C'est un procès hors normes, aux confins de l'inhumanité, comme l'a résumé un des avocats, qui s'ouvre ce lundi 26 octobre 2020 pour trois semaines devant les assises des Deux-Sèvres. Les accusés comparaissent pour les meurtres commis dans des conditions atroces sur 4 personnes en 2016.
Les jurés et les seize parties civiles de ce procès qui se tient jusqu'au 13 novembre devant la cour d'assises des Deux-Sèvres vont être confrontés au détail des calvaires endurés par les quatre hommes, torturés et tués dans des conditions atroces durant le printemps et l'été 2016 à Niort. Les cadavres mutilés avaient tous été découverts dans le quartier de la colline Saint-André.
Quatre corps mutilés ou démembrés retrouvés en quelques semaines
La découverte des faits remontent au 21 mai 2016 quand l'un des accusés, Gilbert Riso, aujourd'hui âgé de 60 ans, s'est présenté au commissariat dans la nuit en déclarant avoir été témoin d'un meurtre commis à Niort.Après ces déclarations, les policiers de Niort se rendent dans un appartement de la rue Jean Migault où ils découvrent dans la baignoire un corps sans vie, dénudé et portant des entailles sur le corps, celui de Vincent Papet, un SDF âgé de 45 ans et tué entre le 17 et le 18 mai 2016. L'autopsie va comptabiliser 70 plaies dont 18 au crâne.
Gilbert Riso indique alors aux enquêteurs l'endroit où les auteurs des faits avaient prévu d'enterrer le corps, dans un terrain de la rue de la Poterne à Niort.
Le locataire de cet appartement de la rue de la Poterne est identifié et le corps de cet homme de 49 ans, Pascal Hardy, est découvert par les policiers complètement démembré. Les enquêteurs découvrent des fragments de corps humain (cuisse, jambe, bras, tronc et tête dissimulé sous une couche de terre). Le récit des détails des violences subi par la victime est insoutenable, son corps démenbré portait les traces de coups, de plaies à l'arme blanche, de viols commis par des bouteilles en verre et de mutilations.
Un autre corps, lui aussi démembré et enterré, va être découvert dans ce même appartement de la rue de la Poterne, il s'agit de celui de Malik Yazizaine. Un jeune homme de 19 ans, tué comme Pascal Hardy entre le 24 avril et le 22 mai 2016 et qui a subi les pires outrages pendant quinze jours. Son corps a révélé de nombreux traumatismes dus à des coups et blessures portés avant et post mortem. Les doigts de ses deux mains et le pénis avaient été sectionnés.
La plongée dans l'horreur des enquêteurs niortais va connaître une étape supplémentaire à la mi-juillet avec la découverte dans la cave d'un immeuble frappé d'un arrêt de péril et dont l'accès était interdit, du corps à l'état de squelette de Damien Porcher, un homme placé sous curatelle de 37 ans.
Six personnes comparaissent aujourd'hui devant les asises de Niort pour répondre des accusations de meurtre et d'actes de torture et de barbarie. Un septième accusé s'est suicidé en octobre 2019 à Niort après avoir été remis en liberté sous contrôle judiciaire.
Dans le box des accusés, on retrouve des hommes, tous SDF à l'époque des faits, qui ont sombré dans l'horreur et la barbarie pour des motifs parfois difficiles à cerner.
Six accusés comparaissent pour meurtre, torture et barbarie
Au premier rang figure Thierry Nicollas, né le 9 juillet 1982 à La Rochelle et qui apparaît comme le "maître à tous, le "big boss", le "chef de bande" selon les propos de l'un des co-accusé. Il comparaît pour meurtre, acte de torture et de barbarie contre Vincent Papet. Différents témoignages de ces co-accusés le désignent comme l'instigateur des violences. En dehors des nombreux coups, ils indiquent qu'il aurait sodomisé la victime, lui aurait découpé l'oreille pour la donner à manger à ses chiens. Il est aussi poursuivi pour le meurtre de Damien Porcher, pour le meurtre et actes de torture et de barbarie contre Pascal Hardy, et pour le meurtre, acte de torture et de barbarie et viol à l'encontre de Malik Yazizaine. Il est décrit comme meneur et dominant ayant agi dans une démarche de prédation et avec une absence complète d’empathie, pouvant même faire preuve d'un sadisme considérable. Loïc Carabelos, né le 31 juillet 1986 à Niort et placé sous curatelle renforcée, est décrit comme un homme dont l'âge mental approximatif serait celui d'un enfant de 6 ans et demi, soit en dessous de l'âge symbolique de raison de 7 ans. Il est accusé de meurtre, acte de torture et de barbarie contre Vincent Papet et pour meurtre, acte de torture et de barbarie et viol contre Malik Yazizaine.
