"Le groupe est à vendre" : sept ans après avoir menacé de faire sauter leur usine, les salariés de LSI, ex GM&S, de nouveau dans l'incertitude

Ils avaient menacé de faire sauter leur usine en 2017. Finalement, l'entreprise avait été reprise par le groupe GMD pour devenir "LSI". L'emblématique sous-traitant automobile de la Souterraine (Creuse) semble aujourd'hui de nouveau menacée. Le site emploie actuellement 82 salariés, inquiets pour leur avenir, et bien décidés à se battre à nouveau.

"Je devais partir à la retraite en 2025, j'ai pris neuf mois supplémentaires avec la loi retraite de Monsieur Macron, donc maintenant, ce sera juillet 2026, je ne suis pas au bout", constate Patrick Brun, délégué CGT chez LSI.

Employé depuis 41 ans sur le site de la Souterraine, il est fatigué de ces années de labeur, triste aussi de voir les difficultés qui minent à nouveau son entreprise. La retraite lui paraît d’autant plus loin qu’il n'est pas sûr de travailler jusque-là.

À vendre

Finis les contrats PSA, finies les commandes automobiles. Seul Air Liquide assure un minimum d’activité pérenne à l'entreprise creusoise. À courte échéance, c’est l’avenir du site qui est en jeu.

"Le groupe est à vendre, on est tributaire d'acheteurs ou pas. On est au jour le jour en ce moment. On chôme déjà les vendredis, on est très inquiets pour les mois qui arrivent. On voit bien que le chiffre d’affaires baisse, on est en train de manger notre trésorerie, et vu comme c'est parti, ça ne va pas durer longtemps", s'alarme Dominique Lacherade, technicien à l'atelier soudure.

Une lente dégradation

En difficulté en 2017, le site de la Souterraine avait alors été repris par le groupe GMD, 600 employés travaillaient alors sur le site de la Souterraine, pour faire tourner quatorze presses. Un sauvetage après une période de grande tension où les salariés avaient même menacé de faire sauter l'usine.  

Aujourd’hui, après la crise covid et les inquiétudes en 2020, après avoir reçu le soutien de l'état en 2021, et un espoir de commandes en 2022, seules quatre de ces machines fonctionnent, et encore, pas à plein temps. Et il ne reste que 82 salariés, dont la moyenne d’âge est de 57 ans.

"Il n'a jamais été brillant l'avenir. Ils étaient 600 il y a dix ans, aujourd’hui, ils sont quatre-vingts, c'est une lente dégradation. Nous, on a été clairs dès le départ quand on a repris l'activité. On est des sous-traitants automobiles, on ne sait pas faire de la diversification d'activité", se justifie le PDG de GMD, Alain Martineau.

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Difficile d'imaginer une reconversion du site

Victime lui aussi des difficultés de l'industrie automobile, l'équipementier français qui compte 47 sites dans quatorze pays, est aujourd'hui à vendre. Son PDG affirme qu’en cas de reprise du groupe, la filiale LSI fera bien partie du lot.

Mais Alain Martineau ne se voile pas la face : le site est surdimensionné, mal situé. Pour le sauver, il faudrait le reconvertir : "Il faut trouver d'autres débouchés, mais c'est compliqué. Ce sont des machines et des hommes qui travaillent pour l'automobile, qui produisent 1 000 pièces à l'heure. Quels sont les marchés où il y a besoin de 1 000 pièces à l'heure ?", s'interroge-t-il, sans avoir de réponse à apporter.

On va se battre !

Dominique Lacherade

technicien à l'atelier soudure LSI

 Le groupe GMD est en train d’élaborer un CV du site de la Souterraine, afin de mieux cibler son potentiel. Quant aux salariés, ils se préparent à l’action, pour tenter de sauver leur usine, une nouvelle fois.

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