Séisme en Poitou-Charentes. Contrairement aux rumeurs, il n'y aurait pas de lien entre les megabassines et le tremblement de terre

Sur les réseaux sociaux, une rumeur établit un lien de cause à effet entre le creusement des bassines et le séisme du vendredi 16 juin 2023. Un raisonnement erroné selon les scientifiques.

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Sur les réseaux sociaux, une rumeur commence à émerger : le tremblement de terre du vendredi 16 juin 2023 en Charente-Maritime aurait été déclenché par le creusement de plusieurs bassines.

De son côté, le député européen (EELV) Benoît Biteau évoque que la surexploitation des nappes souterraines pourraient avoir un lien concernant la fragilisation des sous-sols.

Ce tweet renvoie à un article du Monde, publié en octobre 2012. Il cite une étude qui estime que la destruction de la nappe phréatique aux environs de Lorca a contribué au séisme de 2011 dans la zone.

Pour Julien Le Guet, porte-parole du mouvement Bassines non merci, "si la Terre a tremblé à la Laigne, ce n’est peut-être pas un hasard. (...) Je ne suis pas géologue, ou sismologue, mais Mauzé-sur-le-Mignon et La Laigne sont les communes où il y a le plus de bassines à l’hectare."

À petite cause, grandes conséquences.

Guy Sénéchal

Enseignant-chercheur à l'université de Pau

Pour Guy Sénéchal, enseignant-chercheur à l'université de Pau, les bassines n'ont pas un volume suffisamment important pour avoir causé le déclenchement du tremblement de terre. Il met en garde contre les associations faites entre les bassines et le séisme. "La question à se poser est celle de la variation de contrainte, c'est-à-dire de pression, provoquée par la mise en eau des bassines", explique-t-il. "Les bassines sont de trop petite taille. Il faudrait des volumes d'eau beaucoup beaucoup plus importants, par exemple des mises en eau de lacs de barrage, ce qui reste très exceptionnel en France."

Une région à risque sismique modéré mais réel

Le BRGM (Bureau de Recherches Géologiques et Minières) pointe quant à lui l'importance de la nature des roches, des calcaires marneux et argileux. Le BRGM précise dans une première analyse que "ce niveau superficiel d’argiles a pu induire un effet de site, amplificateur du mouvement sismique. Ce point sera à vérifier et à quantifier par des mesures in situ."

Ne pas confondre causalité et corrélation

La zone est en effet une zone sismogène qui est l'héritage de plusieurs événements géologiques. D'abord, la création du massif armoricain, il y a entre 290 et 240 millions d'années. Ensuite, l'ouverture du golfe de Gascogne, il y a entre 150 et 84 millions d'années. Enfin, la convergence des plaques ibériques et eurasiennes, qui a créé les Pyrénées et les Alpes depuis 90 millions d'années. 

Ce séisme est d'origine tectonique.

Guy Sénéchal

Enseignant-chercheur à l'Université de Pau

La sismicité, même si modérée, est donc liée à la réactivation de ce système de structures tectoniques. "Ce séisme est d'origine tectonique, avec un épicentre qui se situe entre trois et quatre kilomètres de profondeur", résume Guy Sénéchal. "La croûte terrestre est constamment soumise à des contraintes, à des pressions. Ici, le séisme est dû à un glissement de quelques centimètres sur une petite faille, même si en surface, les conséquences sont immenses."

Mais "les séismes sont rares en France donc le grand public a l'impression que les séismes n'existent pas. Il faut de grands événements comme celui de vendredi dernier pour que le sujet se rappelle au plus grand monde", poursuit Guy Sénéchal.

Des études ont été entamées au niveau local il y a déjà plusieurs années. Néanmoins, "des investigations avec acquisitions de données plus ciblées (structurale, géophysique, géomorphologique, etc.) sont nécessaires à l’échelle locale pour comprendre le contexte du séisme de La Laigne", indique le BRGM.

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