La Souterraine Industry (LSI), anciennement GM&S, pourrait ne pas sortir indemne de la crise économique liée au Coronavirus. Déjà fragilisé par plusieurs dépôts de bilan, l'équimentier automobile tourne au ralenti. Les salariés craignent que l'usine soit sacrifiée.
Comme la plupart des sous-traitants du secteur automobile, l'entreprise LSI à La Souterraine avait cessé toute activité de production le 17 mars 2020, lors de l'entrée dans le confinement. Ses principaux clients, Renault et PSA, étaient eux aussi à l'arrêt. Pendant deux mois, les 116 salariés de l'usine creusoise ont été placés en chômage partiel, avec une perte financière estimée pour chacun à 400 € par mois en moyenne, en tenant compte de la suppression des primes.
A LSI, l'activité a pu reprendre il y a un mois, mais très progressivement, avec une poignée de salariés la première semaine, puis 12, puis 35, et aujourd'hui une cinquantaine, soit la moitié de l'effectif. Les salariés ont été répartis en deux groupes, travaillant chacun une semaine sur deux. A l'intérieur de l'usine, seules trois presses sur quinze sont en fonctionnement. La production tourne au ralenti, car les commandes ne sont pas au rendez-vous.
On n'a pas repris complètement, mais ce n'est pas lié au Covid. Depuis le début d'année, on a un chiffre d'affaires très en baisse par rapport à ce qui était prévu pour 2020. 18 millions d'euros au départ, rabaissés à 16, et maintenant avec l'effet Covid, on serait plus sur 10 ou 11. [Patrick Brun, délégué CGT]
Sacrifiés sur l'autel du Coronavirus ?
Depuis la reprise de GM&S par le groupe GMD en septembre 2017, l'engagement de Renault et PSA d'assurer un volume de commandes de 22 millions d'euros par an n'a jamais été tenu. Cette année, la crise du Coronavirus et ses conséquences sur le secteur automobile accroissent les difficultés. Mais n'expliquent pas tout non plus.
Selon les salariés de LSI, alors que leur usine tourne au ralenti, les trois autres sites français du groupe GMD dans le même secteur fonctionnent à plein régime, et seraient même en surchage, avec recours à des intérimaires et allongement de la durée de temps de travail de 35 à 38h.
Joint par téléphone, Alain Martineau, le PDG du groupe, ne confirme pas cette information.
Nous, on est complètement tributaires de nos clients. C'est la reprise qui se passe doucement. Dans tous nos sites, les volumes ne sont pas encore au rendez-vous. On est à 50% en moyenne. Effectivement, certains sites fonctionnent plus que d'autres, mais ça dépend uniquement des commandes, des modèles sur lesquels ils sont, des lignes de production des clients. Il n'y a pas de volonté de ne pas faire travailler LSI. [Alain Martineau, PDG du groupe GMD]
Et c'est pourtant bien ce que craignent les salariés de l'usine creusoise, qui se sont vus imposer, lors de la reprise, de ne travailler que sur des outils doublés afin de ne pas pénaliser les clients en cas d'arrêt de la production. En clair, toutes les pièces fabriquées par LSI sont également produites dans une autre usine du groupe, avec le risque que le constructeur choisisse de transférer la production.
Oui, nous craignons que LSI soit sacrifiée. On pense que LSI a été une machine à prendre des subventions pour le groupe GMD. Mais c'est un jeu très dangereux, car nous allons en subir les conséquences. En fin d'année, on craint le pire. Mais croyez-moi, on s'est déjà battus pour garder le site et on le refera. [Patrick Brun, délégué CGT]