Etre le sujet central d'un documentaire n'était pas prévu dans la carrière de Gauvain Sers. Didier Varrod a su le convaincre. Ce film montre la force des choix du chanteur et sa place singulière dans un monde qu'il sait saisir pour le décrire sans artifice, avec justesse et poésie.
Devant le portail vert de son école primaire
On l'reconnaît tout d'suite
Toujours la même dégaine avec son pull en laine
On sait qu'il est instit
Chacun d'entre nous a au moins une fois entendu ou fredonné ces paroles. Elles sont signées Gauvain Sers. Ce sont les premiers mots de la chanson Les Oubliés, un texte qui a trouvé des résonnances partout en France tant il touche du doigt des réalités quotidiennes. Il est même parfois devenu l'hymne de certaines revendications en modifiant quelques passages.
Le documentaire Gauvain Sers, la voix des oubliés commence par ces mots interprétés par le chanteur creusois à la casquette de velour. C'est aussi cette chanson qui a donné son titre au film consacré à celui qui a accepté de se livrer dans le cadre somptueux de la Sorbonne à Paris à Didier Varrod. Le réalisateur dit de lui qu'il est la poésie simple qui ne s’éteint pas et qui comme la mauvaise herbe pousse toujours entre les pavés qui n’attendent qu’une chose : être déterrés pour porter la prochaine révolution du cœur.
Ci-dessous découvrez un extrait du film Gauvain Sers, la voix des oubliés :
Gauvain Sers est entré discrètement dans le paysage musical français, il s'est fait une place dans ce monde que l'on dit exigeant. Il peut apparaître comme minoritaire et démodé comme se définissait Jean-Jacques Goldman à ses débuts. La vérité, c'est qu'il n'en est rien, c'est même tout l'inverse, et cela méritait bien un film documentaire.
Pour autant, malgré le succès, l'artiste conserve une humilité qui plait à son public. Il chante le monde tel qu'il est, avec ses failles et ses beautés, ses promesses et ses ratés. Il questionne aussi nos quotidiens et nos certitudes.
Gauvain Sers, de Dun le Palestel à Paris
France 3 Limousin a consacré un numéro de la série de portraits Un petit coin de paradis à Gauvain Sers qui a accepté de guider l'équipe dans les lieux qui comptent pour lui à Dun-le-Palestel en Creuse.
Gauvain Sers vit dorénavant à Paris même si régulièrement il séjourne en Creuse, où il écrit beaucoup.
A Paris il a pu toucher du doigt ses rêves et au delà les réaliser ce qui n'est pas donné à tout le monde.
Renaud compte dans la vie de Gauvain Sers. Chacun le sait dorénavant. Un soir au téléphone, il lui propose de faire la première partie sur sa dernière tournée marathon « le phénix tour ».
Devant les caméras de France 3, il se souvient de ce moment.
Didier Varrod, un réalisateur qui connait la chanson
Didier Varrod est directeur musical des antennes de Radio France. Il a également réalisé de nombreux documentaires sur la chanson pour la télévision : France Gall, Renaud, Julien Clerc, Véronique Sanson, Daniel Balavoine, Serge Gainsbourg, Coluche, Jean Jacques Goldman. Ses films ont tous connu de très beaux succès d'audience. Il est aussi l'auteur d'une douzaine d’ouvrages sur la chanson.
C'est assez naturellement qu'il a donc proposé à Gauvain Sers d'être au coeur d'un film confession.
Il est ainsi un artiste rare, à contre-courant des modes et artifices de la société du spectacle actuelle et touche (pourtant) un large public, toutes générations confondues. C’est pour toutes ces raisons qu’il me semble pertinent de mettre en lumière ce chanteur qui fait figure d’exception dans le paysage musical français.
Didier Varrod
En réalisant le portrait de ce jeune artiste chanteur, je souhaite parler en creux de ce qui dépasse le cadre strict parfois un peu étroit d’une chanson
Didier Varrod
Lors de la présentation du film en avant-première à la salle André Lejeune de Guéret en mars dernier, il avait tenu à adresser un message à Gauvain Sers et au public présent :
Le choix de la Sorbonne
Si la Sorbonne a été choisie comme lieu de tournage, cela ne tient en rien du hasard.
C’est ici, en mai 1968, alors que la Sorbonne est occupée que Renaud fera ses premiers pas d’artiste en récitant un sketch de Guy Bedos. C'est encore ici qu’il écrit sa première chanson « Crève salope » en pleine crise sociale.
La famille de Samuel Paty avait choisi la Sorbonne pour l’hommage national qui lui fut rendu. Les mots de Gauvain Sers, devant le cercueil de la victime du terrorisme, lu par une enseignante résonnent encore bien au-delà de la cour d’honneur.
Alors que ce lieu impressionne par son histoire et ses symboles, Gauvain Sers s'y livre avec authenticité, de manière touchante. L'entretien avec Didier Varrod a duré le temps d'un après-midi. Les deux ont compris qu'ils pouvaient se faire confiance comme l'a expliqué Didier Varrod à nos confrères de La Montagne et de France Bleu Creuse.
Avant-première à Guéret devant un public conquis
En mars dernier, une projection en avant-première était organisée à Guéret, en Creuse.
L'occasion pour le public présent venu nombreux de découvrir le film de Didier Varrod réalisé en deux parties : la première, consacrée à l'entretien et enrichie d'archives familiales puis la seconde construite d'extraits de Gauvain Sers sur scène.
A l'issue de la projection, les personnes présentes ont pu échanger avec le chanteur qui est chez lui en Creuse.
Ce portrait kaléidoscopique, au titre évident, invite à mieux faire connaissance avec cette « France des gens qui passent ».
Gauvain Sers, la voix des oubliés
Réalisation : Didier Varrod
Co production : Morgane production et France 3 Nouvelle-Aquitaine
Diffusion : jeudi 26 avril à sur France 3 Nouvelle-Aquitaine et 30 jours en replay sur france.tv suite à la diffusion.