11 mai, 7h du matin : ils ont de nouveau le droit de rejoindre les cours d’eau. Les pêcheurs ne se sont pas fait prier et nombre d’entre eux ont ressorti cannes et hameçons pour s’adonner à leur passion… tout en respectant les gestes-barrières élémentaires.
Près de deux mois qu'ils attendaient ça : c'est officiel, depuis ce lundi 11 mai à 7 heures du matin, les pêcheurs périgourdins sont de nouveau autorisés à rejoindre leurs plans d'eau favoris. "C'est un retour à la normale, selon la règlementation qui était en vigueur avant le début du confinement" se réjouit Jean-Christophe Bout, directeur de la Fédération de pêche de la Dordogne. En clair, la pêche à la ligne peut de nouveau s'exercer, à pied ou en embarcation, en respectant les mesures obligatoires de distanciation.
Une réouverture très attendue
Il faut dire que les quelques 19000 pêcheurs que compte le département rongeaient leur frein. Pour beaucoup, hors de question de ne pas profiter dès le premier jour de cette "réouverture". "Les clients sont venus en nombre dès ce matin pour acheter le matériel et les appâts" confirme Jean-François, responsable du rayon pêche d'un grand magasin spécialisé de Marsac-sur-l'Isle.Il faut dire que cette fermeture forcée ne pouvait pas plus mal tomber : le confinement avait en effet débuté deux jours après l'ouverture de la pêche à la truite, et celle du carnassier était prévue le 25 avril.Nous avions tout anticipé : les appâts vivants nous ont été livrés juste avant l'ouverture, et nous avions préparé le magasin en mettant en place un sens de circulation et une distribution de gel à l'entrée.
Pour nous, la perte est forcément importante. Ces dernières semaines auraient dû être bonnes car il y avait, en plus, les ponts de mai favorables aux sorties de pêches.
Au bord de l'eau, des pêcheurs prudents
Luc Dessaint fait partie de ceux qui retrouvent avec bonheur le bord de l'eau. Ce moniteur et guide de pêche à la mouche, adepte du "no-kill" (les poissons sont relâchés) se réjouit de pouvoir de nouveau s'aérer et reprendre contact avec son matériel :Si Luc est heureux de pouvoir de nouveau pratiquer son loisir favori, il est tout de même inquiet pour son activité professionnelle. Les sorties de pêche qu'il organise ont lieu, pour la plupart, entre mai et juin.Je suis sur un plan d'eau proche de Firbeix, et il y a 6 ou 7 pêcheurs sur les berges. Nous nous sommes tous installés à bonne distance les uns des autres : au moins 10 mètres. J'ai un masque avec moi mais comme nous ne nous approchons pas, pour l'instant je ne l'ai pas mis."
Comme beaucoup de ses collègues guides de pêche, il envisage de se rapprocher des offices de tourisme, pour essayer de toucher une clientèle plus locale.Cette période représente 80% de mon activité. J'ai généralement de nombreux clients étrangers. Tous mes rendez-vous sont annulés. Je considère que cette saison est morte.
Des poissons habitués au calme
Le confinement a-t-il changé quelque chose du côté de la faune piscicole ? "Les truites se sont habituées à ne plus voir personne, explique Luc Dessaint. Au mois de mai, elles sortent de leurs caches... Elles risquent de se faire prendre plus facilement". Avec les pluies récentes, les eaux sont hautes et la pêche plus difficile, ce qui devrait compenser. Quoi qu'il en soit, tout se rééquilibrera rapidement, selon le directeur de la Fédération de pêche :Quant aux poissons qui échapperont aux hameçons, ils ne seront pas dérangés par les baigneurs : l'accès aux plages des étangs reste interdit jusqu'à nouvel ordre.Si les poissons sont un peu moins méfiants au début, ça ne devrait pas durer. Il n'y aura pas de changement majeur.
La pêche en Dordogne en chiffres
- 4500 km de cours d'eau de 1ère et 2ème catégories
- 10 000 ha de plans d'eau dans lesquels pêcher
- 19 000 cartes de pêche vendues en moyenne chaque année
- 65 associations de pêche sont chapeautées par le Fédération départementale
- 800 000 alevins de truites fario ont été introduits en 2019 dans les cours d'eau du département par la fédération de pêche