Le sanctuaire d’Aiseirigh accueille des chiens qui ne sont pas adoptables pour leur éviter d’être euthanasiés. Mais ces animaux sont en surnombre et certains d’entre eux sont atteints d’une zoonose très rare en France. Alors la préfecture a donné un délai de 6 mois aux fondateurs pour régler les différents problèmes.
Pour accéder au sanctuaire d’Aiseirigh, il faut emprunter un petit chemin qui conduit à un terrain perdu en pleine campagne sur la commune de la Celle-Sous-Gouzon (23). Julie Nicolas est la responsable de ce lieu créé en 2013. 180 chiens vivent ici. Ils ne sont pas adoptables, et pour eux, ce refuge est devenu la seule alternative en dehors de l’euthanasie.
Ils ont mordu leurs propriétaires, n’ont reçu aucune éducation ou ont vécu à l’état sauvage. Ils nous ont souvent été confiés par décision de justice ou par des SPA partout en France.
Julie Nicolas, Responsable du sanctuaire d’Aiseirigh
Julie et son conjoint vivent sur ce terrain sans eau ni électricité avec leurs deux enfants. Ils sont passionnés par les chiens de grande taille. Ils parviennent à faire vivre tant bien que mal leur association grâce à des dons ponctuels et des cagnottes en ligne.
Pour nourrir tous leurs compagnons à quatre pattes, ils achètent chaque semaine 500 kilos de viande dans un abattoir pour 500 euros.
Quand les chiens ont besoin de soins, ils font appellent à un vétérinaire. Julie Dumas nous avoue qu’ils ont une dette de près de 5000 euros chez ce dernier.
Brucellose canine
Il y a quelque temps, le sanctuaire d’Aiseirigh s’est vu confier 15 chiens atteints de Brucellose canine. Cette zoonose rare est due à une bactérie extrêmement résistante au milieu extérieur. La maladie est quasiment impossible à guérir chez le chien. La stérilisation chirurgicale ou l’euthanasie sont conseillées.
Julie Dumas a choisi de faire stériliser ses chiens, puisque la bactérie se transmet essentiellement par les sécrétions ou liquides sexuels.
Elle est potentiellement transmissible aux êtres humains quand ils sont immunodéprimés.
Les services vétérinaires de la Creuse ont donc imposé de nombreuses mesures de sécurité nouvelles au sanctuaire, comme l’isolement strict des animaux infectés et le nettoyage des enclos.
On a testé les 50 chiens qui sont les plus près des chiens infectés. Ils sont négatifs. La préfecture de la Creuse nous demande d’aller au-delà en testant la totalité des chiens deux fois à 6 semaines d’intervalle, ce qui est impossible. Je rappelle que ces chiens sont là parce qu’ils ne supportent pas la contrainte.
Julie Nicolas, Responsable du sanctuaire d’Aiseirigh
Si grâce à la stérilisation des chiens malades, la transmission de la maladie est peu probable, le voisinage du sanctuaire est inquiet.
Selon Mickaël Jouanetton, maire de la Celle-Sous-Gouzon, « Il arrive que des chiens de chez eux se baladent dans les champs alentours. S’ils croisent le pauvre chien du voisin, ça peut être contagieux »
Arrêtés préfectoraux
Le sanctuaire d’Aiseirigh est ainsi sous le coup de deux arrêtés préfectoraux (1er arrêté, 2d arrêté) qui l’obligent à se mettre en conformité avant le 15 août 2023.
Il compte 180 chiens pour un nombre maximal autorisé de 100. Avec l’aide d’un avocat, Julie Nicolas monte en ce moment un dossier qui pourrait lui permettre d’accueillir davantage d’animaux, mais elle craint que les services vétérinaires finissent par agir de manière radicale : « Ce qui va arriver, c’est une euthanasie massive des chiens. Pour nous, c’est impossible. On fera tout ce qui est en notre pouvoir pour l’empêcher. On ira jusqu’à la grève de la faim ou s’enchaîner aux grilles de la préfecture. On fera une surmédiatisation, on fera une pétition. On fera venir nos soutiens ».
La direction des services vétérinaires de la Creuse assure qu’elle souhaite trouver un compromis et en aucun cas se débarrasser de tous les pensionnaires du sanctuaire. Selon Emmanuelle Stil, sa directrice, « On demande juste une diminution du nombre d’animaux, d’un certain nombre d’animaux qui ont été confiés par des SPA un peu partout en France puissent repartir dans ces SPA. On laisse du temps au sanctuaire pour cela, de façon à ce qu’on revienne à un nombre d’animaux raisonnable ».