Dans "Un air de famille", l'artiste poitevin Guillaume Chiron présente une galerie de portraits construits à partir de la technique du collage. De ses associations improbables d'images percent des constructions pleines d'humour qui disent la superficialité du monde contemporain. Pièce maîtresse de l'exposition au château de Oiron (Deux-Sèvres), "La grotte", présente un crâne dans lequel le visiteur va déambuler.

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"C'est comment cet éclairage", lance une voix depuis les profondeurs de "La grotte", l'une des œuvres que présente Guillaume Chiron au château de Oiron, dans les Deux-Sèvres, à partir de ce samedi 19 octobre, dans son exposition "Un air de famille" ? "C'est pas mal, je trouve", lui répond Chiron depuis la salle d'exposition, à bonne distance pour apprécier le rendu à hauteur de visiteur.

"La grotte" se présente comme une tête de mort couronnée d'une perruque de femme dont le corps est habillé d'un pull chic. L'œuvre se révèle une construction, le crâne, une illusion reconstruite à l'aide de structures en bois découpées et disposées derrière son ouverture dont Guillaume Chiron finalise ce jour-là l'éclairage avec Anthony Bonnin, un ami rencontré au Confort Moderne de Poitiers et avec qui il collabore depuis des années. 

Illusion saisissante 

"C'est un dispositif illusionniste réalisé dans l'esprit du tableau d'Hans Holbein le Jeune, Les Ambassadeurs, explique Anthony Bonnin. Comme pour le chef-d'œuvre de la Renaissance, le crâne est une anamorphose et ne se révèle que depuis un point de vue de l'exposition, permettant le bon alignement des perspectives."

L'effet est saisissant. L'œuvre s'impose comme l'un des moments forts de l'exposition. Elle surprend d'autant plus que le spectateur a la possibilité… de déambuler à l'intérieur ! 

Par un passage dérobé, une ouverture qui se soulève, le visiteur se glisse derrière les murs de l'exposition, suit un couloir sombre jusqu'à pénétrer dans la structure de l'œuvre. Du bois découpé se dessinent des rochers, éclairés, pour récréer l'illusion visuelle. Mais à l'intérieur, le spectateur vit une tout autre expérience : il contemple le cœur d'une sculpture. 

"Ce n'est pas juste une anamorphose, poursuit Antony Bonnin. Le lien se fait entre l'intérieur et l'extérieur de l'œuvre."

L'installation a été recréée à partir d'une modélisation en trois dimensions sur laquelle l'artiste a cherché "à faire coïncider la première image de la chevelure avec une autre image plus lointaine, grossie. On a ensuite réalisé les calculs pour remettre chaque plan dans l'espace, comme si on revenait à l'image deux dimensions en trois dimensions", explique Guillaume Chiron.

Reconnaissance

Cette œuvre a bénéficié d'une aide à la création du Centre national des arts plastiques (CNAP). Le soutien du CNAP témoigne d'une "reconnaissance" du travail de Chiron, assure Anthony Bonnin. "C'est un adoubement du travail de Guillaume. Le monde un peu fermé des arts plastiques s'ouvre."

L'œuvre a été créée spécifiquement pour le château qui l'accueille. L'exposition "Un air de famille" a ensuite été imaginée autour, "conçue pour le lieu", elle aussi, précise Guillaume Chiron.

"Il y a une cohérence à avoir cette exposition ici, renchérit Jean-Luc Meslet, administrateur délégué du château de Oiron. La question des jeux visuels, de l'anamorphose, est un thème structurant de la collection d'art contemporain qui est au château depuis trente ans." À travers notamment les œuvres de Felice Varini ou Markus Raetz.

 

Autour de "La grotte", Guillaume Chiron décline sa thématique de l'air de famille à travers une série de portraits, idéal dans un décor de château, lieu où les anciens propriétaires accrochaient leurs portraits pour la postérité.

Collages

Le visiteur, familier du travail du Poitevin, retrouve son appétence pour le montage. À travers la technique du collage, il associe deux images pour suggérer un lien ou une autre narration. Dans une époque où le selfie et la mise en scène de soi sur les réseaux sociaux sont rois, la série dégage une énergie positive et drôlissime. Une série de visages d'hommes au large sourire, issus d'une publicité pour une compagnie d'assurances, voient se superposer sur leur bouche une autre image de foyer de cheminée. Ainsi naît la série "Feux intérieurs" au fort potentiel hilarant.

La cheminée, un écho aussi à la vie de château. Plus elles apparaissent grandioses, plus elles affirment un statut social. Chiron s'en amuse et en propose une version monumentale, avec une vraie cheminée incrustée dans l'œuvre. Il n'y en avait pas dans les combles du château qui accueillent l'exposition. 

À l'image de "La grotte", les portraits de Guillaume Chiron invitent à un voyage mental et parfois à l'exploration d'une dimension psychologique. L'ensemble, cohérent, est souvent drôle. La surprise, à chaque fois, un ravissement.

"Un air de famille" de Guillaume Chiron, en collaboration avec Anthony Bonnin. Au château de Oiron, dans les Deux-Sèvres, du 19 octobre au 31 décembre 2024.

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