Alors que des dizaines d’agriculteurs sont encore rassemblés sur l’A20, sous le rond-point de la croisière, en Creuse, une autre fronde gronde ce dimanche 28 janvier 2024. Celle de centaines de routiers bloqués depuis une semaine sur l’autoroute.
Polonais, Lituaniens, Portugais, Espagnols… la situation impressionne. Sur l’autoroute A20, à huit kilomètres de la Souterraine, près de 300 routiers stationnent les uns derrière les autres. Bloqués par la mobilisation des agriculteurs.
Cela fait cinq jours que je suis là, cinq jours, s’énerve un routier espagnol. C’est injuste. Qu’ils aillent à Paris, au congrès, mais qu’ils laissent la route libre. Qu’ils laissent un couloir pour laisser circuler les camions et ne pas nous laisser là. Ici, on doit faire nos besoins dans la campagne !
Blas Rueda Seguraroutier espagnol
Sans douche, sans toilettes à proximité. Ces chauffeurs poids lourd trouvent le temps long. Ils fulminent.
Je pense que les agriculteurs réclament des choses justes pour eux, mais je crois qu’ils ne pensent pas aux autres. Aux centaines de routiers qui sont ici. On est en train de vivre comme des chiens et encore, les chiens vivent mieux que nous.
Gennadiy Lyovinroutier espagnol
Dans leurs camions, ils possèdent de l’eau, de la nourriture, mais certains commencent à en manquer. Ils s’ennuient et préparer des repas chauds depuis leurs cabines est compliqué.
Pour se ravitailler, une grande surface se trouve à la Souterraine, à huit kilomètres de l’endroit où ils stationnent. Heureusement, à quatre kilomètres, il y a Valérie Geneton. La commerçante de Saint-Maurice-la-Souterraine modifie ses horaires pour répondre aux besoins de ces transporteurs. "Je suis ouverte en journée continue depuis jeudi pour les dépanner. Il faut être présent pour eux, il faut les aider. Je ne suis pas ouverte le dimanche normalement, mais aujourd’hui si."
Dans l’épicerie de Valérie, ils viennent boire un verre, acheter du pain et d’autres victuailles. A Saint-Maurice-la-Souterraine, les douches et les toilettes du club de football leur ont été ouvertes. Un refuge précieux pour ces naufragés de la route qui ne reçoivent aucune aide de l’Etat, ni d’associations humanitaires."Ici, personne ne se préoccupe de nous. Personne ne passe. Personne ne nous demande si nous avons besoin de quelque chose. Personne ne sait rien. Nous n’avons aucune information" se désespère Gennadiy Lyovin, routier espagnol.
Beaucoup sont payés au kilomètre alors rester ici immobilisé représente un manque à gagner certain, environ une centaine d’euros en moins par jour. Ce soir, des blocages sont levés. Une partie d’entre eux devraient pouvoir reprendre la route, mais ils se demandent jusqu’où, ils pourront aller.