Les salariés LSI, ex GM&S, ont appris il y a quelques jours que le groupe qui les détient, en déficit, fait l'objet de deux propositions de rachat. L'une, chinoise, ne semble pas très aboutie. L'autre, issue d'un fonds d'investissement dirigé par le milliardaire Pierre-Edouard Stérin, laisse les salariés sceptiques à La Souterraine en Creuse.
"Pierre-Edouard Stérin n'est pas du tout dans la branche automobile, il est plutôt dans l'événementiel, les livres. Est-ce qu'il va rapporter du travail, est-ce qu'il va faire quelque chose, je ne sais pas", s'interroge Gilbert Aucharles, salarié retraité de LSI et toujours membre de l'association de soutien aux GM&S.
Il y a une grosse inquiétude chez les salariés.
Nourredine Kaabachereprésentant syndical CFTC chez LSI
Repris en 2017 par le groupe GMD pour devenir "LSI", l'ex GM&S, emblématique sous-traitant automobile de la Souterraine, est de nouveau menacé. Victime lui aussi des difficultés de l'industrie automobile, l'équipementier français GMD qui compte 47 sites dans quatorze pays, est aujourd'hui à vendre.
La proposition du milliardaire, proche de l’extrême droite, Pierre-Edouard Stérin, via sa holding d'investissements privée Otium, est la plus aboutie pour reprendre le groupe, en déficit de 360 millions d'euros.
Un projet de reprise qui ne rassure guère les salariés creusois, au chômage partiel depuis plus de deux mois : "Tout ce qui est stratégie d'entreprise, tout ce qui est social, investissement, je ne vous cache pas qu'il y a une grosse inquiétude chez les salariés" déclare le représentant CFTC Noureddine Kaabache.
Des salariés prêts à se battre à nouveau
Il y a 7 ans, les 600 salariés du site de la Souterraine avaient menacé de faire sauter leur usine. Aujourd'hui, ils ne sont plus que 82 employés à LSI, mais la détermination à sauver l'activité semble intacte : "Si d'aventure, le site de la Souterraine était mis en cause ou en péril, si sa pérennité était menacée, on se retrouverait dans la situation dans laquelle on s'est retrouvé il y a sept ans, et les mêmes causes produisant les mêmes effets, je peux vous garantir que les salariés de la Souterraine risquent d'avoir une réaction déterminée" prévient l'avocat des salariés de LSI, Jean-Louis Borie.
Une offre en bonne voie
Interrogé le 18 septembre dernier, le PDG du groupe GMD Alain Martineau, âgé de 77 ans, n'était guère optimiste sur les possibilités de reconversion de l'usine LSI. Ce 25 octobre, il confirme que l’offre d’Otium est en bonne voie : "Ils sont en train de négocier avec les banques. Une fois que ce sera terminé, il y a un côté mise en œuvre, il faut qu'ils présentent un plan stratégique aux salariés. C'est une affaire de trois mois", estime Alain Martineau.
À l’origine des coffrets cadeaux Smartbox qui ont fait son succès dans les années 2000, l'homme d'affaires normand Pierre-Edouard Stérin, âgé de 50 ans, a tenté de racheter la maison d'édition Editis et le magazine Marianne en 2023. Classé 94ᵉ fortune de France par l’hebdomadaire Challenges, le milliardaire est exilé fiscal en Belgique depuis l'élection de François Hollande en 2012. L'objectif de sa société Otium est d’optimiser les fonds d’investissement qui lui sont confiés.
Les représentants syndicaux de LSI ont rencontré ce 22 octobre à Bercy un responsable d’Otium. Ils doivent le revoir le 30 octobre.
Article écrit avec Cécile Descubes