Niveaux scolaire en Creuse : évaluer ou évoluer ?

La Creuse a reçu la visite d’une délégation d’inspecteurs généraux le 11 et 12 janvier 2021. Pour quelle raison ? Parce que le département a tendance à bouder les évaluations nationales CP et CE1, mises en place par Jean-Michel Blanquer depuis 2017.

Depuis 2017, les élèves de CP et de CE1 sont soumis à des évaluations dont les résultats sont communiqués au ministère de l'Éducation nationale afin d'apprécier les acquis en français et en mathématique. La Corrèze et la Haute-Vienne remontent à 100 % leurs résultats, mais le taux de remontée en Creuse plafonne à 85 %. Le département serait-il un mauvais élève ? Plutôt le village gaulois. Ces évaluations sont parfois mal perçues par les enseignants, qui les voient comme "chronophages, fastidieuses, anxiogènes, mal adaptées ou inutiles", souligne le SNUipp.

Alors, coté syndicat, on relativise. D’une part, ces 15 % manquant ne représentent que peu d’élèves. D’autre part, point n’est besoin d’enquêter pour connaître les raisons des difficultés scolaires, elles sont liées au contexte local : manque d’enseignants et de remplaçants, RASED  (Réseaux d'Aides Spécialisées aux Elèves en Difficulté) surchargés, plus de maîtres G, qui prennent en charge les difficultés scolaires d’ordre relationnelles. Bref, la Creuse manque de moyens, et plus particulièrement pour les élèves les plus fragiles, voilà ce que les délégués syndicaux n’ont pas manqué de dire en début de semaine aux deux inspecteurs parisiens.

D’autant qu’il y a urgence à faire remonter la problématique creusoise à Paris, car la Creuse déjà mal lotie, pourrait encore rendre (donc perdre) des postes, lors de la répartition des moyens alloués à l’académie, lors du prochain comité technique paritaire, le 18 janvier d'autant que l’académie ne devrait récupérer aucun poste supplémentaire.

Mais pourquoi la Creuse ferait-elle les frais des répartitions de postes ? Par une logique de chiffre et ce fameux rapport P/E qui fait référence : le nombre de professeurs pour 100 élèves.

En Creuse, il est de 7,33 soit le taux le plus élevé du Limousin. Mais malgré la légère augmentation par rapport à 2019 (7,16) il reste jugé très suffisant par les syndicats. S’il faut comparer ce qui est comparable, alors filons en Lozère, département encore plus rural que la Creuse : là, le rapport P/E est de 9,25. En ramenant ce taux au département de la Creuse, cela ferait 165 enseignants de plus. Les syndicats n’en demandent pas tant : une cinquantaine suffirait pour regonfler les brigades de remplaçants, les RASED, et remettre des maitres G aux côtés des élèves fragiles.

Donc, tant qu’à faire des évaluations nationales pour cibler les difficultés des élèves, autant apporter des solutions pour réduire ces difficultés. C'est en tout cas le cheval de bataille du SNUipp, qui appelle à une mobilisation d'ici à la fin de ce mois de janvier. 

 

Repères : 

Au niveau national, le taux d'encadrement (P/E) est de 5,82. Le ministère annonce, pour la rentrée 2021, vouloir renforcer spécifiquement les taux d’encadrement dans les territoires ruraux.

Selon l'académie de Limoges, les taux d'encadrement dans le premier degré se sont améliorés entre 2019 et 2020 : 

  • Haute-Vienne : 6,07 en 2019 - 6,20 en 2020
  • Corrèze : 5,9 en 2019 - 6,06 en 2020
  • Creuse : 7,16 en 2019 - 7,33 en 2020

Une baisse d’effectifs de 740 élèves mais une augmentation de 25 postes dans l’académie répartis comme suit :

  • Haute-Vienne : + 12 emplois
  • Corrèze : + 8
  • Creuse : + 5

 

 

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