Meurtre à Bergerac : quatre hommes devant les assises de la Dordogne pour une rixe qui a mal tourné

C’est une affaire de tapage nocturne qui a mal tourné et couté la vie de Mohammed Alilou, 34 ans.

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Toute la semaine, les assises de la Dordogne vont se pencher sur la mort de Mohammed Alilou poignardé en bas de chez lui. Quatre personnes sont jugées et impliquées à des degrés divers.

Les faits remontent au dimanche 8 juillet 2018. Au petit matin ce jour-là, une bande de jeunes traverse le centre-ville de Bergerac en sortant d’une soirée. Ils font du bruit.
Arrivés rue des fontaines dans le quartier historique, un riverain, Mohammed Alilou, décide de descendre de chez lui pour leur demander un peu de calme.
C’est à ce moment que la situation aurait dégénéré. Une bagarre éclate entre Mohammed Alilou et les jeunes. La victime reçoit plusieurs coups de couteau.
Son frère jumeau tente alors de lui venir en aide. Mais à l’arrivée des secours, les jeunes prennent la fuite et il est trop tard pour sauver la victime. Mohammed Alilou, 34 ans, meurt sur place, en bas de chez lui.

Plusieurs vidéos de la bagarre, réalisées par des voisins, ont permis aux enquêteurs de mettre rapidement la main sur quatre jeunes. Un seul sera placé en détention provisoire. Aujourd’hui, les trois autres comparaissent donc libres. Ils sont jugés pour violence en réunion avec arme. Le quatrième protagoniste, Hamza Elomari, avait reconnu en garde à vue avoir donné un coup de couteau à Mohammed Alilou.
Il avait alors avancé la légitime défense devant les enquêteurs.

►Ecoutez le témoignage du frère de la victime au lendemain du drame

Aujourd’hui, celui-ci est donc jugé pour meurtre. Il risque une peine de trente ans de prison. Le procès, qui se tient aux assises de la Dordogne à Perigueux, durera toute la semaine. Le verdict devrait être rendu vendredi.

"Si la personne était restée chez elle, il n’y aurait jamais eu ce drame" (Christian Blazy, avocat d’ H. Elomari)

"Au départ, le déchainement de violence il commence par une incompréhension", explique Christian Blazy avocat d'Hemza Elomari.
"Des insultes qui vont fuser entre une personne qui est dans un immeuble et un groupe de jeunes gens qui est dans la rue. Cette personne va descendre pour en découdre. Et c’est à ce moment-là qu’il y a des poursuites,  des volontés des deux côtés de se battre à ce moment-là. Il y a une arme mais on ne sait pas qui la prend et dans quelles conditions. Et il y a une victime qui est elle-même armée. Donc, à partir de là il y a des réflexes. Mon client a été blessé. La personne a reçu un coup de couteau et est décédée. Mais il y a un déchainement de violence des deux côtés (…)".

"La victime était armée d’un bâton, d’une barre en fer. On ne sait plus trop finalement quelle arme elle avait mais elle est descendue avec un objet dans les mains et a poursuivi certaines personnes donc pour exercer à ce moment-là des violences sur elles (…). Ils ne se connaissaient pas, il n’y avait pas de comptes à régler. C’est l’histoire d’un jeune homme qui n’a jamais eu de problème, qui vient d’une famille qui n’a jamais eu de problème, qui a eu une enfance très difficile. Et qui se retrouve dans une soirée à boire, à avoir une altercation verbale avec quelqu’un qui va descendre pour en découdre. Si la personne était restée chez elle, il n’y aurait jamais eu ce drame (…). Mon client a émis des regrets sincères et profonds, constatés par tous les experts. Bien sûr qu’il a conscience de la gravité des faits qui lui sont reprochés. Naturellement, il sait que quelqu’un a perdu la vie, les remords sont là".  

"Il ne faut pas inerser les rôles" (P.E. Barois, avocat de la famille de la victime)

"Mr Alillou est décrit par ses frères et sœurs et par l’ensemble des témoins du dossier comme quelqu’un de jovial, comme quelqu’un de généreux, comme quelqu’un qui n’était pas bagarreur et qui était de contact facile", explique Pierre-Emmanuel Barois.
On peut le voir dans le cadre de l’instruction, il avait hébergé certes des personnes qui étaient en situation irrégulière, mais sa générosité faisait qu’il ouvrait sa porte. Et ce n’était pas quelqu’un de mauvais, absolument pas (…). La défense fait son travail mais il ne faut pas inverser les rôles. La réalité de la situation c’est que pris à parti, invectivé, insulté, ayant reçu en sa direction des pierres et invectivé de telle sorte qu’on lui dit « descends ». Certains diront « viens de vais te planter », d’autres « viens je vais nicker ta mère ». Et il est descendu effectivement pour mettre un terme à ces invectives et à ce comportement. Simplement ils étaient sept. Six ou sept, selon les témoins, face à lui.

Donc c’est trop facile de venir dire aujourd’hui que c’est lui qui serait à l’origine de la rixe, et que c’est lui qui serait à l’origine de son mal.

Pierre-Emmanuel Barois

"Il faut se souvenir également que le point de départ de cette affaire, c’est l’arrivée de ce groupe de jeunes qui ont à répondre de leurs faits devant la cour d’assises", poursuit l'avocat. "C’est leur arrivée au sein de l’immeuble, alcoolisés, qui font intrusion dans le domicile de deux jeunes filles qui se trouve à l’étage du dessous de Mr Alilou. Entendant du bruit et du tapage, Mr Alilou, parce qu’il a été mandaté pour cela par le propriétaire des lieux, il descend et il essaie de mettre un terme à ce tapage et à ces difficultés qui sont de la responsabilité de ceux qui auront à répondre des faits de meurtre et de violences aujourd’hui. Donc on ne peut pas lui reprocher d’avoir tenté d’avoir apaiser une situation conflictuelle dont il n’était strictement pas à l’origine".

Sont-ils rentrés par effraction ? "Pas forcément par effraction", répond Pierre-Emmanuel Barois.  
"Mais ils se sont invités comme on peut le faire quand on ne prend pas en considération les personnes qu’on a en face de soi. Et c’est le problème de ce dossier : c’est qu’on a envie d’aller voir des filles à 6h du matin un dimanche, on rentre, on pousse la porte, on rentre, malheureusement la place était déjà prise. Et c’est peut-être ce qui a été a l’origine de la frustration des auteurs des faits qui nous intéressent aujourd’hui. Frustrés de ne pas pouvoir mener à bien leur projection ils se sont donc rués et ont passés leurs nerfs et leur frustration sur Mr Alillou. Les accusés ont-ils pris contact avec la famille pour s’excuser ? Absolument pas (…). Il y a un courrier qui est à destination de la famille, je l’utiliserai très certainement dans le cadre des débats. La reconstitution a été particulièrement difficile pour la famille Alillou puisqu’ils ont été pris à partie par certains proches des mis en cause qui les ont insultés, qui les ont invectivés (…) 
Pourquoi la famille de la victime est-elle absente en ce premier jour de procès ? "Ils seront présents quand ce sera leur heure", annonce leur conseil. "Ils seront présents lorsqu’ils auront à déposer à la barre. Aujourd’hui, sachant que nous traitons de la personnalité des accusés, cela ne les intéresse que très accessoirement. Je peux le comprendre et je les ai invités à venir que lorsqu’ils pourraient se nourrir des débats. Aujourd’hui, ce n’est pas le cas".
Le verdict sera rendu vendredi.

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