainsi sur les réseaux sociaux à propos du Président : "Il reste quelques mois avant la fin de sa mandature, mais nous avons besoin de solutions sur le court terme sur les problématiques de santé notamment pour pallier le manque de médecins généralistes et spécialistes."
Déjà des annonces en Limousin en 2017
Le problème n’est pas nouveau. La mauvaise répartition des médecins en France est pointée du doigt depuis plus de 20 ans, et en 2017 le Premier ministre d’Emmanuel Macron Edouard Philippe était venu en Limousin, à Châlus, pour faire des propositions sur ce sujet. Nous nous interrogions à l’époque : "Une grande réforme, ou juste un plan de plus ?"
Edouard Philippe parlait de télémédecine, de mesures financières pour inciter les médecins à s’installer en zone rurale, et de maisons de santé. Le Premier ministre de l’époque souhaitait ainsi : "plus d’innovation, plus d’incitation, et plus de souplesse". Depuis 5 ans, la question est loin d'être résolue.
Fin du numérus clausus
Ce quinquennat a vu la fin du numerus clausus, un quota national qui limitait le nombre de médecins à former chaque année. Désormais, des objectifs nationaux pluriannuels sont fixés. Mais la sélection pour entrer en deuxième année de médecine reste très forte, et la capacité de formation des facultés est limitée. Cette réforme ne règle pas le sujet de la répartition des médecins, et ses effets ne seront visibles que dans plusieurs années.
D’autres initiatives ont vu le jour : création de la "pratique avancée" qui donne plus de responsabilité aux infirmières, prescription de lunettes par les orthoptistes, visites chez les kinésithérapeutes sans ordonnance. Des mesures qui ne font pas l’unanimité dans le monde médical.
Maisons de santé
Aujourd’hui, le gouvernement se targue d’un bilan positif sur le front des maisons de santé : "A l’été 2021, on comptait 1 889 maisons de santé en France, soit 855 de plus qu’en 2017. De plus, 451 maisons étaient en projet à cette même date".
Selon une étude de l’Institut de Recherche et Documentation en Économie de la Santé publiée en 2020, le principe fonctionne : "Les zones sous-dotées avec des maisons de santé connaissent une meilleure évolution de leur densité de médecins généralistes libéraux que celles sans maison de santé."
Situation d’urgence ?
Malgré ce point positif, la situation globale ne semble pas s’améliorer, et les avancées de ces dernières années s'avèrent insuffisantes.
Dans un rapport publié fin 2020, l’Observatoire-Place de la Santé (Mutualité Française), plaçait la Creuse au dernier rang des départements en matière de présence médicale.
Selon l’atlas de la démographie médicale en France publié en 2021 par l’ordre des médecins, "en un an, quel que soit le groupe de spécialités, nous constatons des déséquilibres territoriaux en termes de densité médicale. Celle-ci s’intensifie à la baisse au sein de départements déjà déficitaires". Toujours selon ce document, les variations du nombre de médecins généralistes pour la Creuse étaient de -22,6% entre 2010 et 2021 et -1,5% entre 2020 et 2021.
La Creuse n'est pas le seul département concerné. Les annonces sur les déserts médicaux sont toujours faites à la campagne, alors que de nombreuses zones urbaines sont impactées.
"Bacs à sable"
Dans un mémoire intitulé "Des bacs à sable aux déserts médicaux : construction sociale d'un problème public" publié en 2013, un jeune député socialiste nommé Olivier Véran remettait en cause l'organisation des soins de proximité telle qu'on la connaît. Son constat semble toujours d’actualité : "L’État a toujours opposé aux déserts médicaux des solutions quantitatives. La création d’un corps d’officiers de santé, l’augmentation des capacités de formation des étudiants, l’appel aux médecins étrangers, témoignent de cela (...). "Un médecin dans chaque commune" est devenu une règle implicite".
Doit-on cesser de croire qu'il faut des médecins partout pour assurer l'accès aux soins de la population ? Il y a bientôt 10 ans, celui qui est aujourd’hui ministre proposait une vision qui sera peut-être avancée la semaine prochaine : "Voilà l’enjeu : expliquer aux usagers que les soins primaires ne sont l’apanage de la relation directe au médecin que d’un point de vue historique et sociologique et qu’il existe d’autres solutions aux déserts médicaux. La coopération entre professionnels, de nouveaux outils de communication et, inévitablement, l’éducation à la santé."