Julie Nicolas et François Garçaut sont amoureux fous d’animaux. Ils ont créé leur sanctuaire où il accueillent une centaine d’animaux. Principalement des chiens-loups, mais également des équidés et des chats. Des animaux, qui sans eux, étaient tous voués à une mort certaine.
Le Sanctuaire d’Aiseirigh à Lacelle-sous-Gouzon en Creuse. Un sanctuaire. Pas un refuge. Le terme a une importance primordiale parce qu’ici on ne replace pas les chiens, on ne leur cherche pas une nouvelle famille. Ils finiront leur vie, paisiblement, sereinement, auprès de Julie Nicolas et François Garçaut.
“Ce qu’il faut bien comprendre, c’est que lorsqu’ils arrivent chez nous, ces chiens sont déjà passés par des comportementalistes, des vétérinaires et que rien n’a fonctionné. Il s’agit pour la plupart de chiens qui ont mordu. Classés 3 voire 4/4 en termes de dangerosité par les vétérinaires.” Précise Julie Nicolas.
Des chiens-loups ? Qu’est ce que c’est ?
Il existe en France deux races officielles de chiens-loups, reconnues par la Société Centrale Canine. Le chien-loup tchécoslovaque et le chien-loup de Sarloos. Le “chien-loup italien”, le “chien-loup américain”, le “chien-loup européen”, sont également des races hybrides non reconnues par la société centrale canine en France.
Des races hybrides donc… Cela signifie que ces chiens sont issus de croisements entre des chiens (des bergers allemands entre autres) et des loups. Avec un pourcentage de sang de loup pouvant aller officiellement jusqu’à 25%.
Alors oui ils sont beaux, oui ils sont à la mode, mais non ce ne sont pas des chiens comme les autres. Non l’éducation, la vie de famille et tout l’amour que vous pourrez leur porter ne les rendront pas aussi faciles à vivre qu’un bichon ou qu’un golden retriever. Ils sont instinctivement plus méfiants, plus fugueurs, acceptent plus difficilement la contrainte et ont une tendance forte à la prédation.
“Leur problème c’est leur hybridation. Ce ne sont ni des chiens, ni des loups. Ils n’ont pas le comportement d’un chien, ni celui d’un loup. Ce sont des entités à part entière, toujours entre les deux et c’est pour cela qu’ils ne parviennent pas à trouver leur place dans une famille ou auprès des autres animaux.” explique François Garcaut. “Cela leur confère une certaine instabilité. Tout peut bien se passer pendant des années et d’un coup il peut y avoir quelque chose qui va faire que le propriétaire ne va pas reconnaître son chien. Beaucoup d'interactions peuvent conduire à cela. Mais à un moment le chien peut perdre son référent humain, l’homme va penser qu’il “pète un plomb” mais en fait le chien agit pour se protéger, en accord avec son instinct.”
Leur offrir une nouvelle vie, plus adaptée
Au Sanctuaire d’Aiseirigh Julie et François acceptent ces chiens comme ils sont. Avec leur passé souvent très chargé. Ils ont mordus, ils sont très méfiants, inadaptés à la vie de famille mais ici ils sont bien. Le nom d’Aiseirigh signifie d’ailleurs “renaissance” en gaélique. “Ici ils n’ont plus aucune des contraintes qui les ont conduit à avoir un comportement dangereux. Ils se sentent donc bien. Notre objectif est de leur apporter la stabilité dont ils ont besoin, qu’ils soient apaisés. Aucun chien ne vit seul, ils sont au minimum en couple. Tous sont stérilisés bien évidemment.” précise Julie.
La structure est l’une des seules d’Europe à être spécialisée dans l’accueil de ces chiens. Les chiens-loups qui y vivent, viennent de toute la France et même de pays frontaliers pour certains. Ce sont des associations mais également des vétérinaires qui les dirigent vers Julie et Nicolas. “Si nous avons des demandes de prise en charge pour des chiens qui n’ont pas de problème de comportement et qui peuvent tout à fait être replacés nous dirigeons vers d’autres associations.” indique Julie.
Le sanctuaire héberge également plusieurs chiens de races nordiques. "Ce sont des chiens de travail pur, créés par l'homme pour tracter et s'ils ne travaillent pas, ne courent pas, ils vont aller galoper seuls et s'ils trouvent des moutons sur leur passage, l'instinct va vite reprendre le dessus. Ils doivent également être parfaitement sociabilisés." François Garçaut.
Des chiens, mais aussi des équidés et des chats
L’association accueille également dix équidés. Des animaux qui étaient pour la plupart destinés à la boucherie. Ils paissent désormais librement sur les 10 hectares du sanctuaire. Une vingtaine de chats vient compléter le tableau.
Des minets qui eux non plus ne sont pas adoptables. “Ce sont des chats qui pour la plupart nous ont été confiés par des associations qui ne pouvaient pas leur trouver de foyer, car ils étaient trop agressifs, trop sauvages, pas adaptés eux non plus à une vie de famille. Les tous derniers arrivés nous ont été confiés par la LPA du Nord-Pas-de-Calais. Ils vivent ici tranquilles tous ensemble.”
On peut aider ?
Julie Nicolas et François Garçaut ont fondé l’association avec Cécilia Sanchez qui vit dans le sud de la France. Julie et Nicolas sont donc seuls à s’occuper des animaux sur place.
Les offres de bénévolat sont nombreuses, mais le couple doit malheureusement les refuser.
“Le sanctuaire c’est aussi notre lieu de vie, nous avons construit notre maison au milieu des enclos des chiens. Nous vivons là avec nos enfants, notre intimité, c’est donc très compliqué pour nous qu’il y ait des allées et venues.” explique Julie. “En fait on est comme n’importe quelle famille dans n’importe quelle maison, mais nous avons plusieurs jardins, avec plusieurs chiens dedans. Ce sont nos chiens. Ils peuvent tous nous voir toute la journée depuis leur enclos. On est là pour eux.” renchérit François.
En revanche l’association peut bénéficier d’aides financières. Elle fonctionne actuellement grâce à une subvention de la mairie de La-Celle-sous-Gouzon, grâce à des financements de la Fondation Brigitte Bardot également mais il est possible à tous de la soutenir par l’envoi de dons d'argent ou de matériel pour construire de nouveaux enclos, ou des niches par exemple.
Le Sanctuaire d'Aiseirigh, 6 La Goutte, 23230 La Celle-sous-Gouzon