Une trentaine de comités de citoyens de défense d'hôpitaux de proximité et de maternités venus de toute la France sont réunis à Sarlat. ils vont évoquer la défense de l'accès aux soins dans les déserts médicaux et petites villes. A Sarlat, un de ces comités citoyens est en activité depuis neuf ans. Il a contribué à éviter la fermeture de la maternité en 2017, et celle des urgences l'été dernier.
"Tous les jeudis, qu’il pleuve qu’il vente qu’il fasse très froid, on vient, on distribue des tracts, on fait signer les pétitions, on répond aux questions des familles, des soignants et de la population en général".
Nicole peut témoigner de ces permanences devant le centre hospitalier Jean Leclaire de Sarlat-La-Canéda. les jeudis après-midis. Cette institutrice à la retraite a rejoint le comité de défense de l'hôpital public et de la maternité de Sarlat quelques mois après sa création. Son premier combat, c'était en septembre 2013 contre la fermeture de lits en chirurgie. Usagers et personnels ont manifesté côte à côte.
Quatre ans plus tard, en 2017. Nouvelle mobilisation. A nouveau, les soignants, les élus et les familles font lutte pour la défense de la maternité. Nicole en garde un souvenir ému.
1e mai 17, Monsieur de Perretti [NR le maire de Sarlat] a signé devant les caméras la pétition demandant que cette maternité ne devienne pas un centre de périnatalité.
Si le service de chirurgie s'est réduit comme peau de chagrin et se limite aujourd'hui à des hospitalisations en ambulatoire, la maternité, "leur petit bijou", se porte comme un charme et a enregistré, selon Nicole, en dix mois autant de naissances que l'an dernier.
Jean Sève est arrivé plus tard. Son souvenir le plus fort remonte à ces premières rencontres nationales des comités de défense à Concarneau, en Bretagne.
J’ai découvert l’ampleur des combats de ces comités dans toute la France. J’ai pris conscience de la dimension de la chose et de l’intérêt aussi.
Car les combats s'enchaînent. Après la chirurgie, et la maternité, ce sont les urgences qu'il faut défendre à Sarlat. Cet été, en pleine saison touristique, elles menacent de fermer. La pandémie de Covid-19 et la nécessité pour les soignants de poser des congés prive l'hôpital des moyens nécessaires. Mais le comité citoyen a gagné en puissance et en reconnaissance. Il mobilise son réseau et parvient à rassembler 150 manifestants. Et le groupement hospitalier renonce à fermer le service.
Bernadette Bencheikh est fière de cette réussite :
"On a gagné sur bien des plans. On a gagné en visibilité. On sait qui nous sommes. On a gagné en crédibilité puisque quand nous distribuons, tous les jeudis, des tracts, on vient nous voir, on nous encourage, on signe nos pétitions et je crois qu’on reconnait que nous faisons un travail important et utile". Elle s'estime enrichie par la camaraderie qui s'est nouée.
Nous nous réunissons. Nous discutons. Nous n’avons pas toujours le même avis. Les échanges sont très importants. Avec la population aussi. Nous recevons des confidences. Il y a des gens qui arrivent avec beaucoup de détresse. Ils viennent dans la peine, dans la peur, dans le dénuement et ils nous apportent également beaucoup.
En neuf ans d'existence, le comité de défense de l'hôpital public et de la maternité de Sarlat a attiré à lui 140 sympathisants et adhérents. Tous sont convaincus que le citoyen peut faire bouger les lignes et qu'il a son mot à dire pour garantir l'accessibilité à des soins de proximité.
Pendant deux jours, il accueille une trentaine d'autres comités de citoyens à l'occasion des 33 èmes rencontres de la Coordination Nationale des Comités de Défense des Hôpitaux et Maternités de Proximité. Au coeur des débats, le désert médical.