La Dordogne dans la seconde guerre mondiale vient de paraître aux éditions Fanlac. Cet ouvrage collectif propose de retracer l'histoire du Périgord durant la seconde guerre mondiale sous tous les angles possibles, de la résistance, la collaboration à la vie économique et culturelle.
C’est un livre à mettre entre toutes les mains. Fruit d’un travail collectif étalé sur trois ans, La Dordogne dans la seconde guerre mondiale, est une synthèse éclairante sur l’histoire du Périgord entre 1939 et 1945, qui a pris le parti de la pédagogie plutôt que du sensationnel.
Pourtant, les drames n’ont pas manqué. Département le plus résistant de France proportionnellement à sa population, la Dordogne a particulièrement souffert sous les bottes des nazis. 1200 otages y ont été fusillés, 1800 personnes ont été déportées et un millier de résistants sont morts au combat.
Il n’y a qu’à observer aujourd’hui les bords des routes et le nombre de stèles à la mémoire de ces victimes pour comprendre que la guerre a marqué ce territoire.
Mais plutôt qu’une chronique des différents mouvements de résistance qui ont opéré en Périgord, les historiens Anne-Marie Cocula et Bernard Lachaise, de l’université de Bordeaux Montaigne, ont voulu bâtir une vision globale et relier tout un faisceau de faits en travaillant avec neuf autres historiens (*), chacun spécialiste d’un domaine particulier.
En histoire, il est toujours important de savoir d’où l’on part, situer le contexte.
C’est ainsi que le livre débute en dressant le portrait du Périgord des années 30. Une terre radicale-socialiste, qui donnera à la France deux ministres des affaires étrangères, Yvon Delbos et Georges Bonnet, témoins privilégiés de la montée des tensions internationales.
Ces deux figures étaient pacifistes, peu pressés de répondre aux provocations d’Hitler à l’image de la société périgourdine d’avant-guerre. A Périgueux, comme à Paris, on ne voulait pas mourir pour Dantzig.
Plus loin, au fil du déroulé de la chronologie, tout en faisant le récit de la résistance, de la collaboration et de l’antisémitisme, l’équipe d’historiens aborde des sujets moins connus comme la réaction des Périgourdins face à l’arrivée de Pétain, les réquisitions auprès des agriculteurs et l’épuration économique au sortir du conflit.
Reproduit dans le livre, le document ci-dessous nous rappelle la difficile situation dans laquelle se sont retrouvés les agriculteurs soumis aux demandes du gouvernement de Vichy pour assurer le ravitaillement de la population civile.
S’il est conseillé d’être curieux du passé pour ouvrir ce livre, il n’est pas besoin d’être un historien émérite pour s’y plonger. Bien au contraire, l’éditeur, comme les auteurs, se sont efforcés de présenter un ouvrage facile à lire, riche de cartes, d’illustrations et de dates clés à chaque début de chapitre. Un peu comme un manuel. Libre à chacun d’y picorer au grès de sa curiosité.
Prévu initialement fin mars, le livre est disponible depuis une semaine dans les librairies (29 euros, 350 pages). Il est publié par les Editions Fanlac, une maison plus qu’honorable, créée au cœur de la guerre en 1943.
(*) avec la participation de Michel Chaumet, Sébastien Durand, Odile Girardin-Thibeaud, Corinne Marache, Pascal Plas, Jacques Puyaubert, Bernard Reviriego, Patrice Rolli et Jacky Tronel.