16 textes de slam pour dénoncer l'emprisonnement sans procès de dix personnes à travers le monde. C'est la contribution de collégiens de Dun le palestel à une campagne de l'ONG Amnesty International. Ils ont un parrain de choix : Govrache.
"Le boulot est déjà fait, maintenant c'est la détente. Ayez confiance en vous, vos textes sont bons. Ne marmonnez pas dans vos masques. Il faut que vous projetiez du son. Évitez de gigoter" Dreadlocks au vent, Govrache dispense les derniers conseils avant la représentation.
Deux jeunes garçons s'avancent devant pupitre et micros.
"Ils ont brisé sa fenêtre pour rentrer dans sa vie, ils ont brisé sa vie pour le priver de fenêtre". La diction est encore timide et hésitante, mais la plume est soignée. L'image est parlante, la poésie présente et le texte déclamé. Il s'adresse à Imoleayo Adeyeun Michael, qui risque la prison pour avoir pris part au mouvement #EndSARS au Nigeria. "Il a réparé sa fenêtre pour refaire sa vie, il a refait sa vie en ouvrant la fenêtre". Toutes les histoires des 10 personnes emprisonnées à travers le monde ne finissent pas aussi bien.
"Notre jeunesse est dorée, la sienne est gâchée... Elle poursuit l'injustice, la justice la poursuit". Cette fois c'est le combat de Janna Jihad, adolescente journaliste vivant en Cisjordanie occupée qui est mis à l'honneur. 3 jeunes filles ont composé le texte. La parole rebondit entre elles.
Entre chaque petit groupe, tous les collégiens entonnent un refrain en anglais.
C'est la forme originale que le collège Benjamin Bord de Dun-le-Palestel a donné à sa participation à une campagne d'Amnesty International. L'idée de départ étant de donner un coup de projecteur sur 10 personnalités injustement emprisonnées.
Parmi elles il y a aussi Mikita Zalatarou, tout juste âgé de 16 ans lorsqu'il a été arrêté, accusé d’avoir jeté un cocktail Molotov durant une manifestation contre la réélection de Loukachenko en Biélorussie. Il a toujours réfuté ces accusations. Il a été détenu à l’isolement et aurait été torturé pendant cette période. Idriss et Eden lui ont consacré leur texte.
"On a fait quelques recherches sur Internet et sur le site d'Amnesty International. Je suis attristé pour Milita, je me dis que c'est pas juste et qu'il devrait être libéré".
Ces élèves ont dû appréhender le slam. Une discipline complexe mêlant textes poétique et déclamation. Une forme musicale qui se prête parfaitement bien à une dénonciation de l'injustice. Grand corps Malade, Abd El Malik et Govrache ont été des sources d'inspiration pour ces collégiens.
"C'était hyper intéressant. Y'avait plein d'univers, chaque ado à son univers ses mots à lui. L'idée c'était de coordonner tout ça. ça m'a permis d'avoir accès à ce qu'il ont au fond d'eux", explique le slameur installé en Creuse.
"Je leur ai demandé de mettre des idées sur le papier. Ce qui les indigne, on a travaillé autour des champs lexicaux de l'injustice. Ecrire sur ce genre de thème, c'est de l'engagement et le corps doit s'engager aussi. C'est ce qui est le plus difficile pour eux."
"L'enjeu est de sensibiliser les jeunes aux droits humains, c'est un des fondements d'Amnesty International" explique Dominique Duranton responsable locale de l'ONG.
Les textes vont être envoyés à Paris, dans les réseaux d'Amnesty International. Avec pour finalité d'arriver entre les mains de ceux pour qui ils ont été écrits, via les réseaux sociaux.