Trois jeunes étaient jugés, mardi 19 décembre, au tribunal de Bergerac. Ils étaient poursuivis pour vols lors de l'exploration d'un château inoccupé, à Razac-de-Saussignac en Dordogne. Le procureur a requis deux ans de prison contre celui considéré comme le décideur. La décision sera rendue le 16 janvier 2024.
Un dossier "aux airs de polar, à la Agatha Christie". C'est en ces mots que le procureur a décrit l'affaire devant le tribunal de Bergerac, où comparaissaient mardi 19 décembre trois jeunes hommes, entre 21 et 25 ans, accusés de vols dans un château de Razac-de-Saussignac, en Dordgone.
Les prévenus risquaient jusqu'à sept ans d'emprisonnement. Face au double préjudice, moral et matériel, pour la victime, le procureur a requis deux ans de prison pour la tête pensante du groupe : un an avec sursis probatoire, et un an avec aménagement sous surveillance électronique. Un an de prison avec sursis a été requis pour les deux autres prévenus. Le tribunal a ensuite décidé de mettre la décision en délibéré, elle sera connue le 16 janvier prochain.
Urbex et tableaux de maître
Tout commence en février dernier, lorsque trois amis, deux hommes et une femme, décident de faire de l'urbex dans un château qu'ils pensent abandonné, à Razac-de-Saussignac. Cette pratique, illégale, consiste à explorer des lieux abandonnés ou inaccessibles au public. En pénétrant dans le château, le groupe fait une découverte inattendue : la bâtisse contient près de 400 tableaux, tous du même peintre, le Français Jac Martin-Ferrières.
Les trois jeunes quittent les lieux, et décident d'y revenir une deuxième fois. Cette fois-ci, pour emporter les tableaux, mais aussi des enceintes, de la vaisselle et les coordonnées bancaires de la propriétaire. Celle-ci, une experte en art, ne vit pas en Dordogne et utilise le château comme résidence secondaire. Elle ne s'aperçoit pas tout de suite du vol qui vient d'être commis.
126 000 euros dépensés
En mai, la personne à qui elle a confié la surveillance de la bâtisse se rend compte de la disparition des tableaux, et prévient les gendarmes. La compagnie de Bergerac retrouve rapidement les auteurs des faits, grâce à l'utilisation de la carte bleue de la victime. L'un des jeunes, considérés comme la tête pensante du groupe par les autorités, s'en est en effet servi pour dépenser 126 000 euros en objets multimédias et de luxe.
Les trois amis sont arrêtés le 24 juillet 2023 et placés sous contrôle judiciaire. Deux des trois accusés étaient présents mardi au procès, visages fermés, honteux. L'un d'eux s'est exprimé à la barre.
Je pense que c'est la plus grosse erreur de ma vie. Je culpabilise tous les jours.
L'un des prévenus
La défense a choisi d'insister sur le profil des accusés, "pas du tout celui de malfrats, de délinquants d'habitude" selon Maître Vincent Maris, l'avocat d'un des accusés. "Ce sont trois jeunes gens qui ont cédé à la mode de l'urbex, et, l'un entraînant l'autre, peut-être avec l'excitation, le goût de l'interdit, ils ont commis les faits. L'occasion faisant le larron, en quelque sorte."
Les trois accusés ayant reconnu les faits quasi immédiatement, l'avocat espérait à l'ouverture du procès que le tribunal soit "clément, et mette cela sur le compte d'une erreur de jeunesse".
La victime, absente lors de l'audience, s'est dite "choquée" des faits, par l'intermédiaire de son avocate. Les tableaux ont tous été retrouvés intacts dans un garde-meuble, et sont stockés en sécurité en attendant de pouvoir lui être restitués.