Pas de naissance à la maternité de Sarlat en décembre : "le personnel est épuisé"

La maternité de Sarlat en Dordogne n’est pas épargnée par la pénurie nationale de sages-femmes. Faute de personnel, l’établissement est contraint de réorganiser ses services. Plus aucune naissance, sauf urgence, ne sera assurée jusqu’à la fin de l’année.

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La sentence est tombée : la maternité de Sarlat n’est plus en mesure d’assurer les naissances. Sur sept sages-femmes, quatre sont actuellement en arrêt-maladie, des “burn-out”, selon le communiqué du comité de défense de l'hôpital public et de la maternité de Sarlat.

► Reportage de V. Fize et P. Tinon

1,6 millions de femmes sans sage-femme

“Ces arrêts sont liés à l’épuisement du personnel. N’oublions pas que les sages-femmes sont en lutte, car elles ne sont toujours pas reconnues, leurs salaires ne sont pas revalorisés”, rappelle Annick Le Goff, membre du Collectif de défense de l'hôpital de Sarlat, qui regrettent de “hurler sans être entendue”.

Pourtant, ici aussi, la direction tente de recruter de nouvelles sages-femmes. “Nous mettons tout en œuvre pour trouver des sages-femmes intérimaires ou libérales qui accepteraient de prendre des gardes”, promet Corinne Mothes, directrice des hôpitaux de Sarlat et de Périgueux.

Un manque d’effectifs qui touche toutes les maternités de France. Aujourd’hui, 1,6 millions de femmes sont en manque de sages-femmes sur leur territoire. Une situation qui n’était pourtant pas le cas à Sarlat. “Il y a ici un personnel qui a un boulot inimaginable, qui sont dévoués. On a même connu une augmentation des naissances. Ce bijou, il faut le préserver”, souligne Annick Le Goff.

Accoucher ailleurs

La direction de l’hôpital veut cependant rassurer les futures mamans. En analysant le contexte national, la maternité a anticipé la situation pour assurer la sécurité des futures mamans et de leurs nouveau-nés.

“Nous sommes membre d’une fédération qui regroupe les trois maternités de Sarlat, Bergerac et Périgueux. On a travaillé ensemble sur des protocoles pour adapter l’activité et la prise en charge en fonction des effectifs”, explique Corinne Mothes.

Aujourd’hui, une trentaine de mamans aurait dû accoucher en décembre à Sarlat. Contactées par la maternité, elles ont dû choisir une autre maternité, parmi celles de Périgueux, Bergerac, Brive ou encore Cahors.

À Périgueux, sept lits supplémentaires ont été installés pour préparer l’arrivée des mamans. “Mais un équipage composé d’un obstétricien et d’une sage-femme seront quand même présents pour assurer les urgences et le suivi des patientes”, précise la directrice des hôpitaux de Sarlat et de Périgueux.

Casser la relation de confiance

Un duo renforcé par une équipe d’astreinte de sages-femmes pour continuer le fonctionnement, en continu de la maternité. 

La grossesse, c’est lié à une relation de confiance, notamment avec la sage-femme qui va procéder à l’accouchement.

Nicole Marty, présidente du Collectif de défense de l'hôpital de Sarlat

France 3 Aquitaine

Si les femmes qui ont déjà accouché termineront leur séjour à Sarlat, les futures mamans continueront aussi leur suivi de grossesse à la maternité, seul leur accouchement sera géré par un autre établissement. Facile sur le papier, moins dans la réalité selon Annick Le Goff.

“On sait que la grossesse, c’est lié à une relation de confiance, notamment avec la sage-femme qui va procéder à l’accouchement. Quand on casse le lien, pas si simple que ça”, note Nicole Marty, présidente du Collectif de défense de l'hôpital de Sarlat.

Eviter la fermeture

Si la situation semble sous contrôle, c’est la visibilité sur l’avenir qui inquiète. “Ça peut durer quelques heures, comme plusieurs semaines", explique Corinne Mothes. Mais elle se veut rassurante. "Nous avons des arrêts qui se terminent la semaine prochaine. Et si une agence d’intérim ou de sages-femmes se manifeste, on remettra rapidement en place le fonctionnement habituel."

Un équilibre fragile qui pourrait donc durer longtemps. Peut-être trop selon le collectif, qui mènerait à un changement irrémédiable. “Il ne faut absolument pas que ça devienne pérenne. On peut fermer une ou deux semaines, et finalement devenir un centre de périnatalité”, s’alarme Nicole Marty.

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