Gilbert Riso, dit "Bébert", le SDF né le 11 août 1960 à Béziers, est celui qui a permis de remonter le fil des évènements en se rendant dans un commissariat pour les dénoncer. Suicidaire et alcoolique, il fait l'objet de 18 condamnations à son casier judiciaire, notamment pour viols. Il aurait subi des violences dans son enfance lors de ses séjours en pensionnat et aurait été abusé par son propre frère. Il est poursuivi pour meurtre, acte de torture et de barbarie contre Vincent Papet.
Pascal Guérin, dit "Paco", est né le 12 avril 1968. Sans Domicile Fixe et sans profession, il est poursuivi pour violences commises en réunion contre Malik Yazizaine et non dénonciation de crime dans le meurtre de Vincent Papet.
Loan Malecot, né le 7 juillet 1996 dans une favela au Brésil, a déjà un casier judiciaire pour vol et violences avec arme. Il est poursuivi pour le meurtre de Damien Porcher et pour meurtre, acte de torture et de barbarie contre Pascal Hardy, Malik Yazizaine et Vincent Papet.
Christophe Mercadal, né le 26 mars 1979 à Niort, était SDF et sans profession depuis 2009. Il était placé sous curatelle renforcée et faisait l'objet de trois mentions au casier judiciaire pour conduite en état d’ivresse, rébellion, outrage, violences sur son fils. Il est poursuivi pour le meurtre de Damien Porcher.
Une aide psychologique proposée aux parties civiles
Seuls cinq accusés étaient présents aujourd'hui devant le tribunal. Pascal Guérin, absent, sera jugé ultérieurement pour des violences en réunion et non dénonciation de crime.Le procès s'annonce très éprouvant. Il a débuté ce matin avec la constitution des listes de jurés. Cet après-midi, l'audience a repris avec le débat sur la demande de huis-clos émanant d'une des parties civiles.
Le débat commence concernant la demande de huis-clos totale faite par une des seize parties civiles présentes, ce qui est fermement déploré par les autres PC, qui considèrent que ce huis-clos « ferait la part belle » aux accusés.1/2
— Antoine Morel (@F3AntoineMorel) October 26, 2020
La demande a été rejetée par la cour. Les débats peuvent se poursuivre publiquement.Maître Bethune de Moro (avocat de l’accusé qui a dénoncé les crimes à des policiers), rappelle la règle de la publicité des débats. Il demande à minima un huis-clos partiel pour ne pas empêcher les autres parties civiles d’avoir droit à un procès public.
— Antoine Morel (@F3AntoineMorel) October 26, 2020
Après la lecture des faits reprochés ce lundi, la cour s’intéressera dès demain matin à la personnalité des cinq accusés présents.Vu la demande de huis-clos présentée, vu les poursuites nota. des chefs de viol (...), vu que seule la victime peut demander un huis-clos, il n’y a pas lieu d’ordonner le huis-clos. La cour constate l’irrecevabilité de la demande. Les débats peuvent se poursuivre.
— Antoine Morel (@F3AntoineMorel) October 26, 2020
Devant l'horreur et l'accumulation des faits de cruauté, une aide psychologique a été proposée par le procureur de la République aux parties civiles pour surmonter cette épreuve. Elle est assurée par une association d'aide aux victimes, France Victime 79. Les accusés encourent la réclusion criminelle à perpétuité
Antoine Morel et Anna Pettini ont assisté à la première journée d'audience :