Jean-Baptiste Moreau présentait ce mercredi 5 mai 2021 à l'Assemblée Nationale le troisième et dernier volet de la mission parlementaire sur l'usage du cannabis, dont il est le rapporteur. Les députés préconisent la fin du "tout répréssif" pour le cannabis récréatif.
Après les deux premiers rapports sur le cannabis thérapeutique (en novembre) et sur la filière du "chanvre bien-être" (en février), la mission d'information sur la réglementation et l'impact des différents usages du cannabis, dont le député LREM de la Creuse Jean-Baptiste Moreau est le rapporteur, présentait ce mercredi 5 mai à l'Assemblée Nationale le troisième et dernier volet, sur le sujet le plus explosif : le cannabis récréatif.
Faut-il ou non légaliser son usage en France, comme de nombreux pays l'ont déjà fait ?
C'est ce que prône Jean-Baptiste Moreau, le rapporteur de la mission, en rappelant que la France est le plus gros consommateur de cannabis en Europe (5 millions d'usagers annuels, 900 000 fumeurs quotidiens). La consommation des mineurs notamment, même en léger recul, reste deux fois supérieure à la moyenne européenne.
Pour une légalisation encadrée
Le rapport - sur lequel ont travaillé pendant plus de six mois des députés de tous bords, en consultant une centaine de spécialistes (médecins, policiers, magistrats, chercheurs...) - a été présenté ce mercredi après-midi à l'Assemblée Nationale.
Il préconise une légalisation du cannabis à usage récréatif encadrée par l'Etat, avec deux objectifs : reprendre le contrôle face aux trafiquants et mieux protéger les mineurs.
Selon ses défenseurs, la légalisation permettrait d'encadrer les prix et de contrôler la qualité des produits, notamment leur composition (le taux de THC, la substance stupéfiante et psychotrope).
Les parlementaires souhaitent faire "respecter l'interdit de vente aux mineurs" et proposer des "démarches de réinsertion" aux dealers.
En cas de légalisation, les recettes fiscales pourraient atteindre 2 milliards d'euros, dont une partie servirait à financer des programmes de prévention auprès des jeunes.
Invité en direct dans notre journal de 19h, Jean-Baptiste Moreau argumente : "Les politiques publiques sont en échec depuis 40 ans. On a sans cesse augmenté la consommation de cannabis et les trafics malgré les moyens toujours plus colossaux mis en place. Il faut changer de paradigme, pour faire ce qu'a pu faire le Canada, qui a légalisé il y a 2 ans, et où la consommation chez les mineurs a baissé et le marché noir s'est réduit de 40%."
Macron en desaccord
Le Président Emmanuel Macron, qui a récemment fait de l'éradication du trafic de stupéfiants "la mère des batailles", ne cache pas son desaccord avec cette analyse. Dans une interview accordée récemment au Figaro, il affirme en tançant directement le député de sa majorité : "A l'inverse de ceux qui prônent la dépénalisation généralisée, je crois que les stups ont besoin d'un coup de frein, pas d'un coup de pub !"
Le ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin, s'était également fermement opposé à toute légalisation.
Le Président suggère plutôt l'organisation d'un "Grand débat national sur la consommation de drogue et ses effets délétères". Un débat citoyen que Jean-Baptiste Moreau attend avec impatience, même si aucune date n'est avancée à ce jour.
La Creuse directement concernée
Le département de la Creuse se positionne clairement sur le marché de la production de cannabis. L'agriculteur Jouany Chatou, installé à Pigerolles, a déjà lancé la culture de cannabis, au départ dans le cadre d'un projet d'expérimentation thérapeutique, mais aujourd'hui plus dans une optique d'usage bien-être (pommades et huiles essentielles).
En défendant le cannabis récréatif, Jean-Baptiste Moreau a peut-être en tête, là-aussi, le développement d'une future filière de production en Creuse.