Un comité d'entreprise extraordinaire s'est tenu aujourd'hui sur le site de la papeterie Condat au Lardin-Saint-Lazare en Dordogne. L'avenir du site serait suspendu au changement de la chaudière à gaz de l'entreprise.
Une épaisse fumée blanche s'échappe des cheminées. La papeterie de Condat semble plongée dans un épais brouillard.
Une grande incertitude règne autour de l'avenir du site et des 530 emplois directs.
Un comité d'entreprise extraordinaire s'est tenu aujourd'hui.
À l'ordre du jour : le changement de la chaudière à gaz et surtout une demande urgente de subvention.
En présence du Président du Département (PS), Germinal Peiro, et de la députée LREM) de la circonscription de Terrasson Jacqueline Dubois, la direction du site a rappelé la nécessite de procéder à une mutation technologique.
La chaudière à gaz produit la vapeur d'eau indispensable à la production du papier couché. 430 000 tonnes par an.
Un papier haut de gamme destiné à la fabrication d'affiches, de beaux livres ou de magazines.
Mais ce marché s'effrite avec des pertes de commandes 2 à 3 % par an. les coûts de production s'envolent. En cause notamment, la consommation excessive de gaz de la chaudière.
L'énergie entrerait à hauteur de 30 % dans le coût de production du papier.
Une consommation de gaz équivalente chaque jour aux besoins d'une agglomération de 100 000 habitants comme Périgueux.
Le groupe espagnol Lecta, propriétaire de l'usine périgordine, a déjà dû recapitaliser le site de Condat à deux reprises,
10 millions d'Euros en 2015. Autant en 2016.
Pour améliorer la compétitivité du site, la direction souhaite abandonner la chaudière à gaz contre une chaudière à biomasse moins gourmande en énergie et moins polluante.
Cette mutation écologique permettrait à l'entreprise de répondre aux exigences de la loi sur la croissance verte de 2015.
L'usine serait alors autorisée à utiliser une partie de la vapeur d'eau pour produire et revendre de l'électricité.
Un investissement estimé à près de 80 millions d'euros.
Pour faire face à ce défi technologique et financier, le groupe Lecta demande au gouvernement français de mettre la main à la poche.
Il espère une subvention de plusieurs millions d'euros.
Cette demande sera appuyée par les élus locaux.
Le président socialiste du département a, dores et déjà, envoyé un courrier en ce sens, au Premier Ministre Edouard Philippe.
Un éventuel refus de l'État ferait peser de lourdes menaces sur l'emploi.
La papeterie de Condat est le premier employeur privé de Dordogne. Et la direction attend l'aide de l'Etat pour lancer un plan de modernisation indispensable pour assurer la pérennité du site..
Faute de subvention pour changer la chaudière, le groupe espagnol envisagerait de fermer une ligne de production.
250 emplois seraient alors directement menacés..
Sollicité une première fois, l'Etat a déjà refusé en juillet dernier, d'accorder cette subvention au motif qu'il y avait trop de demandes.
Un scénario catastrophe auquel syndicats et élus locaux refusent de se résoudre.
Une réunion est prévue la semaine prochaine à Paris. Germinal Peiro et la députée Jacqueline Dubois doivent rencontrer le Ministre de l'Industrie et celui de la Transition Écologique.
Cette fois, ils ont bon espoir de rentrer en Dordogne avec un accord signé.
Voir le reportage de Philippe Niccolaï et Mélissa Genevois