VIDÉO. On les appelait les casse-cailloux : rencontre avec Daniel Delprato descendant de tailleurs de pierre

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Daniel Delprato, avec sa massette et son burin, il est une des mémoires vivantes du village de Masgot en Creuse.
Rencontre avec Daniel Delprato, tailleur de pierre, ancien professeur au LMB de Felletin, à l'origine de la redécouverte du village sculpté de Masgot en Creuse dont on célèbre cette année le quarantième anniversaire. ©Frédérique Bordes - France Télévisions

L'endroit est l’un des sites les plus étonnants du Limousin : le village de Masgot en Creuse, sur la commune de Fransèches, redécouvert il y a tout juste, 40 ans. C’est un véritable bijou que l’on doit à François Michaud, l’un des grands sculpteurs naïfs. Rencontre avec celui qui est à l’origine de sa redécouverte.

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« À l'âge de dix ou onze ans, je m'amusais à tailler la pierre », confie Daniel Delprato ce jour-là dans son village de Masgot. On les appelait les casse-cailloux, ou encore les cogneurs de granit. Daniel Delprato est le descendant d’une famille de tailleurs de pierre italiens immigrés en Creuse, réputés être les seuls à savoir tailler cette roche locale très coriace.

« Mon père était tâcheron, tailleur de pierre. Il taillait les bordures de trottoir. Donc, ce n’est pas du tout de la restauration de monument historique. Mais en fin de compte, pour avoir le geste du tailleur de pierre, pour les bordures de trottoir, il fallait taper très très fort. Et c’est vrai que tout jeune, quand j’ai eu dix, onze ans, je prenais la massette et je tapais sur les bordures de trottoir déjà », se vient Daniel Delprato.

Il intègre ensuite le Lycée des Métiers du Bâtiment de Felletin, d’abord en tant qu’élève, puis comme enseignant. « A Felletin, nous, on faisait tailleur que du granit au départ, pour que les élèves attrapent le geste beaucoup plus rapidement. Le granit au départ, ça rebute un peu, mais c’est la bonne école. Si on sait tailler le granit, on sait tailler toute nature de roche après. »

Au milieu des années 70, Daniel Delprato découvre le village de Masgot. Il ne le quittera plus jamais. « Le village de Masgot était un peu retiré. D’ailleurs, les habitants, on les appelait les « Gaulois », les gens de l’extérieur, se souvient Daniel Delprato dans un sourire. « Quand j’ai vu la deuxième maison de Michaud, Claude François, je me suis dit, c’est remarquable ! Je pose la question au conseil municipal, je leur dis qu’il y a l’œuvre de Michaud, il y a quelque chose à faire dans ce village. Alors bon, les conseillers, réfléchissait et tout ».

Un long chemin pour convaincre

Car au départ, il y avait de la réticence. « Bien sûr ! Ils se demandaient pourquoi récupérer ces sculptures qui n’existaient plus pour eux ! Mais je leur ai expliqué qu’on pouvait les remettre en place. Faire de la communication, et essayer de lancer des projets intéressants pour le village. » Une initiative qui n'enthousiasmait pas beaucoup de monde à l'époque. « Pourquoi pas, m’a-t-on expliqué, mais s’il passe trop de monde, après, on va être volé, etc. ! »

De 1983 à 1985, Daniel Delprato fait des médiations, avec les gens du village, pour essayer de restaurer les sculptures, de les récupérer. Ils ont commencé par défricher le jardin, parce qu’elles étaient enfouies sous la terre. Avec des ronces partout. « Au bout de deux ans, j’ai réussi à récupérer les sculptures. On les avait rangées dans la grange de Raymond Arthur, arrière-petit-fils du sculpteur. Et là, on les a laissées sécher. On les a restaurées tant bien que mal. »

Une redécouverte

 Le Limousin a donc pu découvrir, à ce moment-là, les œuvres naïves des maçons creusois. À Masgot, François Michaud est partout, sur les maisons, sur les murs, dans les champs et dans les ruelles. « Les tailleurs de pierre, on les avait mis dans une grange, partout dans les étables. Ils taillaient devant le public. Sans trop de publicité, sont passées à peu près 1200 personnes, en une journée et demie. Du coup, les gens du village se sont aperçus qu’on pouvait faire quelque chose avec l’œuvre de Michaud », se satisfait Daniel Delprato.

Un succès jamais démenti depuis. 35 000 personnes visitent le village de Masgot chaque année. 

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